L’affaire Ferrand tombe mal pour Macron que tous les « grands » médias encensaient pour un soi-disant sans-faute depuis son élection. Les agissements de l’ancien dirigeant des mutuelles de Bretagne n’ont peut-être rien d’illégaux, mais ils choquent. Le Premier ministre Edouard Philippe offre un soutien gêné à Richard Ferrand allant jusqu’à parler de « l’exaspération des français ».
Devons-nous nous étonner de ce qui arrive à En marche ? C’est bien Emmanuel Macron, lui-même ancien banquier d’affaires, qui a déclaré par exemple : «Il faut des jeunes qui aient envie de devenir milliardaires». Le parti du nouveau Président s’est constitué sur les bases d’un libéralisme décomplexé. Cette idéologie ne pouvait qu’attirer des femmes et des hommes de pouvoir et d’argent !
Le nombre extrêmement important de candidat-e-s En marche aux législatives se déclarant chefs d’entreprise ou entrepreneurs est un autre indicateur de la base sociale de ce qui va constituer l’appareil du parti présidentiel. Pas étonnant qu’ils soient tous obsédés par tout ce qui peut entraver leur « réussite » sociale et donc matérielle : en premier lieu le droit du travail qui freinerait la compétitivité de leurs entreprises.
Se mobiliser d’ores et déjà contre le contenu des futures ordonnances est essentiel. Non seulement parce que Macron veut aller vite et limiter le temps de la négociation, mais aussi et surtout car la volonté exprimée est d’aller encore plus loin que la loi El Khomri dans le champ de ce qui ressort de l’entreprise au détriment de la loi et de la branche. De très nombreux travailleurs de petites et moyennes entreprises, le plus souvent sans représentation syndicale forte, en feront les frais.
Toute la gauche opposée au gouvernement Macron-Philippe ne doit mettre en avant qu’une seule chose d’ici le premier tour des législatives : pour ne pas détruire un peu plus le Code du travail, il ne faut pas donner une majorité à En Marche ! et à tous ceux qui se réclament de la majorité présidentielle !
(*) Cette formule attribuée à Guizot (1787-1874) résumait bien l’esprit de la bourgeoisie de l’époque. Homme politique, François Guizot était aussi historien. Karl Marx, qui fut d’ailleurs expulsé de Paris sur ordre de Guizot en 1845, reconnaissait (tout comme Tocqueville et Renan) ce qu’il devait à ses travaux : Guizot développa, dans son « Histoire de la révolution en Angleterre » en 1826, « une conception de l’histoire dans laquelle le rôle des classes sociales l’emportait sur celui des grands hommes. Marx y puisa ses réflexions sur la lutte des classes ». (Gilles Richard : « Histoire des droites en France »).