Je reproduis ici l’intervention que j’ai faite lors de la session du 16 octobre du Conseil régional des Pays de la Loire sur quelques dossiers relevant de la commission où je siège (Territoires, ruralité, santé, environnement, transition énergétique, croissance verte et logement). A noter que j’ai présenté un voeu au vote au nom du groupe SERR (socialiste, écologiste, radical et républicain) pour exprimer notre opposition aux méga-méthaniseurs de Corcoué et Puceul. La droite régionale (majoritaire) a voté contre ce voeu, au prétexte qu’il fallait auparavant rencontrer les élus locaux et les porteurs de projet (en omettant d’ailleurs les opposants à ces deux projets).
Le principal dossier concerne le plan biomasse. Il n’est pas question de nier la qualité du dossier qui nous est présenté. Ce plan a été le fruit d’un travail de concertation et a permis de faire une prospective des ressources disponibles pour, à partir du bois-énergie et de la méthanisation, produire de l’énergie renouvelable. Mais gros manque de ce dossier : il n’est en rien un guide pour se faire un avis sur le type de méthaniseurs qui sont souhaitables en Pays de la Loire. Or chacun le sait : des projets d’unités de méga-méthanisation voient le jour. C’est le cas à Corcoué et à Puceul en Loire-Atlantique. Certes le Conseil régional n’est pas directement impliqué dans ces deux projets, mais nous ne pouvons que regretter (nous l’avons fait lundi en commission, le CESER y a fait allusion aussi mardi) qu’à partir du plan biomasse, on ne sache pas ce qu’est pour la majorité régionale une unité de méthanisation de taille raisonnable. Le plan régional biomasse ne définit pas de critères pour juger de la pertinence des projets de méthanisation qui voient le jour, c’est regrettable !
En ce qui concerne Corcoué et Puceul, nous proposerons au vote un vœu qui indique clairement que pour un modèle agricole durable, nous devons exprimer notre opposition à ces deux projets. En effet, si le principe de la méthanisation est vertueux, les grosses unités peuvent conduire à des dérives. L’agriculture est faite pour nourrir, et le lisier est d’abord un engrais pour les terres. Des méthaniseurs trop gros peuvent amener les agriculteurs.trices à dédier certaines de leurs cultures spécifiquement pour les méthaniseurs et non l’alimentation ou à développer des élevages intensifs, le méthaniseur apportant une solution pour les effluents. Par ailleurs, plus le méthaniseur est important plus on ira chercher loin le lisier et autres bio-déchets. Il faut également prendre en compte le bilan carbone du transport des matières premières en camion et les nuisances pour les riverain.e.s. Tout cela doit nous amener à refuser les méga-méthaniseurs, qui induisent une logique industrielle en opposition à des unités de méthanisation plus modestes, installées au plus près de l’exploitation agricole.
Cet été dans le Finistère, 400.000 litres de résidus de méthanisation se sont déversés dans un cours d’eau suite à une fuite d’une cuve d’une centrale de production de biométhane exploitée par le groupe Engie. 180 000 personnes ont été privées d’eau potable. Cet accident montre la nécessité de ne pas développer la méthanisation sans de grandes précautions.
Puisque nous parlons de qualité de l’eau, l’aboutissement positif du dossier Life-Reverseau va permettre à notre Région de toucher des subventions européennes, notamment pour la restauration du fonctionnement naturel des bassins versants et des cours d’eau. C’est une bonne chose, tout comme le GIEC régional officiellement constitué la semaine dernière. Le VP environnement de notre commission nous l’a dit lors de l’installation du GIEC, la droite régionale avait beaucoup d’autres urgences que le GIEC lorsque elle est arrivée à la tête de la Région, notamment à cause de la très mauvaise qualité de l’eau, il fallait donc « sortir la politique de l’eau dans l’ornière dans laquelle elle se trouvait » pour reprendre ses propres termes. Ce n’est pas parce qu’une grande majorité d’élus régionaux de la droite s’est tardivement rendu compte de l’ampleur de la dégradation de la qualité de l’eau dans les Pays de la Loire que pour notre part nous découvrions cette question. Tous les efforts que nous avions faits dans les mandats précédents, tous ceux qui sont faits dans ce mandat sont nécessaires. Jusqu’à présent ce sont des actions de correction de situations existantes qui sont menées, il faut maintenant mettre l’accent sur la prévention : agir pour prévenir les différentes sources de dégradation de la qualité des eaux régionales. Cela nécessite une profonde transformation de certaines pratiques agricoles que cela plaise ou non aux partisans de l’agriculture industrielle. Mais tout cela n’explique pas pourquoi il a fallu attendre la fin de mandat pour que le GIEC soit enfin mis sur pied. Son travail, au-delà du nécessaire diagnostic régional sur le réchauffement climatique, sera de préconiser des mesures pour le combattre et/ou s’y adapter. Ce sera donc pour le prochain mandat !
Lors de cette session, on avance un peu sur la question des Plateformes territoriales de la rénovation énergétique (PTRE). Il y en a 4 actuellement, on va vers 40 à 50 nous dit-on. Pourquoi pas ? Mais quelle vision régionale de ces futures PTRE si l’on n’a toujours pas tiré le bilan de celles qui existent ?