Du 15 au 22 janvier, j’ai participé à la délégation du conseil régional en Palestine. Au cours de ce voyage, nous avons rencontré Fathy Khudrat, animateur de la campagne « Jordan Valley Solidarity » qui soutient les populations de cette région de Cisjordanie pour leur permettre de résister : « Exister, c’est résister ».
Fathy Khudrat est de passage à Nantes à l’invitation de l’Association France-Palestine Solidarité. Il tient une réunion d’information jeudi 8 mars à 20h30 à la maison de syndicats. Nous avons eu le plaisir de l’accueillir au conseil régional, pour le remercier de son accueil lors de notre séjour en Palestine.
Voici quelques éléments de la situation dans la vallée du Jourdain (extraits d’un dossier de l’AFPS44) :
La Vallée du Jourdain couvre 30% du territoire de la Cisjordanie avec une surface d’environ 2400 km2. C’est essentiellement une région rurale. À 200m au-dessous du niveau de la mer, la vallée du Jourdain bénéficie d’un climat chaud l’été et plutôt doux l’hiver. C’est une zone agricole très fertile et très productive, donc convoitée par l’occupant israélien : agrumes, dattes, grenades, raisin, légumes de toutes sortes y sont cultivés. On produit là 60% des légumes et 40 % des citrons ainsi que la totalité des bananes…Mais la majorité de ces productions viennent de colonies israéliennes qui s’étendant à grande vitesse.
Dès 1967, 6 mois après le début de l’occupation, Israël installe les premiers check-points dans la vallée du Jourdain. Le Plan ALLON, du nom du ministre de la défense en 1967 prévoyait le contrôle de toute la bande à l’Ouest du Jourdain avec un chapelet de colonies. C’est aujourd’hui réalisé et la population palestinienne est passée de 320 000 habitants en 1967 à 56 000 habitants permanents en 2009. Comment a pu se réaliser ce nettoyage ethnique rampant ? Dans les accords d’Oslo de 1993, la Vallée du Jourdain a été classée en zone C, zone militaire sous contrôle israélien complet. Les Israéliens y définissent une zone de sécurité de 1 à3 km en bordure du Jourdain. De nombreuses zones militaires sont établies dans cette zone : leur accès est interdit aux Palestiniens, mais les colons peuvent s’y installer. Beaucoup de réfugiés ont fui en 1967 vers la Jordanie : leurs biens tombent sous le coup d’une loi édictée par Israël : les « biens des absents » sont confisqués par l’État qui les attribue aux colons.
La terre sans l’eau n’est rien. Et de l’eau, il y en a parce qu’il y a des sources… Mais cette eau est « confisquée » par les Israéliens au profit des colons. Il est interdit aux Palestiniens d’installer des infrastructures d’adduction d’eau ou d’électricité, routes, écoles : Plusieurs paysans peuvent résider à Jéricho, proche de là , mais en zone A. Les propriétaires non-résidents sur place n’ont pas le droit d’exploiter la terre qui leur appartient. L’accès à l’eau, une question majeure. La répartition de l’eau entre les familles palestiniennes relevait d’une organisation collective datant de l’empire ottoman. Aujourd’hui, ce système ne peut plus fonctionner. Les Palestiniens sont limités à des puits d’une profondeur maximum de 200m tandis que les colons creusent beaucoup plus profondément des puits qui tarissent les nappes superficielles alimentant les sources. La remontée de sel entraîne une détérioration de la qualité des eaux : il ne reste qu’une solution aux paysans palestiniens pour irriguer leurs cultures : acheter de l’eau potable au prix fort à la société israélienne qui a le monopole de la distribution de l’eau.
Les colons qui sont environ 6500 dans cette vallée bénéficient de conditions très favorables pour leur installation dans cette « zone franche ». Attribution gratuite d’une maison et de 7000 m² de terrain, le tout exonéré d’impôts par exemple. Toutes les compagnies privées ont obligation par le gouvernement israélien de leur faire 75 % de rabais sur les tarifs du téléphone ou de l’eau, les 25 % restant sont pris en charge par les organisations sionistes internationales. De cette manière, les colons, supportés par la Compagnie Carmel Agrexco peuvent faire de gros bénéfices en exportant leurs meilleurs produits en Europe tandis que les produits de seconde qualité sont écoulés à prix de dumping sur le marché local, concurrençant ainsi l’agriculture palestinienne ».
Il y a urgence à agir. C’est le sens du rapport des 27 représentants de l’UE à Jérusalem-Est pour que le Droit international soit enfin appliqué. http://www.france-palestine.org/Colonisation-israelienne-a
Ce qui est vrai pour Jérusalem l’est tout autant pour toute la Palestine où la colonisation se renforce. C’est à nous citoyens de dénoncer la fausseté des étiquetages « made in Israël » quand ils viennent des colonies, à dénoncer la collaboration de grandes sociétés ( Veolia – Orange-FT) à la colonisation et qu’il la cesse ! Les gouvernements européens doivent exiger la stricte application des Accords d’Association avec le respect des droits de l’homme.
Fathy Khudrat après avoir illustré l’oppression, le « nettoyage ethnique » en Vallée du Jourdain, le vol de la terre, de l’eau nous appelle à agir pour le respect du Droit.