Lors d’un Conseil de la Fédération du PS 44 consacré aux contributions (*) préparatoires au Congrès National de Poitiers (juin 2015), j’ai présenté la contribution du collectif national « Vive la Gauche », au nom de 5 autres contributions. Je reproduis ci-dessous mon intervention.
Les mandataires départementaux de 5 contributions ont décidé de se regrouper pour ne présenter qu’une 6ème contribution, celle de « Vive la Gauche ». Il s’agit des contributions :
« Le sursaut républicain. Un coup de jeune pour le socialisme« (premier signataire : Emmanuel Maurel). Cette contribution du courant Maintenant la Gauche (dont je suis le mandataire départemental) prône une rupture avec les politiques d’austérité, explique que si les déficits se sont creusés, c’est faute de recettes et non à cause d’un dérapage des dépenses. Elle se prononce pour une relance par l’investissement et les salaires (à noter que, dans la contribution de Jean-Christophe Cambadélis, on ne trouve qu’une seule fois le mot salaire, à propos d’un salaire minimum européen. Il n’y aurait pas de problème de salaire en France ?).
« Oser un éco-socialisme, solidaire et démocratique« (premier signataire : Frédéric Lutaud, qui siège au Bureau National du PS au nom de la motion 4). Dans la lignée de cette motion 4, cette contribution comprend de nombreux graphiques pour expliquer que, sans attendre un retour de la croissance, il faut poursuivre dans la voie de la réduction du temps de travail et, dans une France riche, travailler à une autre répartition des richesses et promouvoir un nouveau modèle de développement.
« La gauche ne doit pas mourir« présentée par les Socialistes Affligés (premier signataire : Liêm Hoang-Ngoc). Cette contribution explique pourquoi nous ne sommes pas des socio-libéraux, pourquoi le théorème de Schmidt (« les profits d’aujourd’hui sont les investissements de demain et les emplois d’après-demain ») est une erreur. C’est un texte qui se prononce pour un keynésianisme écologique et social.
« Pour nos générations futures. Osons un avenir écologique et solidaire« (premier signataire : Patrick Ardoin, qui siège au Bureau National au titre de la motion 4). Ce texte met en avant la nécessité d’un nouveau modèle de développement plus sobre et source d’emplois, sans obsession de la croissance du PIB, et une nouvelle gouvernance des entreprises.
« Sauver le Parti Socialiste ! Redistribuer les richesses d’abord« (premier signataire : Gérard Filoche). « Où sont passés les 60 engagements de François Hollande ? » interroge cette contribution (en faisant un bilan précis de ces engagements), qui détaille également les premières mesures que devraient prendre un gouvernement Rose-Rouge-Vert .
Tous les premiers signataires de ces contribution sont aussi signataires de la contribution « Vive la Gauche », tout comme les signataires de la contribution « L’optimisme de la volonté » (premier signataire : Benoît Hamon), et de nombreux signataires de la contribution « Pour réussir » (dont le premier signataire est Jean-Marc Germain, aux cotés de Martine Aubry).
Tous les militants qui se reconnaissent dans « Vive la Gauche » se retrouvent autour d’une affirmation commune : il faut comprendre en profondeur l’impasse dans laquelle le néo-libéralisme mondial nous engage afin que les socialistes aient bien la claire volonté de l’affronter et non de s’en accommoder. La gauche grecque essaie aujourd’hui courageusement de secouer le joug libéral de l’Union européenne. Sommes-nous à ses côtés ou avec les conservateurs allemands qui tentent de faire échouer Syriza ? Il ne suffit plus de dire, comme le fait la contribution Cambadélis, que nous sommes pour une réorientation de l’Europe. Il faut le montrer dans les faits !
Selon nous, il y a eu un tournant opéré par l’exécutif en matière économique après les victoires de 2012, et ce tournant n’a jamais été débattu au sein de notre Parti. Sans compter que cette politique ne produit aucun résultat tangible (notamment en termes d’emploi), ce qui devrait poser un problème pour quelqu’un comme Manuel Valls, adepte de la formule de Tony Blair : « Peu importe qu’une politique soit de droite ou de gauche, ce qu’il faut c’est qu’elle soit efficace ». On l’a d’ailleurs vu être obligé d’utiliser un peu glorieux 49-3 parce qu’au moins une cinquantaine de députés socialistes n’allaient pas voter pour une extension du travail du dimanche (ce qui est bien normal, car cela n’a jamais été dans notre programme, et que nous même mené campagne contre lorsque la droite voulait le faire).
