Je viens de représenter le Conseil régional à l’inauguration de la « Maison du Pécheur » à Passay, village de la commune de la Chevrolière (44). Passay est situé au bord du lac de Grand-Lieu, à une quinzaine de kilomètres au sud de Nantes. Le lac de Grand-Lieu s’étend en hiver sur une surface de 6000 hectares et devient alors le plus grand lac naturel de plaine français. Il est pour partie classé Réserve naturelle nationale (RNN) et, en 2008, le Conseil régional des Pays de la Loire a classé en Réserve naturelle régionale (RNR) 650 hectares, appartenant à la Fondation pour la protection des habitats de la faune sauvage, dont la gestion a été confiée à la fédération des chasseurs de Loire-Atlantique.
C’est dans le cadre d’un contrat de territoire (entre la Région et le syndicat de Pays de Grand Lieu-Machecoul-Logne) que la Région a participé financièrement au projet d’aménagement de la Maison du pêcheur. Sur des projets définis par les élus locaux, la Région peut apporter des aides financières à des projets autant que possible « structurants » et à vocation intercommunale. La culture, avec une démarche de valorisation du patrimoine et de la mémoire est un levier d’aménagement du territoire et de son attractivité. Cette « maison du pêcheur » veut combiner art, environnement et accueil touristique. En prenant appui sur les richesses culturelles du territoire, le développement économique à partir du tourisme est un enjeu important.
Le tourisme est aujourd’hui une véritable filière économique. Avec 18 millions de visiteurs, notre région est la 6ème destination française. On estime à plus de 43 000 les emplois directs dans le tourisme. Les touristes vont certes nombreux sur le littoral, mais la demande d’un tourisme de nature, mais aussi autour du patrimoine industriel (et il est nombreux dans l’estuaire de la Loire) est grandissant. C’est une des idées qui a amené la Région à soumettre au débat d’une quarantaine de communes de l’estuaire de la Loire et de Grand Lieu le projet d’un Parc naturel régional (PNR) conçu comme un projet de développement d’un territoire riche en patrimoine naturel et culturel.
Aidée à la fois par le Conseil régional et la Conseil général, la valorisation du lac de Grand Lieu, réserve de biodiversité exceptionnelle, a toute sa place dans cette démarche. La participation financière de la Région (47% du montant du projet) est un investissement public rendu possible par l’impôt, que ce soit celui des personnes ou celui des entreprises. Pour ma part, je n’emploierai jamais les expressions « ras-le-bol fiscal » ou « haut-le-cœur fiscal ». Une inauguration n’est pas le lieu d’un débat sur la réforme fiscale qui serait nécessaire (que ceux qui gagnent plus paient plus, que ceux qui gagnent moins paient moins, selon le principe de la progressivité de l’impôt républicain bien mis à mal depuis longtemps, tant les niches fiscales ont en partie dénaturé cet impôt sur le revenu). L’investissement public, en particulier celui des collectivités locales, est indispensable pour la réalisation de projets d’intérêt général qui profitent à tous. C’est pourquoi la Région se bat pour enrayer la baisse des dotations de l’État aux collectivités.
Pour en revenir à la maison du pêcheur, son intérêt est qu’elle rend compte d’une histoire singulière vieille de plusieurs siècles : celle des pêcheurs du lac. Le lac a longtemps été un espace de circulation et d’échanges entre les communes riveraines. De tout temps, il fut aussi un lieu de pêche : on y a même retrouvé des vestiges de peuplades celtiques. À partir du Moyen Âge, la pêche devint un droit seigneurial qui ne sera remis en cause qu’en 1907 avec la grève des pêcheurs. Le lac était la propriété de la famille du marquis de Juigné. « Exaspérés par les agissements du fermier qui règne en maître sur cette vaste étendue d’eau et les réduit à la misère, les pêcheurs le défient par la grève » (*). Ils obtiennent sa révocation. C’est à ce moment que les pêcheurs ont créé la société coopérative des pêcheurs du lac de Grand Lieu qui perdure aujourd’hui. De 120 en 1920, les pêcheurs ne sont plus que sept autorisés aujourd’hui à pêcher sur le lac. C’est la société coopérative qui détient le droit de pêche.
Les problèmes d’aujourd’hui ne sont pas ceux de 1907. Ils peuvent prendre la forme, par exemple, d’espèces envahissantes. Mais comme en 1907, il vaut mieux se mettre ensemble pour réussir et, ici, lutter contre l’écrevisse de Louisiane. Ensemble : pêcheurs qui mettent au point un filet anti-écrevisses, et collectivités (dont la Région, qui finance une étude à ce sujet).
Seul on va souvent plus vite, mais ensemble on peut aller plus loin.
(*) Ronan Viaud, La société coopérative des pêcheurs de Grand Lieu, Éditions Siloé
RT @ericthouzeau: La maison du pêcheur, un exemple d’investissement public avec Nouveau contrat régional #paysdelaloire http://t.co/N9ceLhU…
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