Aucune bonne leçon n’a décidément été tirée par le Président de la République de la défaite des municipales : après la nomination de Manuel Valls comme premier ministre, celui qui n’avait fait que 5 % aux primaires et qui représente à gauche ce qu’il y a de plus à droite, c’est maintenant l’annonce d’un plan d’austérité qui n’a rien à envier à celui de Fillon en 2011, et que le Parti Socialiste avait alors, à juste titre, combattu. (Voir le communiqué du PS de novembre 2011).
Poursuite du gel du point d’indice des fonctionnaires (*), blocage des retraites et des prestations sociales, ou encore report de la revalorisation du RSA prévue dans le cadre du plan de lutte contre la pauvreté… Autant de mesures que la gauche a toujours combattues, autant de mesures qu’il nous faut aujourd’hui refuser !
L’austérité prônée par Valls touche le cœur du salariat, tous ceux qui ne vivent que de leurs salaires directs ou de la part socialisée des salaires (salariés en activité, en retraite ou privés d’emploi). Cette austérité budgétaire va de nouveau ralentir sensiblement l’activité économique avec une diminution de la croissance, pourtant déjà bien faible (**). Les 30 milliards accordés au patronat, sans contreparties et sans distinguer les petites des grosses entreprises, ne serviront à pas grand-chose… Sinon à augmenter les dividendes des actionnaires ! En l’absence de demande, les entreprises n’ont guère de raison d’embaucher ni même d’investir.
A la veille d’élections européennes importantes (***), et alors que Martin Schulz, candidat du PSE, affirme avec raison que « l’austérité en Europe est une erreur », il est incompréhensible de voir un gouvernement de gauche suivre ce chemin de l’austérité en France. Manuel Valls entraîne notre pays dans la course au moins-disant social engagée par plusieurs de nos voisins européens, et s’inscrit dans le carcan budgétaire imposé par le TSCG dans la zone Euro. Et Valls s’incline au lieu de résister et de faire des élections européennes un référendum pour ou contre la politique libérale de Barroso-Merkel !
Des écrans de fumée sont également mis en place. Manuel Valls annonce 11 milliards de baisse de dotation aux collectivités locales, et pour éviter que l’on en discute, il prône la suppression des Conseils départementaux et la division par deux du nombre de Régions. Quelle que soit l’organisation retenue des pouvoirs locaux au sein de la République française, des services publics de proximité ne seront possibles qu’avec des financements suffisants. L’appauvrissement programmé des territoires est inacceptable ! 70 % de l’investissement public dans ce pays est effectué par les collectivités locales : remettre en cause cette capacité d’investissement au plus près des besoins risque d’affecter un peu plus la croissance.
Heureusement, de nombreux députés socialistes osent aujourd’hui exprimer leurs désaccords. Il faut les soutenir et leur dire qu’ils ne sont pas seuls. Et l’alternative n’est pas la soumission des parlementaires socialistes ou la dissolution. Il y a une majorité de gauche, au Parlement comme dans le pays, une majorité Rose-Rouge-Vert (PS-FdG-EELV) ! Il y a une majorité pour faire une politique de gauche !
(*) 7 ans de blocage de la valeur du point d’indice, c’est au moins 5 % de perte de pouvoir d’achat pour les salariés des fonctions publiques.
(**) De 2012 à 2014, la résorption de 2,6 points du déficit structurel se solde par une baisse nette du déficit public de seulement 1,3 point, car l’impact négatif sur la croissance creuse la partie conjoncturelle du déficit.
(***) La question est de savoir qui de la droite ou de la gauche sera à la tête de la Commission européenne et majoritaire au Parlement européen.
je rajouterais la baisse de l’impot sociétés de 33,33 % à 28%,et la suppression de la CSS*,soit 7 à 8 points de cadeau fiscal – sans contrepartie aucune- représentant une perte de recette fiscale pour le Budget de 10 milliards d’euros (sur la base de l’IS collecté pour 2012).
D’un coté 11 Mds de moins aux collectivités,de l’autre 10 Mds minimum de + aux actionnaires…..
Sarko en a revé,Hollande l’a réalisé!
*contribution sociale de solidarité
Et si un jour le FN prenait le pouvoir?
Les socialistes au gouvernement nous diraient sûrement « si on avait su, on aurait fait une VRAIE politique de gauche ».
Je n’ai pas voté contre Sarkosy en 2012 pour cautionner cette politique là…
« La porte du bonheur est une porte étroite
On m’affirme aujourd’hui que c’est la porte à droite
Qu’il ne faut plus rêver
Et qu’il est opportun
D’oublier nos folies d’avant 81 »
Jean Ferrat « la porte à droite » 1985 album « je ne suis qu’un cri » à réécouter…