Quoi de plus légitime, quoi de plus ordinaire, que de profiter d’une période de Congrès pour affirmer ses idées et pour convaincre de la pertinence, de l’actualité de ses opinions ? Quoi de plus normal, au fond, de mener un combat politique lors d’un Congrès du Parti socialiste ?
À cet égard, je souhaite remercier tous ceux qui, convaincus de l’urgence d’un sursaut de notre parti, ont fait le choix de ne pas se taire. Ont fait le choix de dire, de proposer, de convaincre que le Parti socialiste pouvait -devait- être le plus grand parti politique de France. Celui qui influe et qui compte. Je souhaite remercier ceux qui, l’espace d’un Congrès, se sont permis de penser qu’il n’y avait pas qu’un chemin possible et que nous pouvions collectivement redresser la barre d’un parti en difficulté, qui perd des adhérents, qui perd des batailles électorales, toutes les élections depuis que nos camarades sont aux plus hautes responsabilités. Et le fait que des milliers de militants aient, l’espace d’un Congrès, dit leur colère, leur amertume, leur incompréhension, cela produit déjà des effets.
Cela a concrètement contraint notre direction nationale, dès l’écriture du texte de la motion A, à remodeler, à penser des inflexions, pour parvenir à rassembler une majorité autour d’un projet. Quand, en plein débat sur le travail du dimanche, les camarades du Parti socialiste se lèvent, expriment leurs désaccords, cela crée des effets et contraint notre direction nationale à modifier la virgule. Et si ça n’est pas suffisant, et ça ne l’est pas, cela prouve tout de même qu’il est possible de faire bouger les lignes, de convaincre, de contraindre notre direction à écouter sa base militante. Et c’est déjà une point de marqué. Evidemment, le débat n’est pas clos sur ce point.
Avec les camarades de la motion B, nous nous étions fixés des objectifs. D’abord, une ligne de conduite : reprendre le chemin des idées, réaffirmer nos fondamentaux. La répartition du temps de travail, la protection des salariés, le combat pour l’égalité réelle, la réforme de nos institutions, la redistribution des richesses, la question des salaires.
Ensuite, inventer le rôle de notre parti quand nous gouvernons. Il n’est jamais simple de trouver sa place quand ce sont nos camarades qui sont au gouvernement -personne ne l’ignore-. Et c’est bien parce que notre rôle n’est pas aisé qu’il nécessite d’être réfléchi, pensé. On ne peut pas être les observateurs d’un parti fermé pour cause de gouvernement.
Contrairement à ce que j’entends parfois, nous pensons qu’il est possible de réussir ce quinquennat. Ce n’est pas une question de foi ni de croyance mais bien de direction, de choix politiques, d’ambition pour les travailleurs de ce pays.
Le problème fondamental de la gauche au pouvoir, c’est que trop souvent elle ne tient pas ses engagements. C’est qu’elle déroge à ses principes. C’est qu’elle oppose la gauche de gestion à la gauche de transformation. Comme si pour bien gérer il fallait se renier ! Il fallait s’effacer ! Mettre de côté la redistribution, oublier les fondamentaux, oublier les rapports de domination et d’exploitation.
Au Parti socialiste, nul camarade n’est spécialiste de la contestation, de l’agitation. Avec la motion B, très concrètement, nous avons formulé des propositions, mis des projets sur la table. Nos parlementaires signataires de la motion B ont, par exemple, raison de mettre en avant la reconnaissance de l’épuisement au travail comme maladie professionnelle. Ils ont raison de croiser le fer contre la « rente bancaire » et les frais bancaires. C’est du concret. C’est du tangible. C’est le quotidien des Français.
Quand nous disons depuis des mois qu’il faut cibler le CICE aux entreprises qui en ont vraiment besoin, qu’il faut renforcer la lutte contre l’évasion fiscale, séparer vraiment les activités bancaires spéculatives des activités vers les entreprises et les ménages, sortir les investissements d’avenir du calcul du déficit, mener réellement ce combat à l’échelle européenne, lutter contre la rente immobilière et foncière, soutenir l’hôpital public, nous assumons nos idées, nos ambitions pour la France.
