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  1. Tirer les leçons d’une non-censure

    Écrit le 16 janvier 2025 par Éric Thouzeau

    Le Parti socialiste, divisé, a donc finalement décidé de ne pas voter la motion de censure présenté par les trois autres groupes de gauche de l’Assemblé nationale. Le RN-FN avait annoncé qu’il ne la votait pas, la décision du PS ne change rien au résultat final. Le Gouvernement Bayrou ne serait de toute façon pas tombé. il fallait pourtant voter la censure.

    Dans sa déclaration de politique générale, Bayrou a refusé d’abroger ou même de suspendre la réforme des retraites. L’écologie y a été réduite à la portion congrue, et Bayrou a même repris les attaques de la FNSEA contre les salariés de l’Office français de la biodiversité. Cela justifiait le vote de la censure ! D’autant que Bayrou et Lombard sont repartis du projet de budget de Barnier pour préparer leur budget qui sera présenté d’ici quelques semaines. On ne peut que craindre une cure d’austérité maintenue.

    Une position commune de toutes les composantes du NFP aurait été préférable.

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  2. Préparons le printemps du NFP

    Écrit le 7 janvier 2025 par Éric Thouzeau

    Juste avant Noël, Bayrou a présenté son gouvernement…et ce n’est pas un cadeau ! Il repose sur les mêmes forces politiques de droite, battues aux européennes et aux législatives ! Retailleau et Darmanin sont là pour s’attirer les bonnes grâces du FN-RN. Ce n’est pas la présence du très discrédité Valls qui change quoi que ce soit à ce gouvernement par rapport à celui de Barnier, ni celle de Borne, madame 49-3.

    Maintenir l’unité du NFP, créer des comités sur le terrain

    Il est assez facile de prédire que ce gouvernement connaîtra plus ou moins rapidement le même sort que celui de Barnier. Bien sûr il y a Lombard, que le quotidien patronal Les Échos ose présenter comme un banquier de gauche. Soyons plus précis : Lombard a été membre du groupe de réflexion Les Gracques, d’inspiration sociale-libérale (*). Lombard est là pour tenter d’amadouer l’aile droite du PS pour  essayer d’arracher à Olivier Faure et au PS un accord de non-censure.

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  3. Barnier est tombé, place au NFP

    Écrit le 11 décembre 2024 par Éric Thouzeau

    La crise politique, Macron en est totalement et entièrement responsable. Il a dissous dans la précipitation en réponse à une demande de Bardella. Puis il a refusé le verdict des urnes en désignant un premier ministre minoritaire et illégitime Le gouvernement Barnier est tombé. Il faut revenir à la raison : c’est au NFP de former un gouvernement. Tout autre choix aggraverait encore le chaos.

     Les électrices et les électeurs avaient mis en tête le Nouveau front populaire dans toutes ses composantes : c’est l’expression de l’aspiration forte à l’unité de la gauche. L’autre enseignement de ces dernières législatives, c’est le rejet majoritaire du FN-RN. Mais Macron n’a rien voulu entendre. Il a refusé de nommer Lucie Castets et a désigné un premier ministre de droite (Barnier) issu du rang des perdants en s’appuyant sur l’extrême-droite pour tenter de poursuivre sa politique au service des plus riches et des grandes entreprises.

    La faillite de la politique économique macroniste (« pro-business », comme « ils » disent) est patente. La baisse des impôts des plus riches et les cadeaux aux grandes entreprises ont creusé les déficits. Les projets de budgets défendus par Barnier (Sécu et Etat), avec une logique classique à droite, voulaient alors faire payer les salarié.e.s, les retraité.e.s. Et poursuivre la casse des services publics. Le RN-FN, courtisé jusqu’au bout par la droite, a eu peur de perdre une partie de son électorat (la partie la plus populaire) mécontente des mesures d’austérité de Barnier. Il a préféré voter la motion de censure de la gauche.

    Pour un gouvernement du NFP…

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  4. Train plébiscité, mais toujours menacé

    Écrit le 6 mai 2024 par Éric Thouzeau

    En Europe, le transport ferroviaire de voyageurs augmente de façon continue depuis une dizaine d’années. Le manque d’investissement dans les infrastructures et la libéralisation du secteur freinent cette progression. Le fret ferroviaire subit toujours une concurrence féroce de la route.

    Le 12 mars dernier, le Parlement européen, sur proposition de la Commission, a autorisé l’utilisation de camions plus longs et plus lourds : des méga-camions de 25 mètres de long pesant jusqu’à 60 tonnes. Jusqu’à présent, la législation européenne interdit à un véhicule de plus de 40 tonnes de traverser une frontière sans un accord préalable entre les deux pays concernés. En France, la législation limite les dimensions à 18,75 mètres de long et le poids à 44 tonnes.

    Tout cela sous prétexte d’une prétendue décarbonation du transport routier : en augmentant la part de marchandises dans le poids total du camion, la circulation des méga-camions permettrait une réduction de taux de CO2 émis par tonne de marchandise transportée. Raisonnement bien théorique, car, dans les faits, le transport de fret par la route deviendra encore plus concurrentiel, notamment par rapport à des modes de transport plus écologiques, comme le ferroviaire notamment. Sans parler de la nécessité de travaux d’adaptation sur les infrastructures routières avec cette arrivée de camions plus grands. Pour l’instant, la France a toujours refusé la circulation de ces « mégatrucks ».

