On ne revient jamais tout à fait le même après avoir visité un pays sous occupation. On a beau le savoir avant d’y aller, cela ne suffit pas ! La présence militaire israélienne en Cisjordanie est omniprésente, les nombreux check-points (plus de 700 barrages) avec contrôles tatillons freinent la mobilité d’un village ou d’une ville à l’autre. Les colonies israéliennes, créées en violation du droit international, se développent à toute vitesse. Ces villages poussent comme des champignons et se transforment en vraies villes nouvelles. On recense plus de 150 colonies aujourd’hui, entourées de grillages et protégées par des détachements de l’armée israélienne. Et il y a le mur ! Le mur de l’apartheid, le mur de la honte. Il s’étend sur plus de 760 kms, et a permis à Israël de voler encore un peu plus de terre aux palestiniens. La vallée du Jourdain est largement aux mains des israéliens, qui cherchent à en expulser les bédouins notamment (nous avons recueilli des témoignages directs de bédouins, dont les habitations ont été détruites par l’armée le 20 décembre dernier). L’objectif est clair : rendre impossible la création d’un état palestinien.
Nous nous devons bien sûr continuer à exiger la reconnaissance d’un état palestinien à l’ONU. L’entrée de la Palestine à l’UNESCO est un point d’appui. Mais plusieurs des interlocuteurs que nous avons rencontrés l’ont dit : cette perspective est-elle encore viable du fait de la colonisation et du morcellement planifié de la Cisjordanie (voir à ce propos le livre : Palestine Israël : Un Etat, deux Etats ? sous la direction de Dominique Vidal) ? Deux peuples existent aujourd’hui sur un même territoire : le peuple palestinien, dont la conscience nationale s’est forgée dans la lutte contre l’occupant depuis plus de 60 ans, et un peuple israélien, avec une population qui est de plus en plus née en Israël et n’a pas d’autre patrie. Deux peuples pour une même terre. Quelle perspective ? Un état bi-national (UNE Palestine « laïque et démocratique » ? Ou bien deux états Palestine et Israël ? Aucune de ses deux possibilités ne semblent aujourd’hui à portée de mains, du fait du soutien maintenu des États-Unis à Israël.
Nous avons pu rencontrer des israéliens luttant contre le mur, ou bien contre les discriminations au sein même de l’état israélien (Tarabut, voir également le Centre d’Information Alternative). Leur combat, unissant arabes et juifs, est extrêmement important même s’il est encore bien minoritaire.
La question du droit au retour des réfugiés est également essentielle pour tout règlement pacifique. Nous avons rencontré des représentants de ces réfugiés, le droit au retour est pour eux non négociable. D’abord reconnaître le droit au retour pour tous les palestiniens expulsés de leurs habitations depuis 1948, car c’est un droit reconnu internationalement pour tout réfugié. Ensuite, bien évidemment, on pourra parler de compensation éventuelle.
Après les deux intifadas (celle de 1987, puis celle de 2000), la société palestinienne cherche à reconstituer ses forces (la situation à Gaza est sans doute différente, mais nous n’y sommes pas allés et ne sommes restés que 7 jours en Cisjordanie). Mais la situation reste tendue. Le rôle de l’autorité palestinienne est diversement appréciée (il y a eu une manifestation contre la vie chère et les impôts lors de notre séjour). La résistance armée semble abandonnée. Les actions qui se développent se réclament de la résistance non-violente (cf. le compte-rendu de la manif à Ni’lin dans l’article précédent ).
