Comme c’était prévisible, Macron donne tous les garanties possibles à la classe dirigeante : son gouvernement est clairement orienté à droite avec des ministères-clés pour des personnalités LR. Quant à la ministre du travail, qui a siégé dans de nombreux conseils d’administration, elle connaît bien les « relations sociales »… plus du côté patronal (Dassault, Danone…) que du côté syndical. Et qui prend-elle comme directeur de cabinet ? Un homme qui vient du Medef.
En Allemagne, c’est aussi un DRH, celui de Volkswagen, qui a été à l’origine des réformes du marché du travail de 2003 à 2005 avec notamment les mini-jobs à 400 euros, le licenciement assoupli, la réduction des indemnités du chômage, le durcissement des conditions d’indemnisation… La hausse de la pauvreté en Allemagne est telle que même le FMI vient de s’en inquiéter dans son rapport annuel (1) !
La flexibilité : un discours archaïque
Macron s’attaque tout de suite, comme il l’avait promis, au Code du travail en mettant en avant une vieille lune libérale : si le chômage est élevé c’est que les salariés sont trop protégés. Depuis 2002, plus d’une dizaine de réformes ont remis en cause la hiérarchie des normes et remis en cause les droits des salariés (2). Cela n’a pas fait diminuer le chômage ! Bien au contraire !
Le discours est archaïque, le même depuis 30 ans : on va d’abord « flexibiliser », puis on développera le volet « sécurité ». Or fait remarquer Patrick Artus, économiste de Natixis : « comme il sera plus facile de licencier, les entreprises vont commencer par ajuster leurs effectifs et on va perdre des emplois… il faut prévenir les français que l’on aura d’abord une montée du chômage et une rotation vers des emplois bas de gamme » (3). Avec les économistes atterrés, nous disons : « si les entreprises n’embauchent pas suffisamment, c’est faute de demande. Les salaires stagnent, or l’activité et la croissance économique dépendent des salaires. Ce n’est pas en précarisant davantage les salariés qu’on remplira les carnets de commande des entreprises ». (4)
Macron trouve que la loi El Khomry n’allait pas assez loin. Le Medef, par la voix de l’un de ses vice-présidents appelle à donner une majorité à Macron « pour que les ordonnances puissent passer. Le débat a assez duré » (5). Macron et ceux qui veulent s’inscrire dans la majorité présidentielle : candidats du Medef ? Oui assurément.
Se mobiliser aujourd’hui pour reconstruire la gauche
La reconstruction d’une gauche sociale passera d’abord par la participation aux mobilisations initiées par les organisations syndicales de salariés : dès le mois de juin en défense du Code du travail et pour une protection accrue des salariés déjà fragilisés par la montée de la précarité. Cela nécessite aussi de débattre entre toutes les sensibilités de la gauche : de l’analyse du capitalisme contemporain, de l’actualité de l’opposition Capital-Travail, des formes actuelles de la lutte des classes, tout en y intégrant pleinement la question écologique.
(1) Le FMI alerte sur la hausse du risque de pauvreté en Allemagne
(2) Anne Frétel : La réforme du droit du travail : le nouvel impératif économique
(3) Juliette Collen AFP 19 mai
(4) Anne Eydoux du collectif des économistes atterrés (source AFP)
(5) Thibault Lanxade France Inter le 21 mai
Je partage. Amicalement