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  5. Plaidoyer pour les 32 heures en quatre jours

    Écrit le 22 mars 2024 par Éric Thouzeau

    Mon ami suisse Jean-Claude Rennwald, contributeur régulier de Démocratie & Socialisme, est un auteur pour le moins prolixe. Il publie un nouveau livre, La semaine de quatre jours. Pour une révolution du temps, aux éditions de l’Atelier. À lire sans tarder !

    Si Jean-Claude Rennwald consacre son dernier livre à la semaine de quatre jours, ce n’est pas pour céder à une quelconque mode. Alors qu’il était député au Conseil national suisse (équivalent suisse de l’Assemblée nationale), il avait été à l’origine de deux initiatives parlementaires, en 1998 et en 2007, rejetées par la majorité bourgeoise de cette assemblée. Jean-Claude Rennwald inscrit cette revendication « dans la lutte historique que le mouvement ouvrier et ses organisations mènent depuis près de deux cents ans en faveur de la réduction du temps de travail »*.

    Renforcer le syndicalisme

    Jean-Claude Rennwald est clair quand il écrit : « À nos yeux, semaine de quatre jours est synonyme de 32 heures ». Il ne cache pas que sa conquête impliquera une modification des rapports de force entre le travail et le capital. Les grandes organisations patronales sont toujours farouchement opposées à la semaine de quatre jours. Jean-Claude Rennwald insiste à juste titre sur la nécessité de renforcer le syndicalisme pour mener cette bataille.

    Notre ami s’appuie sur une importante bibliographie, et documente son propos de tableaux rendant compte, chiffres à l’appui, de la situation du temps de travail dans différents pays. Il n’ignore rien des différences qui existent d’un pays à l’autre, mais son discours sait dégager des préoccupations communes. Jean-Claude Rennwald a été longtemps un des négociateurs syndicaux de la convention collective des travailleurs de l’horlogerie, il en a gardé le souci de la précision, loin de toute généralité abstraite. Chapitre après chapitre, il expose tous les avantages de cette semaine de quatre jours sans négliger les obstacles pour y parvenir.

    Vivre pour travailler ou travailler pour vivre

    En moins de 200 ans, la durée du travail a diminué de moitié dans les pays industriels. Même si certains travailleurs sont astreints à une durée du travail élevée, on n’y a majoritairement jamais aussi peu travaillé par rapport à l’ensemble de sa vie. « Pourtant, la plupart des gens affirment qu’ils n’ont pas ou plus de temps. L’allongement du temps de transport pour se rendre à son travail a en partie réduit les effets de la diminution du temps de travail ». Sans parler du temps passé sur nos écrans pour « des contenus qui n’en valent pas forcément la peine. Conséquence, nous avons moins de temps à consacrer à nos activités familiales, sociales et culturelles ».

    Jean-Claude Rennwald indique que le passage aux 35 heures en France a permis la création massive d’emplois. Alors que le développement de l’intelligence artificielle fait planer des menaces sur l’emploi, réduire à nouveau le temps de travail semble une nécessité. Il rappelle que Keynes écrivait en 1930 que travailler 15 heures par semaine suffirait pour que l’humanité subvienne à ses besoins.

    Notre camarade passe en revue de nombreux exemples d’entreprises qui expérimentent la semaine de quatre jours, en général avec un ressenti positif des salariés, mais aussi de ces entreprises dont la productivité ne souffre pas de cette diminution du temps de travail : 400 entreprises en France ont franchi le pas. Il y a aussi quelques échecs, surtout quand il s’agit de faire autant d’heures en quatre jours qu’en cinq, c’est-à-dire sans passage aux 32 heures ! Il n’est pas question que la semaine de quatre jours s’accompagne d’une intensification des rythmes de travail.

    Une utopie réaliste et mobilisatrice

    Le seul bémol avec le contenu de ce livre concerne le point de vue personnel émis par l’auteur à propos de la compensation intégrale ou non des salaires en cas de passage aux 32 heures. S’il explique bien que la CGT, par exemple, revendique une réduction sans perte de salaire, lui se prononce pour « sans baisse pour les petits et moyens revenus ». Comment engager une lutte en commençant par diviser les salariés, en opposant le balayeur et l’ingénieur ?

    Même si l’inflation de ces deux dernières années a mis au tout premier plan la revendication salariale, la question du travail (son sens, le temps que l’on y passe…) a pris de l’importance depuis la crise du Covid. Les 32 heures en quatre jours répondent à des questions sociales (l’emploi), à des impératifs de santé (physique et mentale). C’est aussi un des moyens de rééquilibrer la répartition des rôles entre les femmes et les hommes, qui aura aussi des effets positifs sur l’environnement (moins de déplacements). Pour notre ami, cela doit devenir l’utopie du XXIe siècle, une utopie réaliste et mobilisatrice, traçant « les fondements d’une société plus humaine ».

    * Toutes les citations sont extraites du livre La semaine de quatre jours.