Il est urgent à gauche de tirer les leçons de la crise politique italienne mais aussi des mobilisations de masse qui ont lieu au Portugal, en Espagne et en Grèce…Il est urgent que la gauche, en France comme dans toute l’Europe, prenne la mesure de la crise et de l’impasse que constitue le respect de « l’orthodoxie budgétaire ». Pour la gauche du Parti socialiste, il est plus que temps de tourner le dos à l’austérité. C’est le sens de l’invitation, que je reproduis ci-dessous, à une réunion publique avec Emmanuel Maurel (membre du BN du PS) le mercredi 10 avril à Nantes, réunion organisée par Maintenant la Gauche 44 (le courant de la gauche du PS).
Comment sortirons-nous de la crise ? Comment desserrer l’étau qui pèse sur les salariés ? Quel modèle européen soutenir ? La gauche au pouvoir porte-t-elle les aspirations des couches populaires ? Le redressement en France peut-il encore supporter plus longtemps les critères de l’austérité ?… Toutes ces questions sont celles que les animateurs de Maintenant la Gauche, le social au coeur (*) mettent au cœur du débat public depuis plusieurs mois.
Car des millions de citoyens se les posent avec d’autant plus d’inquiétude qu’en dépit des mesures prises par le pouvoir de gauche depuis l’élection présidentielle, tout porte à croire qu’aucune embellie économique n’est envisageable à court ou moyen terme. Il n’y a guère que la finance qui a tranquillement traversé la crise dont elle est pourtant largement responsable. Le monde de l’argent en est sorti indemne, ce qui ne l’empêche pas de demander à l’immense majorité des salariés de nouveaux sacrifices.
Nous le mesurons depuis plus de 6 mois : les résistances au changement social sont fortes. L’offensive du MEDEF est d’une rare vigueur, comme on le voit avec les reculs sociaux que le patronat tente d’imposer au travers de l’Accord national interprofessionnel du 11 janvier 2013. Aujourd’hui au pouvoir, la gauche doit contribuer à construire un rapport de forces favorable au monde du travail et ne pas céder aux pressions du Medef.
C’est tout de suite qu’il faut assumer des choix alternatifs !
En baissant son budget, pour la première fois de son histoire, les dirigeants de l’Union Européenne ajoutent l’austérité communautaire à celle qu’ils ont imposée aux Etats membres. Aujourd’hui, c’est le réalisme qui impose «un tournant de la relance» en France et en Europe.
Ni les prévisions de déficit, ni les objectifs de croissance n’ont été tenus. C’est maintenant qu’il faut rouvrir le débat sur notre stratégie macro-économique. La priorité, c’est la croissance : la résorption des déficits et de la dette doit être étalée dans le temps.
François Hollande a souvent indiqué qu’il se refusait d’opérer un « tournant de la rigueur » après des choix insuffisamment réalistes. Aujourd’hui, c’est le réalisme qui impose « un tournant de la relance ».
Pour aborder toutes ces questions et animer le débat dont la gauche a toujours besoin, nous organisons une réunion avec Emmanuel Maurel (membre du BN du PS) le mercredi 10 avril à 20h à Nantes, Médiathèque Jacques Demy (salle Jules Vallès) et vous invitons à venir en débattre !
(*) Courant de la gauche du Parti socialiste, issu de la motion 3 du congrès de Toulouse
Je viens de voir que 100 parlementaires socialistes y voient « une chance pour la démocratie sociale ». Bon courage à vous. Vous avez du pain sur la planche.
Bonjour. Voici quelques renseignements intéressants glanés dans « Le Monde ».
Ils concernent les économies de l’Irlande, l’Espagne, le Portugal et l’Allemagne,
Economies qui vont de mieux en mieux d’après Le Monde. Quelques réflexions personnelles à la fin.
Amicalement.
Tadiou
Le Monde du 23 février 2013.
L’Irlande.
Hausse attendue du PIB de 1% à 1,5% en 2013 ; l’Irlande fait figure de « success story ».A force de sacrifices l’Irlande a rétabli sa compétitivité. Le coût unitaire du travail y a baissé de 27% dans le secteur manufacturier ; il y est aujourd’hui inférieur de 16% à ce qu’il était en 2000. Hausse de 24,6% de la productivité dans la foulée des réductions d’effectifs et de la baisse de 5,4% des salaires. L’excédent commercial en 2012 est de 43 milliards d’euros et le chômage s’élève à 15% de la population active.
L’Espagne.
