Avec mes camarades Gérard Filoche et Anne De Haro de la Gauche démocratique et sociale (GDS), j’ai signé une tribune parue dans le journal L’Humanité en ce 5 décembre, jour de grève interprofessionnelle pour le retrait du plan Macron-Delevoye de casse de nos retraites.
Edouard Philippe et Agnès Buzyn dénoncent les grèves « corporatistes » des salariés de la SNCF et de la RATP. Emmanuel Macron s’en prend à « ceux qui défendent le maintien des régimes spéciaux ». Tout d’abord les régimes spéciaux, ça n’existe pas, ce sont des accords d’entreprise, des éléments du contrat de travail collectif, des conventions collectives !
Loin d’être « corporatistes » les grévistes de la SNCF et de la RATP sont les premiers de cordée d’une grève, à laquelle tous les salarié.e.s sont appelé.e.s à partir du 5 décembre, contre le système de retraites à points qui ne ferait que des perdants parmi les salariés, qu’ils soient du privé ou du public.
La « justice » dont se réclame ce projet consisterait à niveler vers le bas tous les régimes de retraites en calculant les retraites sur la base du salaire moyen de toute la carrière et non plus sur le salaire moyen des 25 meilleures années ou des six derniers mois.
L’ « équité » dont se réclame ce projet consisterait à instaurer un « âge-pivot », fixé à 64 ans dès 2025. Partir avant cet âge serait puni par une diminution du montant de la retraite. L’« âge-pivot » ne pourrait qu’augmenter rapidement car le système de retraite à points serait pris en étau. La première mâchoire de cet étau serait un double plafonnement, celui du taux des cotisations sociales à 28,12 % et celui de la part du PIB destinée à financer les retraites à 14 %. L’autre mâchoire serait l’augmentation d’environ 6 millions du nombre de personnes de plus de 65 ans en 2040. Le nombre de convives augmentera mais pas la taille du gâteau. Résultat la part du gâteau pour chacun.e diminuera. Ce sera une baisse généralisée des pensions !
La « transparence » dont se réclame ce projet consisterait à fixer une valeur du point servant de base au calcul du montant de la retraite qui varierait chaque année en fonction de l’évolution de l’espérance de vie, de l’état de santé de l’économie, de l’équilibre financier du système à points. Personne ne pourrait donc prévoir le montant de sa retraite.
Les « premiers de cordées » d’Emmanuel Macron n’ont rien de sympathiques alpinistes. Ils utilisent ceux d’en bas pour parvenir au sommet et n’hésitent pas à couper la corde, en licenciant à tour de bras, pour pouvoir y rester.
Les seuls véritables corporatistes, les seuls défenseurs de privilèges exorbitants, sont les actionnaires des grands groupes. Leurs fondés de pouvoir à l’Élysée et à Matignon n’hésitent pas à « prendre toute la France en otage » pour tenter de mettre en place un système de retraite qui accroîtrait ces privilèges. Le système à points aurait le grand mérite pour la corporation des actionnaires de ne pas augmenter la part patronale des cotisations retraites et ferait une place au soleil, de plus en plus grande aux fonds de pension, à la finance, aux banques et aux assurances.
C’est tout l’inverse qu’il faut imposer ! Augmenter la part consacrée aux retraites, comme à la santé. Avec quelques dixièmes d’augmentation des cotisations la « bosse » démographique serait absorbée. D’autant que cette « bosse » sera de courte durée avec le boom des naissances des 20 dernières années.
Gardons une retraite solidaire et améliorons-là ! Refusons le transfert des budgets de la retraite à celui de l’Etat ! Car c’est le hold-up qu’ils préparent.
Gérard Filoche, porte-parole de la Gauche démocratique et sociale (GDS)
Anne de Haro, GDS Ile de France
Eric Thouzeau conseiller régional GDS des Pays de la Loire.