J’ai représenté, avec mon camarade et ami Bernard Motto-Ros, la Gauche démocratique et sociale (GDS) à la convention de Grenoble du mouvement Génération.s. Je livre ci-dessous quelques-unes de mes impressions suite à ce week-end des 30 juin et 1er juillet.
La première convention nationale de Génération.s s’est tenue les 30 juin et 1er juillet à Grenoble. Un millier de militant.es s’y sont retrouvé.es. Une telle rencontre c’est toujours un moment fort pour des militants, qui ont pu échanger entre eux lors de plusieurs ateliers (revenu universel, inégalités et territoire, thèmes à mettre en avant aux municipales). Peu de débats politiques ont eu lieu en plénière si ce n’est l’adoption d’un manifeste.
Un discours écologique qui relativise le social ?
Le plus frappant pour tout observateur attentif, c’est tout au long de ce week-end la priorité absolue au discours écologique. Pas de bilan de la lutte des cheminots ou pas un mot sur la future contre-réforme des retraites, pour ne prendre que ces deux seuls exemples. La lutte réaffirmée contre le néo-libéralisme n’a que très peu de contenu social concret si l’on ne s’en tient qu’aux interventions entendues lors de cette réunion. Ne s’agirait-il plus pour les animateurs de Génération.s de combiner la question sociale et l’urgence écologique, mais bien de donner la primauté à l’écologie ? « L’écologie politique est la sève qui générera la gauche » a pu déclarer Hamon, mais aussi « si l’on vous demande comment résumer Génération.s, vous pouvez répondre trois jolis mots trop souvent malmenés : “Génération.s c’est l’Ecologie, l’Europe, l’Egalité” ». Est-ce qui explique que dans le manifeste adopté, il n’est jamais question de classes sociales, ni même des salariés ? Hadrien Bureau, chargé d’introduire le débat sur le manifeste, avait pourtant rappelé qu’on ne peut plus penser séparément la crise écologique de la crise sociale.
Dans un mouvement qui prône de privilégier la parole de la base, Benoît Hamon n’occupe officiellement aucune fonction dirigeante. Ce sont Guillaume Balas et Claire Monod qui ont été réélus coordinateurs nationaux par les 6 à 700 délégué.es présent.es. Mais c’est bien Benoît Hamon qui a conclu cette convention (avec une mise en scène digne d’une campagne présidentielle avec drapeau tricolore et drapeau européen). Dans le discours de clôture de la convention, Benoît Hamon a très justement fustigé Macron pour son refus que la France prenne sa place dans l’accueil des migrants. Mais il n’a pas, lui non plus, abordé les questions sociales dans une allocution qui a duré pourtant près d’une heure. Heureusement la représentante du parti polonais Razem (1) avait consacrée une très grande partie de son intervention à la question des droits des travailleurs en Europe, tout comme à l’égalité femmes-hommes.
Aymeric Caron invité-vedette : le sens d’une présence
Lors de cette convention, dans une joyeuse ambiance d’AG étudiante, un seul vrai débat a eu lieu avec deux options soumises contradictoirement au vote : l’une « pour l’écologie de la rupture, l’écologie de l’essence », l’autre pour « une écologie d’accompagnement ». Logiquement c’est la première option qui a été retenue au nom de l’urgence écologique…sans que personne n’ait été capable d’expliquer ce que signifiait cette écologie de l’essence aux quelques militants qui ont osé poser la question. La réponse a été, de fait, donnée le lendemain par la présence d’Aymeric Caron du « rassemblement des écologistes pour le vivant » (REV), pour qui « l’écologie essentielle ne se contente pas de militer pour les animaux : elle propose d’accorder une identité juridique à toutes les expressions du vivant avec lesquelles nous interagissons » (2). Aymeric Caron est intervenu en guest-star, juste avant le discours de conclusion de Benoît Hamon, lorsque toute la presse était arrivée. Pourquoi ? Benoît Hamon est-il devenus un militants anti-spéciste (3) ou est-il dans une cours à l’échalote avec EELV ?
Une liste de l’écologie politique ou de rassemblement de la gauche ?
Les militants n’auront pas eu l’occasion d’échanger sur la stratégie aux européennes de Génération.s. Dans sa conclusion, Benoît Hamon a déclaré : « nous sommes plus que jamais unitaires et nous disons à toutes les forces de gauche: “Le dialogue aujourd’hui est l’unité de demain et la victoire d’après-demain.” Une liste unie aux européennes placerait l’écologie politique en premier opposant à Macron ». L’objectif est-il, en France, une liste de l’écologie politique où une liste de rassemblement de la gauche et des écologistes ? Cette convention se tenait à la veille d’une réunion sur les européennes à l’invitation du PCF. Pascal Cherki y a représenté Génération.s, mais la convention n’a pas eu l’occasion de débattre de la position que Génération.s devait y défendre.
(1) Un des partis membres avec Génération.s du « Printemps européen ».
(2) REV : un nouveau parti écologiste au service du vivant
Par ailleurs, dans un de ses tweets, Benoît Hamon explique qu’Aymeric Caron est venu « défendre la révolution écologique que son mouvement REV défend « .