Je reproduis ci-dessous un court texte du Centre d’Histoire du Travail annonçant le décès de Georges Prampart. Il était, avec son homologue de la CFDT, Gilbert Declercq (1919-2004), l’une des figures du mouvement syndical qui a marqué le jeune militant syndical que j’ai été dans les années 70-80. Tous deux ont animé en Loire-Atlantique des luttes « exemplaires » (notamment la grève des métallos de 1955). Tous deux, malgré leurs divergences et leur appartenance à des organisations différentes, ont toujours mis en avant la nécessité de l’unité d’action. Ils étaient également tous deux syndicalistes mais aussi militants politiques de gauche.
J’ai rencontré Georges Prampart pour la première fois au printemps 1973 lors d’une « intersyndicale » au local de la fédération des conseils de parents d’élèves (FCPE). J’y représentais les comités lycéens contre la loi Debré (CCLD) et Georges l’Union départementale CGT. Nos chemins se sont à nouveau croisés lors de l’appel « Pour l’union dans les luttes » (*) au début des années 80, initié localement notamment par son camarade Roger Rousselot. Ensuite ce fut, par exemple, pour l’animation dans le département de la campagne présidentielle de Pierre Juquin en 1988.
Georges Prampart était toujours présent dans de nombreuses manifs. Nous conversions alors régulièrement, et aimions aborder tous les sujets de l’actualité sociale et politique. Jojo, nous ne pouvons que te dire merci, et sois sûr que nous sommes nombreux à vouloir continuer tes combats.
Sa vieille carcasse de métallo n’a pas résisté à l’opération devant lui redonner un cœur de jeune homme.
Pour tous, il était Jojo ou « le Papou », un homme franc, direct et chaleureux. Il avait fait ses gammes syndicales dans la Navale nantaise au sortir de la guerre. Repéré par ses talents oratoires et la vigueur de ses convictions, il était devenu l’une des figures centrales de la CGT de Loire-Atlantique, dans la métallurgie tout d’abord, puis dès 1970, dans l’Interprofessionnel, devenant secrétaire de l’Union départementale. Il y défendra un syndicalisme de combat mais non sectaire, s’ingéniant à ce que l’unité d’action, vivante localement depuis les grandes grèves de 1955, ne meure pas, victime des stratégies confédérales nationales des uns et des autres. Ses prises de position iconoclastes lui coûtèrent son poste de secrétaire départemental en 1982.
Après quelques années difficiles, il avait repris le chemin des manifs, celui de la MHT, de Nantes-Histoire et du CHT (dont il contribua à la création en 1981). Sa mémoire phénoménale nous fut d’un grand secours pour identifier les centaines de photographies conservées dans le fonds de l’UD CGT. De fil en aiguille, nous l’avons également convaincu de la nécessité de témoigner, ce qu’il finit par faire. Nous découvrîmes alors un peu plus l’homme sous la carapace du syndicaliste chevronné.
Jojo, c’était un cœur énorme, généreux, insatisfait, toujours en colère contre l’Europe libérale, le dumping social et fiscal, contre tout ce qui cassait ce que quarante ans de luttes ouvrières avaient arraché. Des raisons de se révolter, il en trouvait cent. Il était comme ça, Jojo. Et sa couleur préférée, c’était le rouge.
En juin 2009, Georges Prampart était l’invité de Bouquins en Bretagne sur Alternantes FM. Vous pouvez écouter son interview sur la page suivante : http://www.alternantesfm.net/podcasts/
(*) Pour l’union dans les luttes en Loire-Atlantique (1979-1982) article de Jean Guiffan dans Place Publique n°20 (mars-avril 2010)
RT @ericthouzeau: Hommage au syndicaliste Georges Prampart http://t.co/RgkqBnm1tN