Le capitalisme contemporain est un système absurde, de plus en plus financiarisé et qui n’agit pas prioritairement en fonction de logiques industrielles. Il creuse les inégalités, et souvent se soucie fort peu de l’environnement. Comment est-il possible que ce système perdure ? C’est bien qu’il profite à certains.
La cupidité des « grands » patrons n’a rien à envier à celle de la bourgeoise du 19ème siècle. Tout le 20ème siècle a consisté pour le mouvement ouvrier et pour les forces politiques qui en sont issues (la gauche) à rééquilibrer le rapport de forces en faveur du Travail face au Capital. L’idéologie de l’entreprise véhiculée classiquement par la droite et aujourd’hui celle de l’entrepreneur (1) par les libéraux d’En Marche ! cherche à effacer le 20ème siècle.
Une obsession : augmenter leurs rémunérations
On a beaucoup parlé du projet permettant de verser des millions d’euros de bonus annuels à l’équipe dirigeante de l’Alliance Renault-Nissan, et notamment à Carlos Ghosn, via une société de service détenue par une fondation de droit néerlandais (2). Il a certes démenti (3). Carlos Ghosn, qui a perçu 15,4 millions d’euro en 2016, ne semble jamais avoir des rémunérations suffisantes ! Il n’exprime pas le même souci pour les salariés de son groupe.
On a beaucoup moins commenté le changement de nom imposé par Patrice Drahi à toutes ses filiales Télecom pour Altice. La marque Altice ne fait pas partie des actifs du groupe, mais appartient au fondateur en personne ! (4) Cet « actif immatériel » ( un simple nom ! ) a été mis à la disposition de son groupe gratuitement jusqu’en 2015, mais depuis contre rémunération en stocks-option : il pourrait toucher entre 360 millions d’euros et 1,1 milliard d’euros d’ici à 2021 si le cours de Bourse double ou triple (4) . Autre indication des mœurs fort peu désintéressées de ce « grand » patron : le regroupement de ses entreprise à Paris dans un bâtiment qui lui appartient personnellement. Le groupe est locataire de son propre patron ! Encore une occasion de réaliser une belle plus-value.
La crise, ce n’est pas pour tout le monde
Les exemples de ce type sont nombreux. On peut citer en 2016 le PDG du site de ventes évènementielles Vente-Privée, Jacques-Antoine Granjon et certains de ses proches qui « multiplient » les holdings au Luxembourg (5). Ou bien parler du patron du groupe Lactalis Emmanuel Besnier qui a vu sa fortune évaluée à 4,3 milliards de dollars en 2013, passer à 11,6 milliards de dollars en 2016, soit 10,4 milliards d’euros d’augmentation. « Il y a forcément un lien de cause à effet entre la baisse du prix du lait et l’augmentation de la fortune personnelle d’un homme dont l’entreprise vend des masses de produits identifiés par des marques aux grandes surfaces » (6). On pourrait également mentionner Serge Dassault dont la fortune a augmenté en 2016 de 2,5 milliards. Bref, la crise ce n’est pas pour tout le monde !
En finir avec le scandale des « grands » patrons cupides
La gauche au gouvernement pendant 5 ans n’a pas réellement voulu limiter les rémunérations des « grands » patrons. « J’aime l’entreprise » s’est écrié Manuel Valls en 2014 devant le Medef, mélangeant derrière ce vocable unique des réalités fort différentes (avec des grands groupes qui imposent des conditions draconiennes de prix à tous leurs sous-traitants par exemple). Quant à Emmanuel Macron, lui qui pense que les jeunes doivent rêver d’être milliardaires, n’a qu’une obsession : dynamiter les rigidités « obsolètes » qui entraveraient la marche des entreprises. Pas la peine de compter sur eux pour en finir avec le scandale des « grands » patrons cupides ! Le capitalisme ce n’est pas la recherche du profit mais la recherche du profit maximum… donc sans limites pensent certains. Et pourtant, est-ce utopique d’imaginer qu’aucune rémunération ne devrait par exemple dépasser 20 fois le SMIC ?
(1) La réforme du droit du travail est un projet d’entrepreneur Antoine Lyon-Caen Le Monde du 10/06/2017
(2) De potentiels superbonus pour Ghosn et ses cadres sèment la zizanie Le Monde du 13/06/201
(3) Les actionnaires de Renault entérinent la rémunération de Carlos Ghosn Le Monde 15/06/2017
(4) Quand Drahi fait des affaires avec Drahi Le Monde du 2/06/2017
(5) Le PDG de Vente-Privée adepte du double discours BFM Business du 12/07/2016
(6) L’observatoire des prix et des marges demande des comptes à Lactalis L’Humanité du 30/03/2017
[…] récente ne fait que confirmer l’article intitulé « Une bourgeoisie toujours plus cupide » que j’ai publié sur mon blog il y a quelques semaines. Depuis il y a eu le cas, par exemple, […]