Le danger Le Pen a été écarté. L’heure de la reconstruction d’une gauche rose-rouge-verte a sonné. Elle se se fera dans l’opposition à la majorité présidentielle macroniste.
10 millions d’électeurs (34%) se sont exprimés pour la candidate de l’extrême-droite. C’est trop, beaucoup trop ! Tous ne sont pas des xénophobes, des nostalgiques de l’Algérie française ou des fillonistes déçus. Beaucoup expriment une désespérance et une colère populaire à laquelle la gauche n’a pas su fournir des réponses.
Un Président déjà minoritaire
Avant même sa prise de fonction, ce président suscite plus de rejet que d’adhésion. Déjà au premier tour, ils étaient nombreux ceux qui avaient voté pour le banquier d’affaires pour éviter un duel Fillon-Le Pen. Le score du deuxième tour ne peut, lui non plus, être interprété comme un appui au projet libéral de Macron, car les électeurs de gauche ont massivement voté contre Le Pen ce 7 mai et non pour Macron.
On constate aussi une augmentation du nombre de bulletins blancs, et un accroissement de l’abstention par rapport au 23 avril : de nombreux électeurs de gauche n’ont pas voulu voter Macron pour s’opposer à Le Pen, n’ont pas voulu utiliser le bulletin à son nom de peur qu’il assimile ce vote à un soutien à son programme de droite.
Minoritaire dans le pays, Macron aura pourtant à cœur d’obtenir aux élections législatives une majorité parlementaire. Avouons que la division et le sectarisme qui se développent à gauche risquent de lui faciliter la tâche. Il faut, partout où cela est encore possible, travailler à des candidatures d’union aux législatives.
C’est le sens du communiqué commun signé par des responsables et élus socialistes, écologistes, communistes et non-encartés publiés dimanche soir à Nantes. Partie prenante de cette démarche, je participerai à toutes les initiatives qui permettront d’ici les 11 et 18 juin, mais aussi au-delà, d’affirmer le rassemblement d’une gauche rose-rouge-verte d’opposition à la majorité présidentielle macroniste.
Dans la majorité ou dans l’opposition ?
David Samzun, qui a voté Emmanuel Macron dès le premier tour écrit qu’il a « trouvé dans le programme d’Emmanuel Macron une offre politique équilibrée (…) qui mérite attention et soutien ». Il en tire la conclusion que les socialistes doivent « prendre part aux coalitions dont Emmanuel Macron aura besoin s’il se trouve élu le 7 mai ». Christophe Clergeau emboîte le pas au maire de Saint-Nazaire et souhaite « un contrat de législature autour du Président de la République pour les 5 ans qui viennent ». Manuel Valls, qui veut lui aussi intégrer la majorité présidentielle, ferait-il des émules localement ?
C’est bien là le désaccord qui va traverser le Parti socialiste et qui doit être éclairci avant les législatives. Les citoyens de gauche, voudront savoir s’ils vont voter pour des députés d’opposition ou des députés de la majorité gouvernementale. Le Parti socialiste depuis sa refondation au congrès d’Epinay en 1971 s’est toujours prononcé contre l’alliance avec tout ou partie de la droite. Un soutien à un gouvernement Macron serait une rupture inacceptable pour nombre de militants socialistes.
Je ne saurai pas, pour ma part, voter (et encore moins faire campagne) pour des candidats qui ne répondraient pas clairement à cette question : « candidats qui vous réclamez de la gauche, serez-vous ou non dans l’opposition à Emmanuel Macron ? ».