On retrouve partout le souci de l’action culturelle et éducative (50% de la population a moins de 15 ans !). On a pu le constater à Naplouse : avec l’association Human Supporters, et avec l’association NASSEEJ. Il en va de même avec la ville d’Abu-Dis, avec laquelle la ville de Rezé coopère pour un centre culturel (avec le soutien de la région, dans le cadre du contrat de plan Etat-région). À Jenine, nous avons pu aussi voir le travail effectué par l’association LOCORE, une structure de réparation des handicaps avec laquelle La Chapelle-sur-Erdre, Treillères, Sucé-sur-Erdre et Grandchamp-des-Fontaines coopèrent. Le centre Al-Phoenix, à Bethléem est un centre culturel situé dans le camp de Deisheh créé pour les activités parascolaires des enfants et adolescents. Nous y avons également été accueillis chaleureusement. En effet, tous les responsables palestiniens que nous avons vus sont conscients de l’importance du soutien international afin de desserrer l’étau israélien et faire mieux comprendre la cause palestinienne.
Nous avons pu échanger sur la question de l’eau (sous contrôle israélien) et sur le nettoyage ethnique dans la vallée du Jourdain (www.jordanvalleysolidarity.org), ou à Jérusalem. La question de l’agriculture est aussi un aspect que nous avons approché lors de notre séjour. À Halhul, tout près d’Hébron, nous avons pu échanger avec les animateurs d’une coopérative de production de raisin, qui a le soutien de différentes collectivités de l’Ouest, via les comités de l’association France-Palestine Solidarité.
La visite d’Hébron restera toujours dans nos mémoires. Depuis le début des années 70, des colons israéliens se sont installés en plein cœur de la ville (dite zone H2, sous contrôle de l’armée israélienne). Dans cette zone, ils ont rendu la vie impossible aux palestiniens qui y résident. Seules 45 familles y résistent encore. Les échoppes ont fermé, le centre d’Hébron est devenu une ville fantôme ( Atlas des Palestiniens, page 41, collection Atlas / Monde). Mais nous y avons vu de jeunes colons (à partir de 16 ans) se promenant armés !
Quant à la situation des prisonniers, Salah Hamouri (voir l’article sur ce blog) nous en a largement parlé. Pour améliorer leurs conditions de détention, ils ont mené une grève de la faim, à l’initiative du FPLP, du 26 septembre au 17 octobre. Israël ne respectant pas l’accord qui a été signé, la reprise de cette grève de la faim est envisagé en avril. Plus que jamais la solidarité internationale est nécessaire. Et comme nous l’a dit Salah, cette solidarité internationale est un encouragement à l’unité des Palestiniens, dont les organisations sont –selon lui– bien trop souvent divisées !
Développer les coopérations entre collectivités françaises et collectivités ou associations palestiniennes est possible et très utile. C’est ce que nous avons pu constater sur place, avec l’association France-Palestine Solidarité et les CEMEA qui travaillent à un projet d’institut de formation que nous sommes allés présenter au ministère de la jeunesse et des sports palestiniens à Ramallah. Il s’agit aussi, comme cela a été dit lors des rencontres de la coopération décentralisée franco-palestinienne auxquelles nous avons assisté à Hébron les 23 et 24 janvier, de réfléchir sur le rôle des collectivités territoriales dans la création d’un état palestinien.
Je suis pour un état palestinien avec ses composante juive et arabe dans le cadre d’une constituante démocratique et laïque. Je me refuse encore à reconnaitre l’état hébreu imposé par l’impérialisme américain soutenue par la communauté internationnale en 1947-1948. Mais le libre débat reste ouvert dans le respect de la démcratie sur ce sujet délicat et dans ce cadre de la discussion que je m’inscris. Merci
Bravo Erick de nous donner des nouvelles de la PALESTINE que je ne connais malheureusement pas .Mais apres avoir lu ton mail je m apercois que ce pays est toujours sous la coupe d ISRAEL et que rien n a été fait pour arreter les colonies juives de s infiltrer dans le pays et que les ETATS UNIS NON RIEN FAIT A CE JOUR pour arreter ce scandale pour s emparer de ce pays .TIENS AU COURANT SI TU ORGANISE UN DEBAT A CE SUJET .A BIENTOT bonsoir camarade socialiste michel PICOT……….
merci Eric,
synthèse claire et rapide sur un sujet profond