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Pour inverser la courbe du chômage…

Écrit le 30 janvier 2013 par Éric Thouzeau

Manifestation syndicale européenne contre l'austéritéCandia, Goodyear, PSA, Renault, Banque de France, Sanofi : des salariés de ces différentes entreprises ont manifesté ensemble cette semaine. Les fonctionnaires sont quant à eux appelés à cesser le travail et à manifester jeudi à l’appel de CGT, FSU et Solidaires. Il n’y a rien d’anormal à ce que l’action syndicale se poursuive. C’est même le b.a.-ba  de l’indépendance syndicale. Quel que soit le pouvoir en place, les syndicats se doivent de défendre ce qu’ils estiment être les intérêts des salariés. Les questions d’emploi et de pouvoir d’achat sont toujours aussi cruciales, il est logique qu’elles suscitent des mobilisations. Je pense même que c’est une chance pour le PS et l’ensemble de la gauche. Si le gouvernement de gauche n’était soumis qu’aux pressions du Medef, certains  pourraient être amenés à penser que le combat droite-gauche ne se situe plus que sur les thématiques sociétales. La question du mariage pour tous est bien sûr importante quant à l’égalité des droits que la gauche se doit de toujours porter. Mais le marqueur fondamental entre la droite et la gauche reste et restera toujours la question sociale.

Droit de vote des étrangers, régularisation des travailleurs sans-papiers

Jean-Marc Ayrault a raison de remettre en avant le droit de vote pour les étrangers. C’est une question d’égalité des droits : que ceux qui travaillent et déclarent des revenus sur un territoire puissent élire leurs représentants, ceux qui décident de l’utilisation de l’argent public. Elle doit absolument trouver une issue positive le plus rapidement possible. Cela doit permettre aussi de reposer la question de la régularisation de tous les travailleurs sans-papiers, question éminemment sociale, puisqu’il s’agit de lutter aussi contre l’utilisation par certains employeurs d’une main-d’œuvre bon marché car clandestine. Barack Obama semble enfin prêt à s’attaquer à cette question aux USA. Pourquoi pas nous en France ?

Pour inverser la courbe du chômage, relance et investissement public

Lutter contre le chômage, c’est la feuille de route du gouvernement. Mais la crise financière et économique n’est pas terminée. L’envolée actuelle des bourses est déconnectée de l’économie réelle. « Les banques ne jouent toujours pas leurs rôles de courroie de transmission de l’argent aux ménages et aux entreprises. Les entreprises n’investissent pas, le chômage explose, qui promet de grever un peu plus les budgets et d’hypothéquer une éventuelle reprise » (1). L’investissement privé est en panne, l’investissement public ne doit pas fléchir, bien au contraire. À titre d’exemple et à l’occasion du budget primitif de notre Conseil régional, l’opposition régionale en Pays de la Loire nous propose une véritable cure d’austérité à travers 72 amendements. Si ces derniers étaient adoptés, l’investissement dans notre Région serait gravement en danger ! La majorité régionale de gauche défend au contraire un budget offensif au service de l’emploi et de l’activité économique, notamment grâce à un effort de plus de 600 millions d’euros. Ce qui est vrai au plan régional doit l’être au niveau national. Sans politique volontariste de relance, il est vain de penser que les déficits publics se résorberont. Seule une véritable reprise économique permettra des rentrées fiscales à la hauteur des besoins. Cette reprise doit être suscitée, favorisée…même au détriment d’un déficit public supérieur à 3% du PIB. C’est le moment alors que même les brillants économistes du FMI reconnaissent s’être trompés sur les conséquences pour les populations des mesures d’austérité qu’ils ont toujours préconisés.

Comment lutter contre les licenciements boursiers ?

Les bourses s’envolent à nouveau, de façon irrationnelle et inquiétante. On peut craindre que tous les mécanismes qui nous ont entraînés dans la crise sont toujours opérationnels. C’est d’autant plus vrai que les dirigeants des plus grandes entreprises ont toujours un intérêt personnel à ce que ce système perdure. Leurs rémunérations sont toujours aussi faramineuses (et scandaleuses), d’autant qu’elles ne sont corrélées ni avec la réussite ni avec les bénéfices de leurs sociétés (2). C’est en fait la seule satisfaction des actionnaires qui compte. Cela amène à des désastres industriels, cela ne doit pas continuer. Or on voit toujours des exemples de groupe dont le cours des actions monte à l’annonce de licenciements. C’est ce qui nous avait amené à préconiser une lutte contre les « licenciements boursiers ». Ce terme est évidemment général, et rend compte de situation diverses. Ne faut-il pas tout simplement introduire dans la loi le fait qu’il n’y ait pas de licenciement économique possible d’un salarié « si, dans l’exercice comptable de l’année écoulée,  l’entreprise a distribué des dividendes aux actionnaires » (3) ? Cela n’est bien sûr pas de la même tonalité que l’accord signé sous la houlette du Medef  qui entend au contraire rendre plus faciles et plus rapides les licenciements économiques. Lors de la discussion qui va s’ouvrir à l’assemblée sur ce sujet, la majorité de gauche doit avoir à cœur de renforcer les droits des salariés. Il faudra pour cela tenir compte de l’avis des syndicats non-signataires, qui, il faut le rappeler, recueillent aux élections professionnelles plus de voix que les organisations signataires de cet accord avec le Medef.

Contrôle public des aides aux entreprises

La région s’engage pour favoriser l’emploi dans de nombreuses filières économiques. Cela s’accompagne évidemment d’une volonté de contrôler l’usage des fonds publics aux entreprises. C’est ce qui a nous a amené notamment à mettre sur pied une Commission régionale de suivi des aides publiques régionales (CRESA) dans laquelle j’ai l’honneur de siéger. Au plan national, cela ne devrait-il pas se traduire, par exemple, par une loi stipulant que  « les établissements ou entreprises qui bénéficient de subventions publiques, sous quelques formes que ce soit, s’engagent pour conserver le bénéfice de ces aides à ne réaliser aucun licenciement autre que ceux pour motif personnel ou économique. A défaut, celle-ci est tenue de rembourser la totalité des  aides publiques qu’elle a perçues aux autorités qui les ont octroyées » (3) ?

(1)   L’exubérance des marchés Audrey Tonnelier Le Monde du 30 janvier

(2)   Hervé Le Bras, La Recherche février 2013

(3)   Proposition de loi soutenue au sénat par les élus PS, PCF, EELV le 12 février 2012


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