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Un contrat pas très porteur d’avenir

Écrit le 2 juillet 2018 par Éric Thouzeau


La présidente de la Région des Pays de la Loire a réuni un « Parlement des territoires » avec à l’ordre du jour l’adoption d’un « contrat d’avenir » suite à la décision du gouvernement d’abandonner le transfert de l’aéroport. Les président.e.s des grandes collectivités territoriales étaient présents à cette conférence des territoires de l’action publique (CTAP). Je reproduis ici l’intervention que j’y ai faite. Le moins que l’on puisse dire c’est que le texte proposé n’est porteur d’aucune vision d’un nouveau modèle de développement économique pourtant nécessaire.

Un contrat d’avenir, pourquoi pas, mais il aurait dû être mis au service d’un projet d’avenir qui n’est pas au rendez-vous. Or, le projet présenté ce matin n’est pas celui du rebond attendu. La Région n’a pas su, à notre avis, initier une dynamique collective des acteurs des Pays de la Loire pour éclairer l’avenir, proposer aux habitants de notre Région un autre récit pour notre parcours collectif, poser les bases d’un nouveau projet de territoire.

Le contrat d’avenir n’est conçu que comme une interpellation de l’Etat. Celle-ci est nécessaire car il a décidé du renoncement au transfert de l’aéroport et il doit assumer pleinement ses responsabilités et s’engager aux côtés de notre territoire. Mais notre vision, notre avenir, dépendent d’abord de nous et ne doivent pas être placés entre les mains de l’Etat. Nous sommes majeurs, Nantes et les Pays de la Loire ont suffisamment de force, leurs habitants suffisamment d’énergie et de créativité, pour que nous revendiquions de maîtriser et conduire par nous-même notre destin.

Le contrat d’avenir qui nous est proposé est une longue liste de dossiers, de propositions le plus souvent justes et pertinentes, mais jamais hiérarchisées. Cette liste à la Prévert – sans la belle poésie de Prévert – où chacun a glissé sa revendication créera donc demain beaucoup de déceptions. Les demandes sont trop nombreuses et pas toujours réalistes, l’absence de toute priorisation donne à l’Etat toute liberté de faire les choix à notre place (d’autant que la politique de réduction des dépenses publiques du gouvernement risque de l’amener à faire un tri très sélectif entre tous les projets proposés).  Si le volet infrastructures et mobilité pourrait être acceptable, même si il n’explore aucune piste nouvelle de mobilité partagée et intelligente, les autres volets témoignent d’une grande faiblesse et se limitent à rappeler pour l’essentiel des projets déjà sur les rails, des projets d’ailleurs souvent ralentis depuis deux ans du fait des choix budgétaires du Conseil Régional.

Pour pallier cette insuffisance, nous avons proposé d’inscrire au cœur du contrat d’avenir un appel à projet pour détecter et financer de nouveaux investissements d’avenir régionaux dans les champs de l’innovation, de l’enseignement supérieur et de la recherche d’une part, de la transition écologique et énergétique d’autre part. Cette proposition n’a pas été retenue.

Nous nous sommes également inquiétés de l’absence de vision inter régionale dans le projet qui nous a été présenté. Si rebond il doit y avoir, il ne peut être que collectif, et unir notamment Rennes et Nantes, la Bretagne et les Pays de la Loire. Notre proposition d’assises de l’ouest, pourtant mise en avant par la Présidente de la Région dans son discours d’investiture fin 2017, a également été balayée d’un revers de la main.

Notre volonté de concourir à l’unité et au rassemblement des Pays de la Loire est totale, nous ne voterons donc pas contre le projet qui nous est soumis ce matin. Mais le souci d’unité ne peut nous conduire au silence, le rôle d’une opposition est aussi d’être un lanceur d’alerte, de dire tout haut ce que beaucoup pensent tout bas, y compris dans cet hémicycle, mais ne peuvent ou ne veulent exprimer, par souci notamment de ne pas affaiblir le mandat de négociation de la Présidente de Région. Car voilà ce qu’est ce texte, un mandat de négociation, en aucun cas un projet d’avenir. Le rebond reste à construire, il devient urgent. Nous nous abstiendrons donc sur ce texte dont nous ne pouvons passer sous silence la faiblesse, et regrettons son insuffisante ambition.


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