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Pourquoi nous quittons le Parti socialiste ?

Écrit le 16 janvier 2018 par Éric Thouzeau

 

Photo Ouest-France

Mi-novembre, la fédération du Parti socialiste de Loire-Atlantique annonçait qu’un minimum de 500 camarades avait quitté le Parti socialiste depuis la défaite aux élections présidentielles. Nous rejoignons les 500. Nous aurions pu partir sur la pointe des pieds, comme tant d’autres l’ont fait auparavant. C’est pourtant collectivement que nous faisons le choix de revenir sur la faillite actuelle du Parti socialiste, un parti dans lequel nous avons investi du temps, nous avons cotisé chaque mois, un parti au sein duquel nous y retrouvions des camarades de qualité et pour lequel nous avons écumé marchés, réunions publiques et barres d’immeubles.

Et pourtant nous partons, convaincu·e·s que nous ne pourrons rien refonder sans tirer le bilan du quinquennat. C’est une erreur politique que de penser qu’il est possible de gommer cinq années d’errements, de reniements, de désenchantement de notre électorat. Le quinquennat Hollande a été un échec. Il nous a coupé de notre base sociale, il nous a divisé, il a même conduit François Hollande lui-même à devoir se retirer de la vie politique ! Il a enfin mené dans le mur  le candidat socialiste Benoît Hamon, lâché par une partie de nos grand·e·s élu·e·s, parti·e·s sans vergogne aucune chez l’écurie Macron. Ce quinquennat a rendu le PS incapable de rassembler l’ensemble de la gauche avec qui nous ne travaillions plus.

Nous avons acquis la certitude que nous ne pourrons pas définir l’orientation du parti les mois prochains. Début décembre, il nous a été présenté le cadre général de l’organisation du Congrès à venir. Exit les textes généraux, les discussions politiques. La « direction collégiale », peu encline aux débats, préférerait que nous répondions à des questions. Elle est même en train de préparer un rehaussement des seuils permettant de déposer une motion. Dans ce contexte, ne pourront s’exprimer seulement celles et ceux qui y auront été invité·e·s.

Ce n’est donc pas un Congrès qui se prépare mais l’adoubement d’un dysfonctionnement généralisé, la continuité d’une machine qui ronronne, qui perd des adhérent·e·s, qui perd les élections…Où cela conduira-t-il le Parti socialiste ? A devenir un allié – faible – du parti présidentiel ? Pourtant le bilan des six premiers mois d’Emmanuel Macron a clairement établi que son camp était celui du libéralisme économique le plus acéré, celui du CAC 40 et du mépris des petites gens.

Nous étions attaché·e·s à une organisation qui pensait le socialisme comme un projet de réduction permanente des inégalités. La méthode induisait de se ranger du côté des exploité·e·s, des opprimé·e·s, des laissé·e·s pour compte, des dominé·e·s. Nous ne gagnions pas toujours le combat politique, la bataille culturelle mais nous existions au sein d’un parti qui organisait le débat d’idées, qui ne le craignait pas. Nous appartenions à une force politique qui se situait au centre des discussions de la famille de la gauche.

Force est de constater que le Parti socialiste ne répond plus à ces exigences.

À la défaite politique, au reniement démocratique, s’est ajoutée la faiblesse morale quand un de nos responsables politiques, membre du Bureau national, a été jeté en pâture pour un tweet dont il ne renie pas le caractère antisémite mais qu’il a retiré dès qu’il s’en est rendu compte et pour lequel il s’est excusé. Le parti tout entier aurait pu faire bloc derrière un homme qu’on ne peut soupçonner d’antisémitisme. Il a fait l’inverse, orchestrant, son exclusion de façon la plus cynique injuriant le camarade autant que l’homme.

En attendant, aucune mesure n’a été prise à l’encontre de celles et ceux qui ont voté et appelé à voter pour le candidat Emmanuel Macron dès le premier tour de l’élection présidentielle. Si leur droit à prendre un autre chemin, en choisissant un·e candidat·e issu·e d’une autre famille politique demeure intact, la responsabilité de notre organisation aurait dû être engagée afin de condamner fermement ce qui affaiblissait notre candidat, choisi dans le cadre d’un processus démocratique auquel nous avions nous-mêmes adhéré.

Nous rejoignons les rangs des centaines de camarades parti·e·s ces derniers mois, tout en décidant de continuer à militer autour des grands enjeux de ce siècle : les questions sociales et écologiques. Chacun·e ira militer là où il se sentira utile, avec la conviction profonde que nous saurons nous retrouver pour les combats importants. Chaque fois qu’il sera nécessaire, nous défendrons les salarié·e·s de ce pays, battant le pavé pour garantir nos niveaux de retraite et le droit à l’éducation, à la santé, pour préparer un demain meilleur qu’aujourd’hui, hissant toujours haut les couleurs de la gauche et de son nécessaire rassemblement.

Françoise Ardeois (section Nantes-Est), Nadège Boisramé (Conseillère municipale, section Mauves-Thouaré), Virginie Bourgin (section Nantes-Est), Philippe Brard (section Nantes-Nord), Annie Cadoret (section Nantes-Est), Philippe Cadoret (section Nantes-Est), Hélène Chanson (section Nantes-Centre Sud), Aurélien Chauvet (section Rezé), Sofiane Chergui (section Nantes-Est), Loïc Chusseau (adjoint au maire, section de Rezé), Marlène Collineau (section Nantes-Est), Kevin Delasalle (section Nantes-Est), Gérard Dumazel (section Nantes-Est), Michel-Raoul Dupré (section Nantes-Ouest), Christine Hardouin (section Nantes-Est), Pierre Hardouin (section Nantes-Est), Corentin Lemaire (section Nantes-Centre Sud), Kentin Le Priol (section Nantes-Centre Sud), Isabelle Lingat (section Nantes-Ouest), Martine Métayer (section Rezé), Catherine Noury (section Nantes-Ouest), Franck Noury (Conseiller municipal, section Nantes-Ouest), Dominique Poirout (adjointe au maire, section Rezé), René Seiller (section Nantes-Ouest), Marie Sorger (section Nantes-Centre Sud), Eric Thouzeau (Conseiller régional, section Nantes-Est), Catherine Touchefeu (VP CD 44, section Nantes-Est), Yannick Verger (section Nantes-Est),  Edouard Wagneur (section Nantes-Centre Sud), Guy Weber (section Nantes-Est)


Un commentaire »

  1. Marianne Bruno-Routier dit :

    Oui…je me pose les mêmes questions. En « deuil  » depuis 8 mois. Je ne me sens pas Generation-s . En fait mes convictions sont là en moi mais pour aller oû ? Après 54 ans de carte officielle et une vie de Socialisme. Mais qui connaît encore le sens de ce mot ? Alors, j’hésite: être ou ne pas être…. Tiens moi au courant.

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