La session budgétaire du Conseil régional vient de se tenir. Voici quelques unes de mes réflexions sur la politique de la droite régionale concernant les dossiers environnement ( transition énergétique et biodiversité) : une politique qui n’est pas à la hauteur des enjeux, et manque de dynamisme et d’impulsion.
Aucune voix climato-sceptique ne semble s’élever au sein de la droite régionale. Nous nous en félicitons. De la même façon, nous apprécions le travail engagé sur l’économie circulaire dans le cadre de l’élaboration du plan de prévention et de gestion des déchets. Mais nous ne sommes pas sûrs que tous fassent le lien entre la lutte contre les changements climatiques, la transition énergétique et la nécessité d’un changement de modèle économique dont l’économie circulaire est une des facettes.
Si la transition énergétique et écologique de notre modèle de développement est l’un des plus grands enjeux du XXIème siècle, il faut s’en donner les moyens. Or, si les projets se multiplient sur notre territoire, nombre des objectifs du SRCAE ( Schéma régional climat-air-énergie) ne sont pas actuellement en voie d’être atteints (notamment en matière de photovoltaïque et d’éolien). Nous pensons, par exemple, que les projets réalisés dans le cadre des contrats de territoire restent bien trop timides. Ils se cantonnent le plus souvent à la seule réhabilitation énergétique de bâtiments publics : c’est nécessaire mais loin d’être suffisant. La Région peut et doit faire plus pour stimuler des projets d’envergure sur tout le territoire, notamment dans les énergies renouvelables. C’est la raison pour laquelle nous avons déposé un amendement qui vise inscrire 10 millions d’euros supplémentaires en AP sur la ligne 285 afin de lancer un appel à manifestation d’intérêt tout en mettant en avant une disponibilité financière importante de la Région. La Région pourrait ainsi relancer la dynamique de projets en matière de transition énergétique et écologique. Cela n’est pas contradictoire avec le fonds d’investissement prévu par la Région et que nous approuvons. Les projets détectés par cet appel à manifestation d’intérêt pourraient être financés par ce fonds d’investissement ou par d’autres dispositifs selon l’importance des projets.
Une action publique indispensable
Une Région dynamique et au service des territoires, voilà ce que nous souhaitons. Nous constatons tous que les intercommunalités sont en retard dans l’adoption de leur plan climat. Comment la Région entend-elle aider les collectivités dans l’élaboration de leur PCAET ? Le rôle de la puissance publique doit être réaffirmé.
Le ministre de la transition énergétique nous promet un « green new deal » pour 2018. Nous verrons de quoi il retourne exactement. Alors que de sérieuses menaces pèsent désormais sur la possibilité de contenir le réchauffement climatique en deçà de 2°C ou, idéalement, de 1,5°C, le OnePlanetSummit n’a pas clairement permis de relever l’ambition des politiques climatiques internationales. Il ne faudrait pas que ce sommet organisé par Emmanuel Macron le 12 décembre dernier soit le signe d’un transfert de la charge de l’action qui relève de la puissance publique aux marchés et acteurs privés (*). Car nous sommes persuadés que l’intervention publique incitatrice et régulatrice est plus que jamais indispensable pour accélérer sans attendre une transition vers des investissements publics et privés sobres en carbone.
Réhabilitation thermique : quelle politique régionale ?
Des investissements pour un futur bas carbone, de la recherche-développement en matière de technologie innovante, mais aussi et surtout une diminution de l’énergie dépensée dès à présent. A ce sujet, il est bien écrit dans le rapport « logement et efficacité énergétique » que « la feuille de route régionale sur la transition énergétique fixe un objectif de transformer le parc immobilier existant en investissant massivement sur l’efficacité énergétique et les économies d’énergie dans le bâtiment ». Pourtant, en ce qui concerne les Aides Régionales aux Economies d’Energies pour les Particuliers (AREEP), la majorité régionale les a réduits drastiquement en 2017 en divisant par deux le nombre de bénéficiaires et en diminuant de 40% le montant moyen des aides. Certes, un rapport de la Cellule économique régionale de la construction (CERC) note que d’autres dispositifs que les AREEP et les crédits de l’ANAH sont des leviers pour la réhabilitation thermique des logements dans notre Région, par exemple les crédits d’impôt. Mais faut-il que la Région baisse son intervention au moment où il apparaît que les investissements « verts » sont insuffisants. Selon l’agence française de développement (AFD), l’écart entre les investissements actuels et les investissements nécessaires à la transition énergétique se concentre dans le secteur du bâtiment, et particulièrement celui de la rénovation des logements privés (**). Ce n’est donc pas le moment de baisser la garde sur cette question. Quelle analyse a été faite par la Région ? Quels sont les trous dans la raquette par rapport aux dispositifs de l’Etat ? Quid des logements sociaux ? La Région doit développer une réelle stratégie pour que chaque habitant de la Région ait accès à une solution de financement pour la rénovation énergétique de son logement, notamment les foyers modestes de notre région.
Autre exemple dans ce domaine des économies d’énergie, il semble y a avoir la volonté de développer des plateformes de la rénovation énergétique. Il est grand temps ! Je rappelle que les plateformes existantes ont été lancées dans le mandat précédent et que depuis, aucune nouvelle n’a vu le jour. Quel bilan de celles qui existent ? Comment comptez-vous les développer sur tout le territoire ? Quels rôles des Espaces Info Energies ? Il s’agit d’un enjeu majeur pour la massification des rénovations thermiques… et donc d’une action incontournable pour réussir la transition énergétique en Pays de la Loire. La Région doit se saisir pleinement de cet enjeu et accélérer.
Sur le dossier biodiversité, nous avions parlé lors de la dernière session d’une gestion « plan-plan » des dossiers liés à l’environnement. Peu de choses nouvelles par rapport aux politiques mises en œuvre sous les deux mandats précédents, mais un grand absent : l’appel à projet biodiversité qui a été supprimé alors qu’il avait un rôle d’entrainement sur les territoires. L’appel à projet biodiversité-entreprise, qui est une bonne chose, ne suffit pas. Nous ne pouvons donc que nous répéter : la politique biodiversité régionale manque de dynamisme. Nous avions également posé deux questions précises : Quel est le projet de la majorité régionale pour le centre régional de découverte de la biodiversité de Beautour ? Quelle position de cette même majorité concernant le projet de Parc naturel régional de l’Estuaire de la Loire ? Nous attendons toujours les réponses.
(*) La finance verte est-elle vraiment verte ?
(**) Rénovation thermique : la vacance de M.Hulot