La préparation de la dernière session du Conseil régional des Pays de la Loire a été notamment marquée par les propositions de la droite concernant l’apprentissage : apprentissage dès 14 ans, travail de nuit pour les apprentis, remise en cause du statut des enseignants dans les lycées professionnels, nomination des chefs d’établissement sur proposition du Président du Conseil régional… Une droite dure, totalement décomplexée et 100% réactionnaire !
Pour ma part, je devais intervenir en session sur les rapports concernant l’environnement mais aussi le logement. Je reproduis ici l’intervention que j’ai faite au nom du Groupe Socialiste sur ces deux sujets.
Aujourd’hui, 70% du territoire régional est couvert par des actions visant à protéger la qualité des eaux et la biodiversité. Notre Région possède 20 Réserves naturelles et 4 Parcs Naturels Régionaux répartis dans les cinq départements de la Région. Notre Région s’est beaucoup impliquée dans la protection de la biodiversité et plus largement de l’environnement au cours des deux précédents mandats.
Et pour cause, on recense aujourd’hui 715 plantes ou espèces menacées en Pays de la Loire. 40% de la flore régionale est en situation précaire. Côté faune régionale, le tableau n’est pas plus reluisant : 37% des mammifères, 50% des reptiles, 65% des amphibiens et 34% des oiseaux nicheurs sont menacés. Il y a donc urgence à agir, à arrêter l’érosion de la biodiversité !
La biodiversité renvoie à la diversité des organismes vivants, et plus particulièrement à l’interaction entre ces différents organismes, qu’il s’agisse de la faune, de la flore, des bactéries, des gènes… L’être humain fait donc partie de la biodiversité. Notre préoccupation, ce n’est pas de sauver notre planète, qui a certainement encore plusieurs milliards d’années devant elle, mais bien de sauvegarder les conditions d’existence et de survie de l’humanité.
Limiter l’empreinte de l’homme sur son environnement, tout en améliorant la qualité de vie et en favorisant le développement de la région, voilà à notre avis le défi de la transition énergétique et écologique des Pays de la Loire.
Notre politique ne devait pas être si mauvaise puisque la nouvelle majorité ne semble pas remettre en cause la plupart des dispositifs que nous avions mis au point dans ce domaine de l’environnement.
Pour autant, nous ne sentons pas beaucoup de vision sur le moyen terme, ni tout simplement d’ambition de la part de la droite régionale sur ces sujets environnementaux. Dans ses écrits de prison, Antonio Gramsci (et, en ce qui me concerne, je ne fais pas de triangulation en citant Gramsci qui était un militant et un théoricien de gauche) (*), Gramsci écrivait : « la crise consiste justement dans le fait que l’ancien meurt et que le nouveau ne peut pas naître : pendant cet interrègne, on observe les phénomènes morbides les plus variés ». Il vaut mieux, dans ce contexte, que les responsables politiques portent une vision d’avenir sur le nouveau monde qu’ils appellent de leur vœux. On observe sinon « les phénomènes morbides les plus variés ». Rappelons que Gramsci écrivait ses lignes dans les geôles de Mussolini, dans un contexte de montée de l’extrême-droite dans tous les pays d’Europe. Toute ressemblance avec des faits actuels n’est pas, de ma part, une pure coïncidence.
Il faut donc développer une vision d’avenir : non seulement ne pas rester tourné vers le passé, mais aussi ne pas se contenter de gérer l’existant. Or dans les propositions environnementales de la majorité régionale de droite, il n’est par exemple pas question de nouveaux projets, ni même de projets en cours déjà bien amorcés par la majorité de gauche lors du dernier mandat. Je pense à l’usine élévatoire de St Nazaire (utile comme outil d’éducation à l’environnement estuarien) ou le projet de Parc Naturel Régional de l’Estuaire. Rien non plus sur les suites à donner à une étude que nous avions conduite qui concluait à la présence d’amiante « lié » dans 40 à 45% des bâtiments de notre Région, avec une présence importante dans les bâtiments agricoles (56 à 72%) et d’enseignement.
Revenons-en à l’Estuaire. L’Estuaire de la Loire et le Lac de Grand-Lieu sont des espaces naturels remarquables. Le territoire de l’Estuaire de la Loire est à la fois un site touristique d’importance, et également une vaste zone humide, fragile et méritant d’être préservée. Mais pas seulement : il s’agit aussi du poumon économique et industriel du territoire. L’objectif d’un Parc Naturel est de concilier l’ensemble de ces activités. L’étude qui a associé une quarantaine de communes et qui a conclu à la faisabilité d’un tel parc semble enfouie au fond d’un placard de la nouvelle majorité. Il serait temps de la ressortir, sauf à vouloir tuer la dynamique engagée sur ce territoire avec les différents partenaires institutionnels et associatifs.
