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Se rassembler dans les luttes et les élections

Écrit le 22 janvier 2019 par Éric Thouzeau

La révolte initiée par les gilets jaunes est loin d’être finie. De samedi en samedi, la détermination est intacte. Nul ne se fait beaucoup d’illusions sur les conclusions que le gouvernement tirera du « grand débat national ». Pourtant nombreux sont celles et ceux qui veulent débattre : les échanges ont commencé sur les ronds-points, se poursuivent à l’occasion des manifs  et aussi dans de multiples réunions dans les localités. Bien loin des shows de Macron devant les maires, qui relèvent beaucoup plus d’une campagne électorale de Macron… aux frais de l’Etat !

Un néo-libéralisme destructeur

Loin d’infléchir sa politique pro-riches et pro-business, Macron entend l’approfondir. C’est tout son discours sur l’accélération de la baisse des impôts. Que les riches deviennent plus riches car moins imposés, que les entreprises paient moins d’impôts : c’est le crédo du capitalisme financiarisé depuis Reagan et Thatcher. Conséquences : chômage élevé, croissance en berne, inégalités sociales croissantes, développement de la précarité, dégâts environnementaux …

Le monde entier connaît un accaparement par les plus riches des richesses produites au détriment des salariés qui produisent et au détriment de la planète. «Les 26 plus riches ont autant d’argent que la moitié de l’humanité »  (rapport annuel de l’ONG Oxfam sur les inégalités). Le dernier rapport d’ATTAC illustre la même réalité pour notre pays. Entre 2010 et 2017, les impôts versés par les entreprises du CAC 40 ont baissé de 6,4 % en valeur absolue. Pourtant leurs bénéfices cumulés ont augmenté de 9,3 % et les dividendes versés aux actionnaires de 44 % en valeur absolue sur la même période. Et leurs effectifs en France ont baissé de 20 %.

Justice sociale et démocratie

La redistribution des richesses, la justice fiscale, la lutte contre l’optimisation et la fraude fiscale sont au cœur des aspirations des gilets jaunes et de la majorité de la population qui continue à les soutenir. La question de l’augmentation des salaires est essentielle, car elle permet de mettre en cause un patronat bien silencieux tant la politique de Macron le satisfait. Tant que ces revendications de justice ne seront pas satisfaites, l’élargissement de la mobilisation sera nécessaire. En premier lieu dans les entreprises, où la question de la grève, du blocage de la production doit faire partie des discussions à venir.

L’immense aspiration à peser sur la vie politique, à prendre ses affaires en main, à donner son point de vue sur les grandes questions est capitale. Elle ne peut être satisfaite dans le cadre d’une 5ème République anti-démocratique, avec un Président aux pouvoirs beaucoup trop importants.

Des élections européennes contre Macron et pour les revendications !

Toutes ces questions vont continuer à être débattues, notamment à l’assemblée des assemblées initiée par les Gilets jaunes de Commercy. De même que l’attitude à avoir lors du prochain scrutin électoral, celui des européennes. Comment réussir à ce qu’il soit l’occasion d’une expression claire contre Macron ?

Le refus de l’augmentation du SMIC par Le Pen montre bien le vrai visage de l’extrême-droite !  Ce n’est pas le vote Le Pen qui peut exprimer le refus de Macron et l’aspiration à vivre mieux. Mais est-il possible de se satisfaire d’un éclatement en de trop nombreuses listes de gauche pour réussir un « référendum contre Macron » ? Et si sa liste arrive en tête, comment ne pas voir qu’il s’en servirait comme il l’a fait aux lendemains de la Présidentielle en 2017 ? Manon Aubry, Ian Brossat, Benoît Hamon, Yannick Jadot portent une grande responsabilité. Est-il raisonnable de continuer chacun « pour soi » ?

Le mouvement social peut et doit faire pression pour qu’émerge une liste unique de rassemblement « pour la justice sociale et le climat ». Cette liste porterait les revendications mises en avant depuis plusieurs semaines. Elle inclurait toutes les forces d’accord en ce sens. Et cela aurait toute sa pertinence à l’échelle européenne tant le libéralisme de l’Union européenne a fait des dégâts dans les différents pays du continent.

 

 


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