Entre 2008 et fin 2012 la productivité horaire espagnole a progressé de 8,6% avec une baisse du coût du travail de 5,1%. Les entreprises espagnoles qui ont survécu se sont refait une santé et peuvent être plus agressives à l’international à coups de prix bradés. Le chef du gouvernement espagnol y voit les effets de sa réforme du marché du travail.
Le chômage s’élève à 26% de la population active, ce qui entraîne un effondrement du pouvoir d’achat et de la consommation des ménages. « L’investissement chute, la capacité de production recule ; sous cette forme ces politiques sont inacceptables » alerte-t-on chez Natixis.
Le Portugal
Il se transforme aussi en petit « conquistador ».
Standard and Poor’s estime que le rebond des exportations en Espagne et au Portugal « pourrait mener au rééquilibrage rapide des économies ». Dans ces pays les gains de compétitivité sont massifs.
Le Monde du 10 mars 2013 :
« L’économie allemande renoue avec l’optimisme »
Trois éléments expliquent la reprise de l’économie allemande :
La faiblesse du chômage, la baisse de l’inflation et surtout la hausse du pouvoir d’achat des Allemands. Selon une étude de l’institut WSI, les salaires réels ont augmenté ces 3 dernières années de 1,2%, 1% et 0,6%. 12,5 millions de salariés verront leur rémunération renégociée cette année. En 2012 les syndicats avaient obtenu 4,3% d’augmentation pour les salariés de l’automobile.
Quelques réflexions personnelles
Il est intéressant de constater une contradiction de taille entre ces 2 analyses, celle du 23 février et celle du 10 mars. Pour l’Irlande, l’Espagne, le Portugal, ça va beaucoup mieux à force de « sacrifices » : baisse du coût du travail, augmentation de la productivité et du chômage, baisse du pouvoir d’achat… : vous avez dit austérité ? Cette politique d’austérité qui a fait tant de ravages en Grèce en particulier avec toutes les manifestations de révolte dont on a longuement entendu parler. Il est tout à fait curieux de lire que Le Monde vante l’efficacité de ces politiques d’austérité qui permettrait aux pays décrits de développer une belle vigueur économique ; on croirait entendre Copé, Fillon, Parisot…
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Est-ce qu’il faut préparer le terrain pour une politique d’austérité française sensée redonner au pays toute sa compétitivité ?
A contrario il est intéressant de constater que l’article du 10 mars indique, pour la santé de l’économie allemande, des causes à l’envers de l’austérité : hausse des salaires, augmentation de la demande intérieure….
Il est aussi intéressant de noter la réaction de Natixis, dont les employés n’ont pas la réputation d’être de furieux Mélonchonistes : une politique d’austérité est inacceptable.
On sait très bien que l’Economie n’est pas une science. La démonstration en est faite une nouvelle fois ici.
Il semblerait que doucement, tout doucement, la nocivité des politiques d’austérité commence à être reconnue, au niveau mondial, par des économistes, par des responsables politiques, par le FMI, par des médias. Alors il nous faut d’autant plus être vigilant ici pour que le gouvernement socialiste ne plonge pas dans ce qui serait une très grave faute, un cataclysme. Il peut aussi essayer l’austérité rampante : qui sera dupe ?
Quelques éclairages intéressants du « Le Monde » du 29
mars :
« Contrairement à ce qu’assuraient les tenants de l’austérité, la baisse des dépenses a un impact négatif sur la croissance. Même les économistes du FMI l’ont reconnu : ils ont sous-estimé l’effet multiplicateur des dépenses publiques sur l’activité. L’obsession de l’assainissement des finances publiques conduit à mener des politiques à contre-cycle qui accentuent la déprime conjoncturelle.
Si au moins la politique d’austérité donnait des résultats. Il n’en est rien La récession en cours entraîne une baisse des recettes fiscales qui alourdit encore la dette : dans l’Europe du Sud l’endettement n’a pas régressé au fil des coupes sauvage dans les dépenses de l’Etat ; il a augmenté. L’austérité ne doit d’ailleurs pas être jugée du seul point de vue de la dette, dit Fitoussi. Il faut prendre en compte ses dégâts collatéraux (sociaux et politiques) pour en dresser le vrai bilan : négatif.
Coup sur coup, la semaine dernière, deux des vestales de la pensée économique libérale, le Financial Times et The Economist, ont critiqué l’obstination du chancelier britannique à persévérer dans l’austérité en période de quasi-récession. Depuis l’arrivée au pouvoir de David Camerone en Grande-Bretagne en 2010, l’impitoyable politique d’austérité n’a pas plus rétabli la croissance qu’elle n’a assaini les finances de l’état. »