En ce qui concerne les rapports « Renouvellement Urbain » et « Logement social et habitat des jeunes », rien ne va plus !
La Région avait adopté jusqu’à présent une politique visant à soutenir le logement social : d’abord par des aides à la construction ou à la rénovation des foyers de jeunes travailleurs, d’hébergement des travailleurs saisonniers et des étudiants. La Région aidait les quartiers les plus sensibles. Elle intervenait auprès des territoires qui relèvent de la politique de la ville. Ses interventions privilégiaient les quartiers en difficulté via les projets soutenus par l’Agence Nationale pour la Rénovation Urbaine (ANRU). Le champ d’intervention régional avait été élargi afin de prendre en considération les projets de résidences sociales et de réhabilitation de logements locatifs communaux (ou intercommunaux). Parallèlement, la dimension énergétique et environnementale dans le logement avait été intégrée.
Nous constatons aujourd’hui une claire volonté politique de renoncer à une partie de ces politiques sociales. En effet, par exemple, la ligne FRALS (Fonds Régional d’Accompagnement du Logement Social) est en forte baisse, et passe de 3M€ à 1M€. Moins 7M€ en autorisation de programme sur ces deux rapports ! 1M€ en moins pour la réhabilitation thermique du logement social, rien sur les résidences sociales. Ces logements (foyers conventionnés et agréés par l’Etat) offrent une solution de logement temporaire aux publics exclus du logement de droit commun. Ils constituent souvent une étape avant l’intégration dans le parc locatif social classique. La Région des Pays de la Loire soutenait ces projets.
La question du logement, et singulièrement celle du logement social, est au cœur des préoccupations sociales et mobilise les acteurs publics, mais aussi les acteurs locaux, financeurs et opérateurs (bailleurs sociaux notamment) et les collectivités territoriales. La crise du logement ne connaît pas de répit. Elle est chaque jour plus profonde et plus grave. Sous les effets de la crise, les habitantes et les habitants de notre pays sont nombreux à peiner pour payer leur loyer, ou à se voir contraints de vivre dans des habitats vétustes, parfois indignes et insalubres.
Nous devons aussi intégrer pleinement dans nos réflexions des mutations sociologiques profondes qui sont à l’œuvre : l’augmentation du nombre de familles monoparentales ou recomposées, le vieillissement de la population qui s’accompagne de la croissance du nombre de personnes âgées dépendantes, la paupérisation d’une partie grandissante de la population, en particulier des jeunes, et l’accroissement des inégalités.
Notre responsabilité est donc de parvenir à trouver des solutions pour que le logement soit un droit pour tous. Car un logement, c’est un bien de première nécessité.
Concernant le logement des jeunes, nous le constatons, les conditions de vie, et plus particulièrement les conditions d’hébergement, ne sont pas sans incidence sur la réussite des jeunes en formation initiale ou supérieure et des stagiaires de la formation professionnelle continue. Il apparaît donc que résoudre les difficultés de logement revient à se situer dans une approche de « sécurisation du parcours résidentiel ».
La Région des Pays de la Loire va connaitre une croissance de sa population de 900 000 habitants d’ici 2040. En parallèle, le vieillissement des habitants sera un phénomène notable. A plus court terme, sous 4 ans, 12 300 personnes âgées dépendantes supplémentaires sont attendues. Un des enjeux liés à ce vieillissement de la population réside, par exemple, dans le maintien à domicile. L’adaptation des lieux de vie devient une des conditions du maintien à domicile, et plus largement du maintien dans la vie sociale.
Pour toutes ces raisons, un désengagement de la Région est une erreur politique grave. Et nous dire que cet argent qui n’est plus mis, par exemple, dans le renouvellement urbain (donc dans les quartiers d’habitat social) servira au plan ruralité est bien illustratif de la politique de la droite qui, malgré ses dénégations, cherche à opposer rural et urbain, au lieu de viser à l’égalité territoriale !
(*) Le Sénateur-Président Retailleau a (malheureusement) l’habitude de souvent citer Antonio Gramsci…
RT @ericthouzeau: Un budget régional sans ambition mais avec de nets reculs sociaux. https://t.co/veJxETr01v
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