Le gouvernement vient de décider l’épreuve de force : les ordonnances pour casser la SNCF. Cela ne concerne pas que les seuls cheminots. La SNCF, issue de la nationalisation des compagnies privées en faillite, appartient à tous les citoyens de ce pays.
Le ferroviaire a de nombreux atouts, et la SNCF reste une entreprise performante. Pourtant, si d’années en années, le service public ferroviaire s’est dégradé, c’est qu’il a été étranglé. Baisse massive des effectifs, réorganisations incessantes des structures de l’entreprise, dirigeants commerciaux plus que techniciens, sous-investissement dans les infrastructures, cloisonnement entre les différentes activités…
Le projet gouvernemental, c’est la contraction des activités sur les seules lignes « rentables ». Normal, c’est pour mieux préparer l’arrivée de concurrents privés à la SNCF. Et à terme pourquoi pas l’ouverture du capital des sociétés qui succéderaient à l’établissement public SNCF ? C’est le dogmatisme libéral à l’œuvre, malgré les exemples européens : jamais la concurrence dans le ferroviaire n’a permis un développement du transport par le train ni de la qualité du service rendu.
Le choix de Macron est clair : c’en est fini de toute politique de report modal (incitation à prendre le train plutôt que la voiture ou le camion). Pas un mot sur les atouts du ferroviaire dans la nécessaire transition écologique et donc dans l’aménagement du territoire. Au contraire, le gouvernement entend bien abandonner les « petites » lignes : aux régions de s’en occuper et soit de les fermer soit d’en confier les plus rentables au privé ! Les élus locaux doivent refuser ce nouveau désengagement de l’État.
Pour empêcher une mobilisation commune cheminots-usagers-citoyens, le gouvernement agite le statut des cheminots comme un obstacle au bon fonctionnement du ferroviaire. Mensonge ! Le statut des cheminots est une construction historique et sociale. C’est la résultante de la prise en compte de métiers spécifiques (qu’on ne trouve pas dans d’autres entreprises) aux contraintes particulières (horaires de nuit, week-ends, fériés…). Le statut des cheminots n’est pour rien dans la dégradation actuelle du service public.
La lutte pour sauver le service public ferroviaire et pour une entreprise publique unique et intégrée, n’est pas une bataille corporatiste des cheminots comme voudrait le faire croire le gouvernement. C’est la bataille de tous les citoyens.
Il est urgent d’enclencher la mobilisation dans tous les territoires.
L’ensemble des partis de gauche doivent s’y engager pleinement, aux côtés des cheminots et de leurs organisations syndicales.