Je reproduis ici l’éditorial du numéro d’avril de Démocratie&Socialisme (D&S), la revue de la Gauche démocratique et sociale (GDS), que j’ai été chargé d’écrire. D&S d’avril est disponible en cliquant ICI.
Le gouvernement Macron-Philippe a laissé le pays totalement démuni face à la pandémie. Il a consciencieusement poursuivi la destruction de l’hôpital public, les soignants ont manqué de masques, de blouses, de respirateurs… Il n’a pris aucune mesure pour que les habitants soient équipés à temps de masques. Il n’a organisé ni la commande ni la production de tests de dépistage en quantité suffisante. Des pays aussi différents que l’Allemagne ou le Vietnam ont été beaucoup plus réactifs. L’État de la Ve République a failli.
Un véritable fiasco d’État
La bourgeoisie française, tous ces dirigeants de grandes entreprises qui passent du public au privé (et inversement), ont été particulièrement gangrenés par l’idéologie néo-libérale. Le dénigrement des services publics, la recherche effrénée de la rentabilité à court terme à coups de ratios et autres reportings éloignés de l’économie réelle : tel est leur seul univers mental… sans oublier leur obsession à préserver leurs indécentes rémunérations. C’est la faillite de ce monde, celui de Macron et sa bande, celui inauguré par Thatcher et Reagan, qui éclate au grand jour actuellement !
Une solidarité syndicale, citoyenne et associative
Face à l’incurie gouvernementale, les syndicalistes ont été particulièrement actifs pour imposer que les salariés au travail soient protégés. De nombreuses associations ont organisé la solidarité (distribution de repas, fabrication de masques…). La mobilisation des salariés en première ligne (soignants, caissières, routiers, etc.) a été exceptionnelle. Il faut augmenter leurs salaires : 300 euros pour toutes et tous, pas des primes ! Reconnaissance du Covid-19 comme maladie professionnelle pour tous les salariés qui en sont atteints suite à leur activité. Il faut aussi rétablir un grand service public dans les Ehpad !
Quant aux enseignants, ils ont fait le maximum, mais la fracture numérique a aggravé le décrochage scolaire. Il faut plus de moyens et de personnels pour les écoles, les collèges et les lycées, ainsi que pour les universités !
Pas de déconfinement sans protection homologuée
L’obsession du Medef soutenu par les droites (Macron-Philippe, Retailleau,..) est que les salariés retournent le plus vite au travail. Le risque est grand d’une nouvelle vague d’épidémie si les masques et les tests de dépistage sont en nombre insuffisant. Le gouvernement et le Medef se défaussent sur les élus locaux. C’est pourtant aux entreprises et à l’État de protéger.
Pour une rupture avec le monde d’avant
Nul ne peut croire que Macron se réinventera. Ce qu’il fait aujourd’hui est à l’image de ce qu’il a toujours fait, à commencer par des attaques contre le droit du travail. Abrogation des ordonnances du 23 mars 2020 ! Non à la semaine de 60h et à la journée de 15h ! Repos dominical et pas touche à nos congés payés ! Au-delà, il est à noter que le gouvernement n’a nullement interdit aux entreprises qui touchent de l’argent public de verser des dividendes… Pas de dividendes en 2019, ni en 2020 ! Hausse de l’impôt sur les grandes sociétés et rétablissement de l’ISF !
Macron et Philippe décident d’aides massives aux grandes entreprises, mais, comme d’habitude, sans aucune exigence de contreparties sociales et écologiques. Partout, le grand patronat demande un abaissement des normes environnementales. Or, relancer l’économie sans repenser et relocaliser l’industrie française serait catastrophique. Sous prétexte de crise sanitaire, le gouvernement a autorisé les épandages de pesticides à proximité des habitations en dérogeant aux règles – déjà insuffisantes – qu’il avait adoptées par décret en janvier. C’est un scandale.
À la gauche de s’unir pour le monde d’après
Toutes les forces progressistes (associatives, syndicales et politiques) expriment des revendications et exigences convergentes pour aujourd’hui comme pour demain. Des initiatives communes sont possibles, au plan national comme dans les territoires. La gauche politique doit répondre à la demande d’unité populaire qui monte dans le pays. Se doter d’une plateforme d’action commune doit être possible afin de répondre à la crise sociale qui s’ouvre. C’est à la gauche d’être en pointe sur ce sujet crucial, car, sinon, le monde de demain, avec Macron et Le Pen, risque d’être encore pire que celui d’avant.
Le 7 avril, la Gauche démocratique et sociale (GDS) a fait ses propositions détaillées et progressives, pour aujourd’hui, pour le jour d’après et pour les lendemains, dans un texte intitulé « Pandémie : urgence et jours d’après »