J’ai eu à intervenir au nom du Conseil régional à l’ouverture des salons bois-énergie et biogaz à Nantes. Voici les quelques éléments que j’ai pu avancer à cette occasion.
« Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme ». Cette maxime attribuée à Lavoisier, elle-même reformulation d’une phrase d’un philosophe grec, me paraît tout à fait illustrer les débats qui vont se tenir aujourd’hui autour de la place du Biogaz et du Bois-Énergie dans la transition énergétique. La transition énergétique nous concerne toutes et tous. Les choix que nous avons à faire aujourd’hui en matière énergétique tant en ce qui concerne la production que la consommation d’énergie, sont déterminants pour l’avenir que nous devons dès à présent construire. Chacun mesure l’immensité de la tâche qui nous est confiée, et la responsabilité qui en incombe. Il nous faut agir, chacun à son échelle (l’indépendance énergétique de la France relevant, par exemple, d’une compétence de l’état) et mais surtout agir avec méthode. La méthode en Région, c’est la concertation : les États Régionaux de l’Énergie en sont l’exemple car nous en sommes sûrs, c’est au plus près des habitants que se jouera la transition énergétique. Associer tous les acteurs et les structures n’est pas une fantaisie, c’est une nécessité, un impératif si nous voulons que les choses changent vraiment.
Les actions menées par la Région, ce sont des investissements conséquents pour l’émergence d’une filière des énergies marines renouvelables, les éoliennes offshore ou bien encore l’aide aux particuliers et aux collectivités pour les travaux de rénovation thermique. Mais c’est aussi, et c’est ce qui nous intéresse aujourd’hui, une action en ce qui concerne le biogaz et le bois énergie. Ces deux moyens de productions d’énergie se font de plus en plus connaître auprès du grand public, et ils sont pour nous deux aspects à part entière de la transition énergétique.
La filière bois est particulièrement importante dans notre région. Employant plus de 37 000 personnes, c’est un secteur pour lequel le Conseil régional s’est très tôt engagé. Bois énergie, construction, ameublement, agencement, innovation… notre collectivité a au fur et à mesure du temps étoffé son soutien à cette filière, notamment via Atlanbois et sa cellule Bois Énergie. La prise de conscience d’une nécessaire production éco-responsable d’énergie doit se faire bien évidemment auprès des particuliers, mais aussi auprès des entreprises. Les entreprises du tertiaire, par exemple, représentent à elles-seules 30% de la consommation électrique française. Les entreprises sont donc un enjeu majeur pour la transition énergétique.
Autre enjeu à l’ordre du jour, le biogaz. Notre collectivité a décidé d’inscrire cette problématique dans un cadre plus large, apportant ainsi son soutien aux éco-projets qui contribuent à l’avènement d’une agriculture durable : photovoltaïque, mini éolien, et méthanisation de la biomasse. Depuis début 2011, la Région a donné un nouvel élan à son action conjointe avec la Région Bretagne et l’Ademe sur la valorisation du biogaz (la méthanisation) en s’appuyant sur l’association interrégionale AILE (Association d’Initiatives Locales pour l’Energie et l’Environnement). La Région accompagne ainsi les agriculteurs pour les aider à sécuriser leur projet et souhaite susciter une offre industrielle « locale » et en apportant également un soutien financier aux exploitants agricoles qui souhaitent créer une unité de méthanisation. À titre d’exemple, le plan biogaz agricole 2007-2010 a permis d’économiser 41 000 tonnes d’équivalent CO² par an… sachant qu’une tonne de CO² représente 3 800 km en ville pour une voiture citadine… chacun peut apprécier les économies que cela représente.
Lorsque nous nous interrogeons sur la place de ces modes de production d’énergie, nous apercevons le changement d’échelle qui nous attend. Un modèle où le consommateur devient également acteur de sa consommation d’énergie, de sa production de déchets et peut-être un jour de sa production d’énergie. Un modèle où la production est relocalisée au plus près de la consommation. En somme, il s’agit de « penser global » (le réchauffement climatique…) et d’ « agir local » (unité de production d’énergie sur le site même de sa consommation, se chauffer avec du bois de sa région…). Il faut également « penser et agir social ». Tous les efforts entrepris doivent nous permettre de sortir de la précarité énergétique dont sont victimes de plus en plus de nos concitoyens. Se chauffer et s’éclairer ne doivent pas devenir un luxe. Les aides aux économies d’énergie (AREEP) que le Conseil régional accorde aux particuliers qui effectuent des travaux qui améliorent l’efficacité énergétique de leur habitation vont dans ce sens.
Les questions de transition énergétique et de développement des énergies renouvelables ouvrent un vaste chantier. Je ne peux que souhaiter que le salon d’aujourd’hui, les débats qui s’y tiendront, les rencontres qui s’y noueront serviront utilement à la poursuite du développement de la part des énergies renouvelables dans notre consommation énergétique.