Je reproduis ici un appel paru dans le journal Libération, dont je suis signataire.
Chaque jour qui passe, l’atmosphère et les océans se chargent de plus en plus en dioxyde de carbone, en plastique, en azote et en phosphore. Nos forêts meurent de soif ou de parasites : adieu ormes, buis, épicéas, sapins, chênes… Nos coraux meurent de chaleur et avec eux la vie sous-marine. Les glaciers fondent, la mer monte, zones humides, insectes et grenouilles disparaissent. Dernière nouvelle en date ? La forêt amazonienne est en train de basculer et rejettera bientôt plus de carbone qu’elle n’en absorbe. Notre dernier rempart est en train de céder.
Chaque jour, chaque année, nous détériorons un peu plus notre planète, et nous en subissons les conséquences : pics de chaleur, pandémies, effondrement de la biodiversité… Pourtant, nos dirigeants s’entêtent dans la poursuite d’une croissance illimitée, alors même que la nature nous rappelle cruellement, souvent au prix de nos propres vies, que tout à une fin.
Il y a deux ans naissait la Convention citoyenne pour le climat et un bref espoir d’une mobilisation réelle. Il y a près d’un an, elle remettait ses 149 propositions, conformes à l’objectif fixé à l’époque, d’une réduction de 40 % de nos émissions de gaz à effet de serre d’ici 2 030. Et aujourd’hui ?
Seules treize des 149 propositions de la Convention citoyenne sont reprises à l’identique dans la loi «climat et résilience», adoptée en première lecture à l’Assemblée nationale.
Des propositions de la Convention citoyenne trahies
Au mieux, les dispositions restantes permettront une baisse d’une dizaine de millions de tonnes de CO2 des émissions de GES d’ici 2 030. Les propositions de la Convention citoyenne ont été trahies successivement par le président de la République, le gouvernement et, désormais, malgré la mobilisation populaire du 28 mars, par l’Assemblée nationale.
La France s’est engagée, en signant l’accord de Paris en 2015, à contenir «l’élévation de la température moyenne de la planète nettement en dessous de 2 °C par rapport aux niveaux préindustriels», elle s’est engagée au niveau européen à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 55 % d’ici 2 030… et en même temps, elle se félicite par la voix de son exécutif d’une loi «climat et résilience» dont le contenu ne permettra ni de tenir ses engagements, ni de protéger sa population, ni de se protéger elle-même !
Reprendre les mots de Danton
Au rythme actuel, dans sept ans nous aurons épuisé le budget carbone compatible avec un réchauffement limité à 1,5 degré, dans sept ans, 70 % des coraux seront irrémédiablement condamnés. «Nous sommes en guerre» assurément contre la Nature, le Vivant et au final nous-mêmes, et cette guerre… nous sommes en train de la perdre.
Cessons d’espérer d’un exécutif et d’une majorité qui érigent la procrastination et la demi-mesure en politique. Reprenons les mots de Danton. Sortons de notre torpeur, ayons de l’audace !
C’est pourquoi nous lançons cet appel à tous les citoyens : dimanche 9 mai, rejoignez-nous dans la rue pour construire une alternative !
Développer des emplois dans l’économie circulaire, sortir rapidement des énergies fossiles, réduire les inégalités, encourager les mobilités peu polluantes, mettre fin à la précarité énergétique, protéger le sol, développer sur la base d’une agriculture paysanne une alimentation saine, sobre et respectueuse du vivant, pénaliser le crime d’écocide, transformer en profondeur le système économique, réguler la finance, travailler mieux, moins, pour travailler tous, avec une garantie de revenu, dans des activités utiles, donner les moyens aux collectivités territoriales pour agir à leur niveau, réaménager l’espace pour se déplacer moins, faire des salariés et citoyens les acteurs de cette transformation, tout cela, nous le ferons et dès 2022.
Car, si Emmanuel Macron avance à rebours de l’Histoire, nous sommes déjà en train de construire l’après. Nous n’avons plus le choix, le compte à rebours est enclenché.