Comme tous les mois, le journal de la fédération de Loire-Atlantique du PS publie une tribune des motions. Sujet du mois : la « social-écologie ». Ci-dessous la contribution d’A gauche pour gagner, la motion B du PS.
Le socialisme est né historiquement de la lutte pour le partage de la valeur ajoutée entre Capital et Travail. La domination de l’Homme sur la nature n’était pas mise en question. Aujourd’hui il faut aussi que l’Homme domine son rapport à la nature. L’éco-socialisme, c’est la vision actualisée du socialisme. C’est une vision de la société qui, prenant en compte les enjeux environnementaux et la préservation de la nature, nous permettra de remettre l’humain au cœur des objectifs de la société, notamment de l’économie.
Etre socialiste aujourd’hui signifie que l’on veut réorganiser la production en fonction des besoins sociaux mais aussi des exigences de la protection de l’environnement. Il s’agit de rompre avec la logique actuelle de maximisation du profit pour une logique de maximisation du bien-être en tenant compte de la contrainte environnementale. Il ne suffit pas de signer des chartes de Responsabilité sociale, comme le montre le scandale du trucage par les constructeurs automobiles des émissions polluantes des voitures.
Face au dérèglement climatique, à l’épuisement des ressources, aux fractures sociales, il y a besoin d’une transformation des modèles de production, de consommation, et de partage des richesses : nouveaux indicateurs de richesse, économie circulaire, fin de l’obsolescence programmée, société collaborative, biens communs accessibles, agro-écologie, sobriété énergétique et développement des énergies renouvelables. C’est autour de ce « projet de civilisation », que la gauche pourra refonder sa vision du progrès, y intégrant les enjeux de la santé, de l’éducation, de l’égalité ou de la solidarité entre les peuples.
La transition environnementale est d’abord énergétique vers une économie décarbonée. Se passer de combustibles fossiles constitue LE grand défi du XXIe siècle. Il s’agit de sortir de la double dépendance au nucléaire et au pétrole. Il y a à la fois urgence énergétique et urgence sociale. 3,4 millions de familles consacrent plus de 10 % de leur budget à leurs dépenses de chauffage.
Limiter l’empreinte de l’homme sur son environnement, tout en améliorant la qualité de vie et en favorisant le développement du pays, c’est le défi de la transition énergétique. Les solutions à la crise écologique sont les mêmes que les solutions à la crise économique : l’économie comme moyen, le développement social et individuel comme finalité et le respect des équilibres écologiques comme condition.
J’ai évidemment lu avec intérêt cette contribution de la gauche du PS. Mais à l’heure où la priorité devrait être de bâtir des ponts à gauche, elle confirme et accentue la faille en se taisant sur un des dossiers qui depuis des années concrétise le combat pour l’écologie : l’opposition à la destruction des zones humides et des terres agricoles de Notre-Dame-des-Landes. Pire, à la lecture de la presse locale et sauf erreur de ma part, j’ai constaté avec tristesse que les animateurs de la gauche du PS s’étaient solidarités avec Johanna Rolland, lors du récent conseil de Nantes Métropole, pour approuver une motion commune avec la droite demandant au Président de la République de commencer les travaux… par acclamation. Par acclamation, PS et droite réunis pour demander que soient expulsés les paysan-ne-s et les Zadistes de Notre-Dame-des-Landes, c’est à dire, celles et ceux de notre camp qui depuis des années ont permis de mettre en lumière les mensonges à répétition sur lequel était bâti le dossier Notre-Dame-des-Landes et ont construit des mobilisations de masse qui ont permis à ce que progressent la conscience et l’urgence de choix écologistes progressent.
Ecologiquement, je le pense, c’est une erreur grave … et politiquement une catastrophe qui en rajoute à un bilan gouvernemental peu reluisant.
Peu de mois nous sépare des échéances politiques majeures. Et il n’est jamais trop tard pour tenter d’inverser la spirale de l’échec annoncé. Mais cela ne peut se faire main dans la main sur le dossier de Notre-dame-des-Landes avec une droite aussi peu écolo qu’elle est productiviste et réactionnaire. Mais cela ne peut se faire sans remettre à plat le dossier de Notre-Dame-des-landes, y compris en prenant en compte les éléments mis en avant par la Ministre de l’environnement si décriée et calomniée par les présidents socialistes des exécutifs locaux.
Il n’est jamais trop tard, mais il y a urgence.