Quand nous proposons un agenda des réformes, « quinze mois pour retrouver le sens du progrès », nous faisons le pari de la réussite du gouvernement.
Chers camarades, au-delà des résultats de nos scrutins internes, il existe une réalité incontestable. Les salariés de notre pays, qui nous ont fait confiance en mai 2012, sont déçus. Ils sont déçus quand ils ne sont pas en colère. Ils sont en colère quand ils ne sont pas écœurés. Et cela produit deux choses. La première, c’est la désaffection d’une partie de notre électorat. Alors on ne vote plus Parti socialiste, en tous les cas beaucoup moins. Et la deuxième est la conséquence de la première : quand nous perdons les élections, d’autres les gagnent ! Et quand nous perdons du terrain, des bastions politiques, les conditions de vie régressent. Bien sûr ici nous sommes plus épargnés qu’ailleurs mais l’exception ne fait pas la règle !
Notre bataille politique, elle se joue contre la droite et l’extrême-droite. Nous sommes clairs. Mais pour cela, nous devons réveiller notre Parti. Les trois années que nous venons de traverser sont une blessure. Notre seul remède c’est l’action collective. Alors nous avons fait le choix de peser de toutes nos forces dans la bataille. Et, je le crois, d’autres ont exprimé cette même blessure, en signant d’autres textes, et, dans notre fédération, en déjouant tous les pronostics mettant à mal la majorité absolue de la motion A.
Dans les résultats de ce vote, il y a des motifs d’espoir mais il y a aussi des exigences que nous rappellerons partout au sein des espaces de discussions de notre organisation. Nous parlerons redéploiement du pacte de responsabilité, justice fiscale, dotations des collectivités locales.
Nous serons là, avec d’autres, pour obtenir ces fameuses inflexions.
Nous avons fait le pari d’une gauche aux idées neuves, celle d’une puissance publique forte, d’une régulation assumée. Une gauche qui refuse la progression des inégalités et qui ne fait pas l’impasse sur la survie de la planète, et donc une gauche éco-socialiste. Une gauche qui ne supporte plus l’abstention massive, la progression de l’extrême-droite. Une gauche qui regarde ce qui se passe en dehors de nos frontières, qui ne craint pas Podemos.
Notre Premier secrétaire national dit craindre Podemos ! Mais enfin, mes camarades, pourquoi ne pas essayer de comprendre ce qui se passe en Espagne ? Podemos a su rassembler sur un programme de gauche et a battu la droite. Podemos a permis à des milliers d’Espagnols de croire à nouveau en la capacité de la politique à changer la vie. Alors Podemos, comme Syriza, ce ne sont pas des modèles, ce ne sont pas des trophées, mais leurs victoires récentes peuvent nous éclairer sur ce que doit être un Parti socialiste innovant, qui fait vivre en son sein la démocratie, qui mette en place des agoras, des universités populaires… Bref, qui ouvre les vannes et qui fait le choix de se tourner vers l’extérieur. Une gauche qui ne craint pas.
Pas de faux débats entre nous. En Loire-Atlantique, la motion A, emmenée par Fabrice, recueille 46 % des voix. 46 % c’est une majorité de voix mais ça n’est pas la majorité seule. Cela signifie que demain, quelque soit le Premier secrétaire fédéral désigné, il devra travailler et composer avec l’ensemble des socialistes de cette fédération. Et pour que nous réussissions tous ensemble, il nous faut rompre avec les pratiques qui sont les nôtres actuellement, parce qu’elles ne fonctionnent pas et que partout, dans la fédération, nous avons perdu des militants, des adhérents. Et que, au-delà des légitimes discussions d’orientation politique que nous aurons -et nous en aurons- il nous faudra démontrer la capacité à rassembler la famille socialiste.
Alors posons des actes. Rompons avec les pratiques qui éloignent. Laissons la place aux militants qui souhaitent investir le Parti socialiste. Et, en premier lieu, partageons-nous les responsabilités. Partageons le travail ! Le partage du pouvoir, le partage du travail, c’est une idée bien socialiste, non ?
