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Gilets jaunes, la question sociale au cœur de la colère

Écrit le 8 janvier 2019 par Éric Thouzeau

Macron a choisi la voie de l’affrontement avec les gilets jaunes. Il se refuse à toute modification de sa politique, entend maintenir le cap de ses réformes néo-libérales (assurance-chômage, retraites,…). Son grand débat national est donc mort-né.

Le mouvement des gilets jaunes est l’expression d’une lutte de classes qui s’est durcie. Depuis plus de trente ans, les classes dominantes ont mené une offensive tous azimuts contre le salariat et ses conquêtes. Malgré de nombreuses luttes de résistance, le mouvement ouvrier a subi des reculs tout en réussissant à préserver en France l’essentiel d’un modèle social qui est insupportable aux yeux des libéraux de tous poils. L’élection de Macron et la politique qu’il avait inspirée dès le mandat précédent visaient à adapter définitivement notre pays au néo-libéralisme. C’est ce qui explique la brutalité des mesures prises contre les salariés (loi Travail, code du travail, suppression des cotisations sociales,…) et des mesures fiscales immédiates prises en faveur des très riches.

Lutte des classes, la question des salaires

Mais la lutte des classes, ce n’est pas que la lutte des dominants contre les dominés. Aujourd’hui, ce sont les exploités qui sont à l’offensive. La majorité des gilets jaunes sont des salarié.e.s, celles et ceux qui font tourner l’économie sans recevoir en retour la part des richesses qu’ils méritent. 50% des salariés perçoivent moins de 1700 euros nets de salaire (salaire médian). La question sociale, c’est d’abord la question des salaires. Quant aux salariés à la retraite, leurs pensions ont été gelées alors que la pension moyenne est inférieure à 1300 euros nets. Voila les vraies raisons du mouvement social actuel, un des plus puissants depuis Mai 68 et novembre-décembre 1995. Il n’est pas prêt de s’arrêter !

Convergences pour la justice sociale

Le gouvernement pense que la répression brutale des manifestations et les violences que cela suscite en retour vont suffire à amoindrir le soutien populaire aux gilets jaunes. Il espère bien que le besoin d’ordre sera plus fort que l’aspiration à la justice sociale. Rien n’est joué. Il faut plus que jamais travailler aux convergences. Les militants syndicaux et tous les militants de gauche ont une responsabilité : celle de renforcer leur présence aux côtés des gilets jaunes sur les ronds-points, dans les manifestations. Contre Macron mais aussi contre le Medef qui se tait de peur de voir l’exigence d’augmentation des salaires monter dans le pays… et se traduire par des grèves dans les entreprises qui, elles, bloqueraient efficacement le pays et imposeraient des reculs patronaux.

Crise sociale et crise démocratique

La crise actuelle est aussi le signe d’une crise démocratique. Tout le monde sent bien que ce sont les intérêts d’une petite minorité qui expliquent la politique gouvernementale au détriment de la majorité sociale. Les institutions de la  5ème République confortent ce pouvoir absolu dont Macron se veut le champion. Redonner la parole aux citoyens devient incontournable en cette année 2019. Cela commence dans les localités par des réunions pour établir des cahiers de doléance (en écho à ceux qui ont préparé les états-généraux qui ont permis la Révolution française), tout en n’accordant aucune confiance au « grand débat national » fait pour enterrer le mouvement. Au plan national, il faut redonner corps à l’exigence d’une 6ème République sociale et démocratique, appuyée sur de nouvelles formes de recours à l’initiative citoyenne.

Référendum, dissolution de l’assemblée ? La droite et l’extrême-droite s’y préparent pensant pouvoir profiter de l’affaiblissement accéléré du macronisme. Les forces de gauche seraient irresponsables si elles ne s’y préparaient pas aussi. Cela nécessite un sursaut à gauche pour en finir avec une dispersion mortifère !


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