Le gouvernement ne semble pas pressé d’annoncer les conclusions qu’il tire du « grand débat national ». Censé se terminer le 15 mars. Macron entend jouer les prolongations en poursuivant sa tournée électorale au-delà. Edouard Philippe lucide prévient déjà « Le risque déceptif est important quant à la sortie » (1).
Le gouvernement n’entend pas changer sa politique économique. C’est ce que confirme le discours d’Edouard Philippe devant l’autorité de la concurrence. Le Premier ministre s’y est explicitement référé à Friedrich von Hayek, un des pères du néo-libéralisme. Le fondement de cette idéologie est d’utiliser l’État pour assurer la suprématie du marché sur la société (2).
Les raisons intactes de la colère
Faire de l’Etat le garant de la marchandisation de la société, c’est ce qui amène aux reculs des services publics dans les territoires. La concurrence généralisée c’est aussi une pression permanente à la baisse sur les salaires et les emplois. Tout le contraire de ce que réclament les gilets jaunes et les syndicats : la hausse des salaires et le refus des fermetures d’entreprises rentables (Ascoval, Ford, Saipol…). Les revenus des salariés (en activité ou à la retraite) ont stagné ou régressé pendant une décennie (2008-2018). L’emploi s’est dégardé et la précarité a augmenté. Voilà le bilan des politiques néo-libérales d’austérité !
Le gouvernement essaie de faire croire qu’il lutte contre la délinquance financière. Même la Cour des comptes n’y croit pas, et s’alarme d’un affaiblissement de la police judiciaire « alors que les escroqueries et infractions économiques et financières ont augmenté de 24% entre 2012 et 2016 ».
Si à droite certains comme Raffarin montent au créneau pour soutenir Macron, c’est que le rejet de sa politique est toujours aussi fort dans le pays. Son « bla-bla » européen n’y changera rien. Les raisons qui ont amené la révolte des gilets jaunes sont intactes. Le mouvement peut rebondir quand il sera évident pour tous que Macron ne répondra à aucune des revendications d’égalité, de justice sociale et fiscale. Tout au long du mois de mars, il faut poursuivre la convergence des luttes.
Converger pour le climat, la justice fiscale et le social au coeur
8 mars, journée de lutte pour les droits des femmes. Une occasion de dénoncer la politique gouvernementale de connivence avec le patronat. Les critères de l’index « égalité femmes-hommes » ont visiblement été mis au point de façon très conciliante pour les grandes entreprises !
Le 15 mars, les lycéens et étudiants feront grève pour le climat. Un moment pour dénoncer une politique gouvernementale qui hésite à s’en prendre aux intérêts financiers des grands groupes. C’est pourtant nécessaire si l’on veut une réorientation écologique du système productif.
Le 16 mars, ce sera à Paris tout à la fois « la marche du siècle » pour un printemps écologique et social, et une montée des gilets jaunes pour réaffirmer leurs revendications alors que le « grand bla bla national » touchera à sa fin.
Et le 19 mars, journée de grève interprofessionnelle CGT, FO, FSU, Solidaires, UNEF, UNL.
Ancrer la mobilisation dans les entreprises, le cœur de la production, cela reste indispensable si l’on veut infliger une défaite à Macron. Et imposer des mesures d’urgence.
(2) Romaric Godin Médiapart du 6 mars 2019
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