Je reproduis ici un article que j’ai écrit pour le numéro de janvier 2022 (n°291) de démocratie&Socialisme, la revue de la Gauche démocratique et sociale (GDS).
Depuis sa création en janvier 2018, la GDS milite pour l’unité à gauche sur un programme de gauche. Suite au quinquennat calamiteux de François Hollande, au cours duquel il a consciencieusement trahi notre camp avec Valls et Macron, il était nécessaire de travailler au rassemblement d’une gauche éparpillée tout en tirant les bilans nécessaires.
Au cours de ces cinq dernières années, Macron a mis en œuvre méthodiquement son programme néo-libéral de reculs sociaux et refusé de mener une politique ambitieuse sur les questions climatiques et écologiques. Il a restreint les libertés pour étouffer et réprimer les mouvements sociaux. Sur tous ces points, les gauches syndicales, politiques et citoyennes ont souvent convergé pour s’opposer au macronisme.
Dans notre ADN
L’urgence sociale et l’urgence écologique (que plus personne à gauche ne nie) auraient dû pousser à une unité plus grande. Force est de constater que les appareils politiques ont été d’abord obnubilés par la volonté de prendre l’hégémonie sur la gauche (FI, EELV) ou par leur propre survie (PS, PCF). Les uns et les autres arguent de divergences importantes entre eux. Certes ! Mais nous avons montré, par une étude approfondie des différentes propositions, que les convergences sont plus nombreuses, et que les fameuses divergences ne devraient pas empêcher la réalisation d’une plateforme commune de législature permettant de gouverner ensemble pendant cinq ans.
C’est tout cela qui a motivé la proposition constante de la GDS d’un comité de liaison des gauches sociales et écologistes. Se réunir, défendre ensemble ce qui nous est commun, débattre de ce qui nous différencie tout en respectant la pluralité des points de vue. Il n’y aura pas de reconstruction d’une force de gauche sans admettre l’expression de cette diversité. La tribune commune que nous publions dans ce numéro de D&S (voir ci-contre) est une des concrétisations de cette démarche constante de la GDS. Il ne s’agit pas de figer une coalition, mais bien d’engager un processus de rassemblement, ouvert et pluraliste avec un souci : travailler inlassablement à une recomposition sans exclusive à gauche.
Poussée unitaire
Pas question de « sauter » la présidentielle pour rêver de reconstruction après 2022 ! Nous savons les dégâts pour le salariat et pour la lutte contre le réchauffement climatique que constituerait une victoire de la droite (Macron, Pécresse) ou de l’extrême droite.
C’est ce qui nous a amenés à participer à toutes les initiatives appelant à l’unité (2022 Vraiment en commun, Unité et alternative 2022, Primaire populaire…). Dans différentes villes, nous agissons activement et organisons réunions, rencontres en interpelant tous les partis de gauche qui présentent des candidats aux présidentielles.
Nul ne sait encore si le sentiment unitaire, majoritaire au sein de l’électorat de gauche, sera ou non plus fort que le refus des appareils. La Primaire populaire a permis depuis plusieurs mois de peser au plan national pour imposer cette question de la candidature commune, en mettant en mouvement notamment de jeunes activistes. On peut certes regretter que les animateurs de la Primaire populaire n’incluent pas tous les candidats de la gauche dans la consultation qui aura lieu du 27 au 31 janvier. Le vote au « jugement majoritaire » risque aussi de dérouter nombre d’électeurs de gauche, tant il est différent des votes auxquels ils sont habitués.
Rien n’est fait
La Primaire populaire sera-t-elle utilisée massivement pour que s’exprime cette nécessité de l’unité ? Réussira-t-elle à imposer une candidature de rassemblement (avec retrait de plusieurs candidats d’aujourd’hui) ou au contraire aboutira-t-elle à une candidature de plus ? Rien n’est joué, et les unitaires de tous les partis ont intérêt à mener la bataille jusqu’au bout. C’est aussi dans ce combat que se tisse une partie des solidarités indispensables à la construction d’une grande force de gauche sociale et écologiste.
Rien n’est encore définitivement figé. Ce qui est sûr c’est que si la division persiste, si la multiplicité des candidatures est maintenue, la gauche sera absente du deuxième tour. Leurs campagnes ne décollant pas, Anne Hidalgo et Arnaud Montebourg ont été contraints de « bouger ». La campagne de Yannick Jadot ne perce pas ; il « résiste » y compris aux appels au rassemblement issus d’EELV et du pôle écologiste. Jusqu’à quand ? Jean-Luc Mélenchon pense tirer son épingle du jeu, mais il commence à parler du besoin du rassemblement… à l’issue du premier tour ! Dans un contexte qui lui était favorable en 2017, le candidat insoumis n’avait pas réussi à être au deuxième tour. Comment croire que cela serait possible aujourd’hui sans prendre dès à présent contact avec tous les autres candidats et travailler à une plateforme commune ?
Les semaines à venir seront évidemment décisives pour l’avenir de la gauche et de l’écologie. Aucune bataille unitaire n’est inutile. En février, nous en ferons un premier bilan et déciderons de la meilleure façon de renforcer la bataille contre toutes les droites à la présidentielle et aux législatives.
Cet article de notre camarade Eric Thouzeau a été publié dans le numéro de janvier 2022 (n°291) de démocratie&Socialisme, la revue de la Gauche démocratique et sociale (GDS).