Les militants ne se reconnaissant pas dans la politique menée en leur nom. Et que dire de l’entêtement à donner des aides non ciblées à toutes les entreprises ? Mais quand on déclare « J’aime l’entreprise », il est vrai qu’on ne fait pas vraiment de différence entre des entreprises du CAC 40 ou celles de l’Économie Sociale et Solidaire. Les banques, la grande distribution, ont-elles besoin du CICE ? Non ! Mille fois non !
Notre Congrès ne doit pas être un simple rituel, ni même un affrontement de personnes. Il doit être le lieu d’un débat sur les idées et sur les choix. Il y a plusieurs options au sein du Parti Socialiste. Que ceux qui croient obsolètes ou passéistes les engagements de 2012 et le programme socialiste de 2011 le disent ! A quand une motion Valls-Macron (ou au moins une motion Valls, car Monsieur Macron n’est même pas membre du PS !) ?
« Vive la Gauche » est une première étape d’un rassemblement large nécessaire au sein de notre Parti. « Vive la Gauche » a en permanence fait des propositions concrètes au sein du Parlement, au sein du Parti, et dans le débat public. Et si l’on en croit un récent sondage, une majorité de français ont une bonne opinion des « frondeurs ».
L’urgence, c’est de définir un programme d’action pour réussir la fin du quinquennat, un programme bien sûr différent des projets d’inspiration libérale qui ont pour seul but la réduction des déficits publics et l’affaiblissement des droits des salariés.
Il faut pour cela un Parti Socialiste qui renoue avec l’esprit du Bourget, qui mène la bataille des idées, et qui travaille au rassemblement de la gauche. Or notre Parti est tétanisé, et le plus souvent en situation de n’amender qu’à la marge des orientations qu’il n’a jamais discutées. Quant aux divisions actuelles de la gauche, nos partenaires sont-ils seuls responsables de cette situation ? Pour nous, il est clair que la politique gouvernementale divise. Elle divise les socialistes, elle divise toute la gauche.
Nous proposons de nous concentrer sur trois grandes mesures : Réaliser enfin une réforme fiscale pour l’égalité, relancer l’activité et réussir la transition énergétique par des investissements d’avenir, mettre les banques au service de l’économie réelle.
Les baisses de l’euro, du pétrole, et des taux d’intérêt, ne règlent rien si l’on n’a pas la volonté de mener une vraie relance de l’économie. Et surtout, nous sommes maintenant au pied du mur. Si l’on n’en finit pas avec la baisse des dotations aux collectivités, et si l’on se plie aux exigences de Bruxelles, c’est le financement des universités, des hôpitaux, des services publics (pour ne prendre que quelques exemples), qui est remis en cause . L’heure des choix arrive ! Ou nous poursuivons dans la lignée de la politique menée actuellement, et nous allons dans le mur ! Ou bien nous en revenons aux orientations adoptées par notre Parti en 2011 et aux engagements de 2012, et alors nous pourrons retrouver la confiance des salariés et de tous nos concitoyens et rassembler la gauche, pour reprendre la marche en avant que la gauche a toujours su impulser dans notre pays !
(*) 27 contributions générales ont été enregistrées nationalement. Ce n’est que le 11 avril, lors d’un Conseil national, que les motions qui seront soumises au vote des militants seront déposées.
Bonne chance mon Camarade! De tout mon cœur. Même si je ne crois plus possible de redresser la barre du bateau ivre.
La réflexion absente hélas, encore, ici, c’est toujours la suivante:
POURQUOI en sommes-nous arrivés là ?
Et comme citer les noms des « responsables irresponsables » ne fait pas plus de lumière sur la question, il est temps de repenser le lien « génétique » entre Institutions obsolètes et dérives suicidaires.
Tant qu’une pensée revendiquée « socialiste » ne s’appropriera pas la problématique du « processus constituant », le PS sera contre-productif , et néfaste aux citoyens aspirant à l’émancipation humaine, telle que JAURES sut lui insuffler une « âme sociale ».
Ne méprisez donc pas l’appel à une sixième république !
Fraternellement
Alain