Le mouvement pour le retrait de la loi El Khomri dure, s’étend, cherche de nouvelles formes d’action : « On ne lâche rien » ! Le 26 mai, il faut répondre massivement à l’appel de l’intersyndicale pour cette nouvelle journée de grèves et de manifestations ( à Saint Nazaire, 10h rond-point Herbins, zone Auchan ; à Nantes, 15h RDV arrêt Haluchère tram1, départ face à Saunier Duval).
Journées d’action, blocages et perspective d’une manifestation nationale le 14 juin vont permettre au mouvement de persister. Si cela est possible, c’est que cette lutte est soutenue par une grande majorité des salariés du pays. Mais ils sont aussi nombreux à dire : « On voudrait bien faire grève nous aussi, mais on n’a pas les moyens » (1). Les actions menées ont pour but de les convaincre que leur intérêt est de rentrer eux aussi dans l’action. Car l’action paie : les routiers ont obtenu d’être exclus de la loi El Khomri sur le paiement du temps de travail (et donc des heures supplémentaires). Tout comme avant eux, les intermittents avaient obtenu satisfaction en occupant les salles de spectacles, les théâtres. Le gouvernement est impopulaire, il est faible, il craint plus que tout une généralisation des grèves.
« La réforme du droit du travail, voulue et imposée par le gouvernement Valls, est le minimum qu’il faut faire » (2). C’est Juncker, le président de la Commission européenne qui ose ainsi s’exprimer, lui qui fut de nombreuses années Premier ministre d’un paradis fiscal, le Luxembourg ! Les choses sont claires. Les libéraux veulent casser la résistance des salariés, et pour cela diminuer les protections que les luttes sociales leur ont permis de conquérir. C’est aussi le cas en Belgique où les salariés ont manifesté hier à l’appel de leurs organisations syndicales contre le projet Peeters, qui démolit le droit du Travail belge.
Sous la coupe des jusqu’au-boutistes, Valls et Macron, le gouvernement français s’obstine à vouloir imposer le projet de loi El Khomri, rejeté par 74 % de la population et sans majorité au Parlement. Valls cultive son image autoritaire en envoyant les forces de l’ordre contre les barrages, et Macron prône l’élargissement de la loi contestée et la poursuite de la « modération salariale » (3). Il est dit que ses propos ont été validés par François Hollande. Nouvelle provocation d’un pouvoir qui se radicalise et choisit la fuite en avant. Radicalisation aussi du côté patronal quand on entend le PDG de Total menacer de revoir les investissements de son groupe en France, et notamment sur le site de Donges, pour lequel les élus de gauche se sont tant mobilisés tous ces derniers temps.
Lorsque j’étais en responsabilité syndicale, j’ai activement participé à de nombreux conflits. Aujourd’hui, toujours syndiqué mais aussi militant et élu politique, il n’est pas question pour moi de me contenter de commenter l’actualité. Un bras de fer est engagé. Je suis sans aucune hésitation avec celles et ceux qui luttent pour obtenir le retrait de cette mauvaise loi El Khomri. Et à nouveau demain dans la rue.
(1) Reportage de France Bleu Loire Océan lors du blocage de la zone portuaire de Saint-Nazaire le 24 mai
(2) Le Monde du 21 mai
(3) Les Echos du 24 mai
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