« France is back » ose Jupiter. On nous dit que la France va mieux. Mais les habitants de ce pays ? Pas si sûr que cela ! Je reviens dans cet article pour la lettre de Démocratie&Socialisme sur les dernières annonces de licenciement et sur la folie de ce système capitaliste.
400 postes supprimés dans les magasins Castorama et Brico-Dépôt, les syndicats craignent une délocalisation. 1000 emplois en moins chez So local (Pages jaunes), un plan « bâti dans l’intérêt des actionnaires » selon les syndicats. On se souvient que l’annonce par le PDG de Carrefour de la réduction d’effectifs (2400) avait entraîné une hausse de l’action.
Un capitalisme fou
Carrefour veut se débarrasser aujourd’hui des magasins Dia (et des leurs salariés). Or en 2011, les actionnaires de Carrefour avaient obtenu la vente de Dia et empoché un superdividende, et des actions Dia qu’ils ont revendues lorsque le coût de l’action a doublé. Puis en 2014, ces mêmes actionnaires ont autorisé Carrefour à racheter Dia alors que Carrefour n’a pas touché un centime lors de la vente de Dia en 2011 ! (1)
Un capitalisme à la logique folle : économiquement absurde et socialement insupportable. Ce qui amène même Laurent Berger (CFDT) à demander qu’il n’y ait pas de dividendes versés à Carrefour en 2018. Mais pourquoi seulement à Carrefour ?
Dans un tel système, un « retour de la croissance » ne veut rien dire pour la majorité d’entre nous : « on a du mal à en voir les effets sur l’emploi et le pouvoir d’achat » (2). Le néo-libéralisme, c’est bien un « écart croissant entre l’indicateur de croissance du PIB et la réalité sociale et économique » (2).
Rentabilité du Capital ou satisfaction des besoins sociaux ?
Le capitalisme cherche désespérément à maintenir coûte que coûte la rentabilité du Capital. Une nouvelle crise financière est même probable : la hausse des salaires aux USA, donc une rentabilité immédiate moindre des entreprises, entraîne aussitôt une baisse à Wall Street qui se répercute aussitôt sur toutes les places boursières. Oui, le capitalisme est chaque jour un peu plus fou.
Macron ne s’attaque pas aux super-profits et ne remet pas en cause l’actuel partage inégal des richesses produites. Il « réforme » mais pour imposer toujours plus de libéralisme économique. Et il poursuit une politique austéritaire pour tout ce qui relève de service public. Dans les écoles, le dédoublement des classes de CP se fait en fermant des classes dans les écoles rurales notamment. La réforme annoncée de l’hôpital se fera sans financement public supplémentaire, tout comme la réforme judiciaire ce que dénoncent déjà les organisations syndicales de ce secteur. C’est la même logique en œuvre pour casser le statut des fonctionnaires ou celui des cheminots.
Riposter ensemble…comme en Mai 68 ?
Tous les médias commencent à commémore le cinquantième anniversaire de Mai 68. Macron et ses amis tels Cohn-Bendit, ex-libertaire converti au libéralisme, donneront leur interprétation de Mai 68 en oubliant que ce fut la plus grande grève ouvrière de notre pays. Non Mai 68 n’est pas une révolte individualiste. Non Mai 68 n’est pas qu’un mouvement de contestation sociétale, même si cette dimension était présente (droit des femmes, sexualité, écologie, démocratie …). Mais, si l’on s’en souvient encore, c’est que ce fut une grève générale rendue possible par l’unité syndicale. Elle hante toujours le patronat français. Face aux occupations d’entreprises, le Medef de l’époque avait dû céder sur les salaires et les libertés syndicales.
Le contexte est certes différent aujourd’hui, mais la lutte des classes toujours bien actuelle. Seuls 35% des sondés par Ipsos se disent favorables à l’action deMacron. Rassembler et unir c’est bien la tache de l’heure pour enrayer l’offensive macronienne. Au plan syndical comme au plan politique.
(1) « Carrefour, je négative » Stéphane Lauer Le Monde du 13 février 2018
(2) Mireille Bruyère membre des économistes atterrés L’Humanité du 13 février 2018