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Tout augmente sauf les salaires !

Écrit le 20 novembre 2018 par Éric Thouzeau

Bien sûr, tout ce qui bouge n’est pas rouge comme le disait un de mes amis syndicalistes (1). Cela ne justifie pas de se tromper sur  la nature de la colère populaire qui s’est répandue dans tout le pays.

Ce que j’ai vu et entendu samedi dernier au rassemblement des gilets jaunes à la Beaujoire (Nantes), ce que l’on peut lire et entendre dans les différents médias est très clair : il s’agit avant tout d’un mouvement majoritairement composé de salariés,  et non  d’un mouvement de petits patrons ou d’indépendants. Pascal Bolo, m’interpellant sur twitter, faisait la comparaison avec le mouvement des camionneurs chiliens qui en 1973 ont donné le coup d’envoi du coup d’état de Pinochet. Totalement à côté de la plaque, Pascal Bolo !

Augmenter les salaires !

Tout augmente sauf les salaires, voilà le nœud de la crise actuelle. Malheureusement des années et des années de luttes syndicales qui ne débouchent pas amènent nombre de salariés à ne plus croire possible l’augmentation des salaires. La propagande patronale, complaisamment relayée à droite et par une partie de la gauche,  sur le soi-disant coût trop élevé du travail a fait le reste. Ce qui explique que la colère se focalise aujourd’hui sur le prix du carburant sans déboucher naturellement sur des grèves pour les salaires. Le mouvement syndical doit repartir à l’offensive sur cette question cruciale, toujours au cœur de la lutte des classes, celle de la répartition entre le Capital et la Travail.

Evidemment, on peut entendre de tout, comme dans tout mouvement de masse. Les violences (très minoritaires) de ce week-end sont aussi le produit des tensions sociales accumulées dans le pays. Il n’y a jamais de mouvement social « chimiquement » pur. Mais globalement, ce mouvement n’est pas un mouvement anti-migrants, ni même contre la transition écologique. L’extrême-droite compte bien le récupérer, ne serait-ce qu’électoralement aux prochaines européennes. Elle y réussira si la gauche demeure frileuse et reste trop à l’écart de la crise sociale qui secoue notre pays.

Lier justice sociale et justice écologique

Les associations, syndicats et partis commencent à réagir par des déclarations communes comme en Loire-Atlantique (3) ou en Haute-Garonne (4). C’est bien ! Un texte national de 8 formations de gauche a été également publié afin de réaffirmer le lien entre justice sociale et justice écologique, c’est très bien ! Mais cela reste insuffisant pour que les gilets jaunes comprennent que les réponses à leur légitime colère se trouvent à gauche.

La cupidité des plus riches, à l’exemple d’un Carlos Ghosn, est intolérable. La complaisance en France à leur égard ne doit plus durer. Il faut rétablir l’ISF ! Grand capitaine d’industrie, Carlos Ghosn ? Il a surtout « redressé » Renault en délocalisant ses entreprises. Alors oui, on comprend la colère des gilets jaunes. Oui les gilets jaunes ont raison de se battre contre un système de taxes, qui comme tous les impôts indirects tels la TVA, ne tiennent pas compte du revenu  de chacun.  Total un des plus grands pollueurs du pays  ne paie quasiment pas d’impôt en France malgré ses 9 milliards de bénéfice en 2017. Combien de temps ce scandale  va-t-il durer ?

Combattre Macron frontalement et sans tiédeur

Tous les élus locaux qui reçoivent dans leur permanence et rencontrent au quotidien des salariés privés d’emploi, des retraités en difficulté,  des salariés à la recherche d’un logement à loyer modéré comprennent la colère sourde qui s’accumule. Il ne sert à rien de dénoncer de possibles « dérives populistes ». Militants de gauche, élus ou non, c’est à nous de dénoncer  frontalement la politique menée par le bien nommé Président des riches et d’y opposer une  alternative sociale et écologique, en rupture avec les politiques d’austérité néo-libérale menée touts ces dernières années. Toute tiédeur aujourd’hui est à proscrire

(1) Denis Andlauer (1951-2004) syndicaliste cheminot

(2) Pascal Bolo adjoint à la maire de Nantes

(3) Loire-Atlantique : un vent de colère souffle sur notre département

(4) A Toulouse un vent de colère comme dans tout le pays

(5) Carburants : déclaration de 8 formations de gauche


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