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En défense du droit de grève

Écrit le 18 décembre 2019 par Éric Thouzeau

La Présidente du Conseil régional des Pays de la Loire, imitant son prédécesseur Bruno Retailleau, multiplie les déclarations appelant à restreindre toujours plus le droit de grève dans les transports. Je lui ai répondu lors de la réunion plénière du 18 décembre. Ci-dessous mon intervention.

Comment le droit du travail définit-il la grève ? La grève est la cessation collective et concertée du travail par les salariés d’une entrepris, d’un secteur économique, d’une catégorie professionnelle en vue d’appuyer des revendications. La grève est par nature collective  et  conduit à une cessation complète du travail.

La grève vise à appuyer les revendications des salariés en faisant pression sur l’employeur par la perte de production que la cessation de travail entraîne. Il s’agit d’une épreuve de force.  Le gréviste n’est pas rémunéré alors que l’entreprise ne produit plus et perd de l’argent.

Si la continuité du service dans les hôpitaux amène à l’organisation d’un service minimum, nul ne le conteste. Dans le reste du service public, des restrictions déjà abondantes ont été imposées pour restreindre le droit de grève : préavis de 5 jours en règle générale, et dans le cas particulier des transports, un dispositif supplémentaire qui impose un délai de 8 jours, délai de soi-disant concertation, au cours du quel il est interdit de déposer un préavis de grève. Puis, en cas de grève, plus de 50 000 des 140 000 salariés de la SNCF doivent se déclarer en grève quarante-huit heures à l’avance (conducteurs de train, contrôleurs, aiguilleurs, agents de la maintenance des trains ou chargés de l’information des voyageurs.

Pour la droite, pour les droites, cela ne suffit pas. La vielle obsession, c’est le « service minimum » qui vise en fait à réaliser un fantasme exprimé un jour par Nicolas Sarkozy : « Quand il y a des grèves, aujourd’hui en France, ça ne se voit plus ». Bruno Retailleau s’est fait le spécialiste de ces déclarations va-t-en guerre allant jusqu’à proposer la réquisition des grévistes des transports. En pleine grève contre un projet porté par le gouvernement, le néo-conservateur Bruno Retailleau se porte ainsi au secours du  néo-libéral Macron : pour toutes les droites, il s’agit de gagner la bataille de l’opinion contre les grévistes. Peine perdue, une majorité exprime toujours son soutien au mouvement. Cette réforme des retraites suscite un large rejet dans tout le pays.

Alors pourquoi Madame la présidente croyez-vous  bon d’enfourcher ce même cheval de bataille  en reprenant les arguments du Medef d’une « économie totalement asphyxiée » par les grèves ? Jamais un mot ne serait-ce que d’empathie (au moins formelle) envers toutes ces femmes et tous ces hommes qui luttent, et perdent du salaire, pour ce qu’ils considèrent comme leur droit : celui d’une retraite digne ? Nul ne peut dire qu’il n’y a pas eu débat et échange sur la réforme des retraites. Celles et ceux qui sont en grève n’ont pas été convaincus par les arguments du gouvernement. Le chaos, c’est le gouvernement qui le sème dans le pays !

Pour notre part nous défendons non seulement le droit de grève, partie intégrante de notre modèle social, mais nous avons, par exemple  manifesté  le 5 décembre et hier encore plus nombreux. Nous nous sommes joints  aux cortèges mobilisés pour protester contre le projet de ce gouvernement qui, opposant une logique comptable à la solidarité collective, menace dans leurs fondements les mécanismes de répartition durement acquis, creusant inlassablement les inégalités au détriment des plus précaires.


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