Président d’Air Pays de la Loire, j’ai eu le plaisir de recevoir Henri-Michel Comet, Préfet de Région, Christophe Clergeau, Premier Vice-président du Conseil régional, et Johanna Rolland, Maire de Nantes et Présidente de Nantes-Métropole, à l’occasion de l’inauguration des nouveaux locaux d’Air Pays de la Loire. Bernard Garnier, Président d’Atmo-France (qui regroupe toutes les associations agréées de surveillance de la qualité de l’air), était également présent. Je reproduis ci-dessous mon intervention lors de cette inauguration.
Le nouveau siège d’Air Pays de la Loire est situé dans le parc de la Chantrerie à Nantes. L’objectif était double : à la fois rassembler sur un site unique les 25 salariés de l’association, mais aussi assurer de meilleures conditions d’accueil du public et des membres d’Air Pays de la Loire.
Qualité de l’air et santé
Aujourd’hui, étudier la qualité de l’air ne se conçoit plus sans intégrer le volet santé. Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), « la pollution de l’air représente un risque environnemental majeur pour la santé. En diminuant les niveaux de pollution atmosphérique, les pays peuvent réduire la charge de morbidité imputable aux accidents vasculaires cérébraux, aux cardiopathies, au cancer du poumon et aux affections respiratoires, chroniques ou aiguës, y compris l’asthme ». C’est ce qui a amené l’OMS à classifier en 2013 la pollution de l’air extérieur et les particules de l’air extérieur comme « cancérigènes certains pour l’homme ». En France, la pollution de l’air par les particules fines d’origine anthropique serait la cause d’environ 42 000 décès prématurés chaque année, ce qui correspond à une perte moyenne d’espérance de vie de l’ordre de 8 mois (1). La pollution de l’air est le problème environnemental considéré comme particulièrement préoccupant par nos concitoyens (2).
Cela nous amène, lors des pics de pollution, à émettre des messages sanitaires plus concrets établis avec l’Agence Régionale de Santé (ARS). Afin de toucher le public le plus large possible, nous avons élargi les listes de diffusion de nos communiqués (même si le relais des collectivités est essentiel). Rappelons que c’est sur délégations préfectorales qu’Air Pays de la Loire est habilité à émettre ces communiqués.
Les activités d’air Pays de la Loire
Air Pays de la Loire mesure la qualité de l’air grâce à des dispositifs de mesure répartis sur 31 sites dans les Pays de la Loire. Sur ces sites (urbains, périurbains, ruraux) Air Pays de la Loire effectue 70 mesures 24h/24. A cela s’ajoutent des campagnes ponctuelles de mesure, notamment à la demande de collectivités ou d’industriels. Tous les travaux d’Air Pays de la Loire sont accessibles au grand public sur notre site (www.airpl.org) . La composition d’Air Pays de la Loire (État, collectivités, industriels, personnes qualifiées et associations) garantit sa neutralité et sa transparence.
Mais parce que nous passons plus de 90% de notre temps dans des ambiances intérieures, Air Pays de la Loire réalise aussi des campagnes de mesure en air intérieur dans les locaux recevant du public : les études que nous proposons permettent de détecter une pollution et d’agir sur ses causes.
Nous sommes également engagés dans une opération pionnière d’accompagnement des jardins pollinariums (nés à Nantes) pour diffuser l’information polliniques à l’attention des allergiques et médecins (newsletter « Alertes Pollens »).
Produire des outils d’aide à la décision
Constater la pollution, c’est nécessaire, mais travailler avec les décideurs pour identifier les leviers d’actions et aider à la décision, c’est mieux. Air Pays de la Loire met en œuvre et actualise régulièrement le programme BASEMIS, qui est une base de données des consommations et productions d’énergie, des émissions de polluants et de gaz à effet de serre de toute la région à l’échelle communale (15 Millions de données par an). Les collectivités font face à des obligations multiples et à une progression de la communication de données concernant leurs émissions de gaz à effet de serre. Nous développons pour cela des méthodes et outils de reporting avec des critères MRV (mesurer, rendre compte et vérifier) pour être un acteur de la lutte contre le changement climatique (sujet majeur cette année avec la COP 21). A ce titre, dans le cadre du Schéma régional climat air énergie (SRCAE) et de la Stratégie Régionale de Transition énergétique (SRTE), Air Pays de la Loire est partenaire de l’Etat, de l’ADEME et de la Région qui ont décidé de mutualiser leurs moyens humains et financiers pour mettre en place le Dispositif régional d’observation partagée de l’énergie et du climat (Dropec).
Nous effectuons une cartographie des polluants atmosphériques par modélisation et calcul afin de situer l’exposition des populations à la pollution de l’air, et nous réalisons des études de scénarii (étude de l’impact de grands aménagements et de différentes hypothèses : tramway, busway, quartier piétonnier, zone de réduction de vitesse…).
Quelles perspectives pour Air Pays de la Loire ?
On peut dire sans aucune exagération qu’Air Pays de la Loire possède un savoir-faire, une technicité et une neutralité reconnues, et que l’association produit une communication ouverte vers les données au service de l’intérêt général.
Nous allons vers un renforcement du rôle d’aide à la décision pour l’État (4) et les collectivités (5) en matière de concentration de polluants dans l’air extérieur et intérieur, d’énergie et d’émissions, et d’impact des actions publiques envisagées.
Des diversifications de nos activités sont en cours ou à prévoir dans d’autres champs d’investigation : odeurs en zones industrielles, diffusion des pollens, polluants phytosanitaires en zone agricoles…
Nous participons pleinement au mouvement d’ouverture numérique des données (opendata Nantes Métropole et Région), et nous avons des projets de cartographies interopérables en cours.
La question du financement
Pour assurer l’équilibre dans un contexte, malheureusement, de baisse des subventions publiques (État, collectivités) Air Pays de la Loire développe une offre de services vers les collectivités, les agences et les industriels dans le cadre d’appel à projets ou de prestations. Mais face à des demandes en croissance vis-à-vis des Associations agréées de surveillance de la qualité de l’air (AASQA), nous exprimons le souhait d’une clarification des financements des AASQA par voie parlementaire.
(1) Estimations pour l’année 2000 – Programme « Clean air for Europe » (CAFE de la Commission européenne)
(2) Le plus préoccupant avec 42 % des votes (étude fin 2013, Service de l’observation et des statistiques du Commissariat général au développement durable).
(3) Le Dropec a pour missions d’observer et d’informer sur la situation énergétique et climatique du territoire régional, de produire des données territorialisées indispensables au suivi de la mise en oeuvre de la transition énergétique au niveau local et enfin d’informer et de sensibiliser la population de la Région aux enjeux climatiques et énergétiques.
(4) Schéma Régional Climat Air Énergie (SRCAE), Plan de Protection de l’Atmosphère (PPA), Plan Régional Santé Environnement (PRSE)
(5) Plan Climat Énergie Territorial (PCET), Plan Local d’Urbanisme (PLU), Plan de Déplacements Urbains (PDU)
RT @ericthouzeau: De nouveaux locaux pour Air Pays de la Loire http://t.co/xkaYSQLYBr