Le conseil fédéral du PS44 a débattu de la deuxième conférence sociale. À cette occasion, je suis intervenu, et je reprends ci-dessous l’essentiel de mon propos.
Notre gouvernement explique qu’il mène une politique de « sérieux budgétaire ». Pourtant la dette publique de la France continue de croître pour atteindre 91,7 % du PIB à la fin du premier trimestre 2013, selon l’INSEE. Elle s’élevait à 85,9 % fin 2011 et à 90,2 % fin 2012.
Pire, pour le député socialiste, rapporteur général du Budget à l’Assemblée Nationale, Christian Eckert, le déficit public pourrait atteindre 3,5 % du PIB contre les 2,9 % initialement prévus. La dette publique augmentera alors, de nouveau, de plusieurs dizaines de milliards d’euros. Pourquoi ? Parce que la prévision de croissance de l’économie devra sans doute être revue à la baisse et que les recettes fiscales et sociales seraient moins importantes que prévues.
L’austérité budgétaire et salariale nourrit la récession
- Dans une période de ralentissement économique, le maintien à un haut niveau de l’investissement public est nécessaire. Malheureusement, on ne peut qu’être inquiet des baisses de dotations de l’État en direction de collectivités territoriales, et des coupes annoncées dans les budgets des différents ministères.
- La consommation populaire a longtemps dans notre pays soutenu l’activité. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Là aussi, on ne peut que s’étonner que la question des salaires n’ait pas été mise à l’ordre du jour de cette nouvelle conférence sociale. Pas d’augmentation du SMIC, gel du point d’indice dans la fonction publique, aucune incitation à des négociations salariales dans les branches et les entreprises du privé.
« Tenir les dépenses publiques » ne permet pas de réduire le déficit public. Au contraire ! Cela l’aggrave ! Il est temps, oui grand temps, de changer de cap !
La retraite, une nouvelle étape de la vie
Il n’y a pas de problème majeur de viabilité du système français de retraite par répartition, du fait d’une démographie favorable En effet, les générations nouvelles resteront à peu près aussi nombreuses que les anciennes. Le problème, c’est celui du chômage de masse qui prive la protection sociale de cotisations. Il ne sert à rien de vouloir allonger encore et encore, par exemple, la durée de cotisation d’autant que les salariés sont majoritairement hors des entreprises avant même 60 ans.
Travailler plus longtemps car on vit plus longtemps ? Non je ne suis pas d’accord. Tout d’abord il faut savoir que l’espérance de vie sans incapacité (EVSI) baisse depuis 2006 (1). Pour la première fois, en 2012, l’espérance de vie à la naissance (en bonne et mauvaise santé) des français a même baissé (2). Lorsqu’à la Libération, la gauche s’est battue pour généraliser le système de retraite par répartition c’était parce que la retraite devait devenir : « une nouvelle étape de la vie et non plus une antichambre de la mort ».
Relance et répartition des richesses
Le système français du fait des contre-réformes successives de la droite est un des plus durs d’Europe (3). La gauche a été élue pour défendre les retraites, pas pour les attaquer. Nul ne comprendrait que l’on mette en œuvre des mesures que nous socialistes avons combattu sous la droite. Il manquerait 20 milliards d’ici 2020 ? En quelques semaines, il a été trouvé 20 milliards de crédit-impôt pour les entreprises ! Pas possible pour les retraites ?
Le Bureau national du Parti socialiste a adopté un texte de propositions en 2010 avec notamment des exigences en matière d’âge légal (60 ans), de reconnaissance de la pénibilité, de financement : hausse des cotisations (toujours combattue par le Medef) et la mise à contribution des revenus du Capital…Et comme le disait ce même texte : « un demi-point de croissance à partir de 2013 diminuerait le déficit de moitié en 2020 » ! Relancer l’économie, en assurant une autre répartition des richesses est également nécessaire pour notre système de retraites !
Il va falloir dire non aux exigences de la Commission de Bruxelles et refuser les trop fameuses « réformes structurelles » qu’elle veut imposer malgré leurs caractères récessifs et anti-sociaux. « La Commission n’a pas à nous dicter ce que nous avons à faire » a dit, à juste titre, François Hollande. Soyons certains qu’un bras de fer de la gauche au pouvoir en France avec Bruxelles recevrait un soutien populaire massif qui obligerait les libéraux à reculer !
(1) 61,9 ans pour les hommes et de 63,5 pour les femmes en 2012 .
(2) 84,8 ans pour les femmes et de 78,4 ans pour les hommes en France – Source INSEE
(3)La France ne fait pas de cadeaux aux retraités (Alternatives Economiques n°325 juin 2013)
Sortir du productivisme, c’est sortir du socialisme, c’est ce que vient de nous confirmer J-M Ayrault!