D’abord le non cumul des mandats. Nous avons adopté des règles, voté des principes, validés au niveau national. Et pourtant nous ne les respectons pas. Ça n’est pas possible, ça n’est pas acceptable. Si demain ma candidature recueille la majorité des suffrages, nous appliquerons ce que nous avions collectivement tranché. Et puis certaines sections sont allées plus loin. C’est une bonne chose. Les militants de la section, de Saint-Nazaire appliquent le non-cumul strict. Et c’est une bonne chose. Si nous animons la fédération, nous proposerons au débat de toutes les sections la question du non-cumul des mandats et du non-cumul dans le temps.
Ensuite, le lien entre le Parti et les collectivités. N’éludons pas la question. Comme nationalement, nous devons trouver l’équilibre, nous devons trouver la juste place de notre organisation politique dans un département où nous gérons -et c’est heureux- les grandes collectivités. Nous devons nous interroger sur le poids des élus dans nos instances. Nous devons regarder le poids du personnel politique dans nos fichiers d’adhérents, sans polémique inutile mais bien pour comprendre à quoi ressemble notre Parti, un Parti qui se resserre et dont la sociologie devient plus étroite chaque jour, un Parti dont les liens se distendent avec les militants syndicaux et associatifs. Et ce travail, nous le mènerons ensemble.
Nous ferons des propositions fortes dans la circulaire électorale. Car, comme au niveau national, vous l’avez compris, nous présentons une candidature au niveau fédéral. Et, très concrètement, très formellement, nous souhaitons montrer qu’il est possible de faire autrement, d’innover, de changer l’organisation fédérale, de bousculer nos habitudes. Alors je ne me présenterai pas seul au poste de Premier secrétaire fédéral. Nous présenterons un binôme, un « ticket » !
Ce binôme, nous l’avons conçu comme une alliance des territoires, des âges, des pratiques et des idées politiques. Je présente ma candidature au poste de Premier secrétaire fédéral. Chloé Le Bail brigue le poste de Première secrétaire fédérale adjointe. Et, pour tisser notre idée jusqu’au bout, nous formulons une proposition qui œuvrera au rassemblement. Élus, nous proposerons également à la motion A et à la motion D un poste de Premier secrétaire adjoint. Parce que, mes camarades, du travail nous en avons pour tous, parce que jamais nous ne serons assez nombreux pour faire vivre notre fédération. Et que je suis convaincu que les débats politiques, nécessaires, légitimes, que nous avons -et que nous aurons entre nous-, ne peuvent empêcher le rassemblement.
Et j’en finirai ici, par le rassemblement. Le Congrès du Parti socialiste est un temps de débats internes mais ne soyons pas naïfs, il intéresse nos électeurs, il intéresse le peuple de gauche. Et nous ne pouvons pas terminer ce Congrès, dans cette fédération, là où une majorité des adhérents a choisi de ne pas voter pour la motion A, pour le texte des sortants, en reconduisant les mêmes visages et les mêmes pratiques. Parce que les adhérents nous diront que c’est un coup pour rien. Parce que les électeurs nous diront que c’est un coup pour rien, nous boudant un peu plus chaque jour dans les urnes et parce que nos partenaires de gauche nous diront que c’est un coup pour rien. Rien ne serait plus terrible, en effet, de se couper de ceux qui, encore un peu du bout des lèvres parfois, nous soutiennent, ceux qui sont, encore une fois, prêts à nous tendre la main.
Nous gagnerons demain si dès aujourd’hui nous mettons toutes nos forces dans le combat pour l’unité. Unité du peuple de gauche, unité des partis de gauche : autour de projets, autour de programmes, dans nos collectivités, dans la rue. Et cela mes chers camarades, nous le réaliserons, en montrant que nous avons entendu, que nous avons compris, en exigeant dès demain des inflexions politiques et en renouvelant les pratiques au sein de notre fédération.
RT @ericthouzeau: #congrèsPS44 Rénover les pratiques : un binome Éric Thouzeau @Chloelebail pour la @fede_ps44
http://t.co/GCKUHlTPXQ
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