Je viens de participer, au nom du Conseil régional, à l’inauguration de la Cité universitaire Madeleine Brès à Nantes (44).
Placée au cœur du campus de l’École nationale vétérinaire agro-alimentaire et de l’alimentation de Nantes-Atlantique, Oniris, la résidence Madeleine Brès (du nom de la première femme à obtenir le diplôme de docteur en médecine) propose 280 lits, studios et appartements en colocation (*). Dix mois de chantier pour 236 logements étudiants : un exploit rendu possible grâce à une construction modulaire (280 « boîtes » de 6m par 3 m, empilées en 4 mois les unes sur les autres et les unes à côté des autres). Cette technique modulaire est aujourd’hui bien maîtrisée. C’est également très performant notamment sur le plan de l’isolation thermique. La résidence Brès sera passive et consommera moins de 15kw/m2/an. L’eau de pluie sera récupérée pour les usages collectifs.
Ce projet répond aux enjeux que s’est fixée la Région et il est aussi le résultat du dynamisme dont font preuve les acteurs du développement du territoire. Cette réalisation apporte en effet une réponse adaptée aux besoins des jeunes boursiers en poursuite d’études.
Le logement, pour un étudiant, est en effet essentiel. C’est à la fois la condition de son autonomie, de son bien-être et de sa réussite. La condition de son autonomie, parce que les études supérieures correspondent souvent à la première étape de la décohabitation entre un jeune et sa famille. Premier pas vers l’indépendance, proche du rite initiatique, c’est le moment où un jeune apprend à gérer et à organiser sa vie de manière autonome. Le sociologue François Dubet appelait ce moment « l’épreuve de la personnalité » : c’est le moment où un étudiant, à l’entrée dans la vie universitaire, construit son parcours, non pas seulement en fonction de ses capacités scolaires, mais aussi en fonction de sa capacité à s’adapter à cette nouvelle vie solitaire, sans la présence de ses parents ou de ses proches au quotidien.
Le logement, c’est également la condition du bien-être d’un étudiant. Dans sa chambre, son studio ou son appartement, un étudiant fait tout à la fois. Il travaille ; il reçoit ; il se repose. Parfois même davantage… Il y passe, en tous cas, un temps considérable. D’où la nécessité de penser des logements étudiants dans lesquels les jeunes se sentent bien, dans lesquels ils se sentent chez eux, et non pas dans une situation provisoire.
Rappelons-le, le logement est surtout une condition de la réussite des étudiants. C’en est même un facteur majeur. D’abord parce qu’ils y consacrent une partie importante de leurs ressources : le logement représente environ 55% des ressources d’un étudiant autonome. Ensuite parce que, cela va de soi, le contexte dans lequel un jeune travaille a bien évidemment un impact sur ses chances de réussite. Il est sans aucun doute plus facile de réussir en vivant dans une jolie chambre de cette nouvelle résidence Madeleine Brès, qu’en demeurant dans un logement à la salubrité douteuse.
La région des Pays de la Loire connaît un taux d’étudiants boursiers de 28%, soit 32 000 étudiants. Aujourd’hui, le CROUS permet l’accueil de près de 8% de ces étudiants. Il reste encore à prévoir de beaux projets qui nous permettront collectivement d’atteindre l’objectif que nous nous fixons pour accompagner au mieux les jeunes étudiants : celui de les aider à aller le plus loin possible dans leurs études ; parce que, nous le savons, le diplôme continue à jouer un rôle déterminant dans l’insertion professionnelle des jeunes. Donnons les moyens aux jeunes de réussir et d’étudier dans de bonnes conditions ! Donnons les moyens aux jeunes qui choisissent d’étudier dans notre région !
Toutes les études montrent en effet que « se loger décemment » est une préoccupation majeure pour les jeunes. Mais la crise du logement n’affecte pas seulement les jeunes. Or, nous savons que le logement est un bien de première nécessité. Le logement doit être un droit pour tous. Et dans ce cadre, nous devons intégrer pleinement dans nos réflexions des mutations sociologiques profondes qui sont à l’œuvre : l’augmentation du nombre de familles monoparentales ou recomposées, le vieillissement de la population qui s’accompagne de la croissance du nombre de personnes âgées dépendantes, la paupérisation d’une partie grandissante de la population, en particulier des jeunes, et l’accroissement des inégalités.
Face à ces mutations, les politiques du logement sont particulièrement interrogées. Il s’agit de travailler à l’amélioration de la qualité de vie, dans les immeubles, dans les quartiers, mais aussi dans les zones rurales ou semi -rurales, pour permettre de vivre mieux. Notre responsabilité, c’est aussi d’œuvrer pour le long terme, pour anticiper les besoins. L’égalité territoriale qui me tient à cœur, c’est aussi faire en sorte que la transformation des quartiers prioritaires de la politique de la ville se poursuive.
(*) 192 T1 de 18m2 et 44 locations de 36 m2 meublés et équipés d’une kitchinette, d’une douche et de sanitaires.
RT @ericthouzeau: Une nouvelle résidence universitaire pour la réussite, l’autonomie et le bien-être étudiant https://t.co/q6i3Ooe42Z
Eric, tout n’est pas complètement idyllique dans ce projet.
La résidence a été positionnée au fin fond de l’enclave Géraudière, malgré les réticences de Nantes métropole. Sauf que le zonage PLU n’était pas opposable au permis de construire.
De plus, dans l’attente du merlon pare bruit à ériger dans le cadre de l’élargissement du périph nord, il y a intérêt que ce soit super isolé phoniquement.
Et aujourd’hui, le Crous et Oniris réclament à la collectivité publique à postériori des travaux de voirie, éclairage public et prolongation de ligne de transport !
Et il faudra bien le faire pour pouvoir rentrer en sécurité le soir en hiver quand il fait nuit à la résidence.