Nous avons obtenu une tribune libre des motions dans chaque numéro d’Ensemble, le journal de la fédération du PS 44. Voici celle que « A gauche pour gagner 44 » (la motion B) a déposé en début de semaine à propos du plan emploi annoncé par François Hollande.
Former 500 000 chômeurs, c’est bien et nécessaire même si cela ne créera pas 500 000 emplois. Cette seule vraie bonne mesure annoncée par François Hollande va se heurter à une droite qui, dans les Régions, va « traîner » les pieds.
En revanche, ouvrir la porte à la remise en cause des 35h constitue une grave erreur. Dans une décennie de chômage de masse, renoncer à la réduction du temps de travail, c’est aller à contresens des exigences économiques et humaines. C’est renoncer à des milliers d’emplois à créer en augmentant la pénibilité de ceux existants. Moins rémunérer les heures supplémentaires, c’est diminuer le pouvoir d’achat des salariés, alors qu’une politique de relance massive de la consommation s’impose. En renvoyant à l’accord d’entreprise des choix décisifs sur le volume et la rémunération des heures supplémentaires, le Gouvernement affaiblit les protections collectives des salariés et remet en cause la hiérarchie des normes dans le droit social. Nous ne gagnerons pas la bataille contre le chômage en insécurisant les salariés et en accentuant la dérégulation du marché du travail
Le coût exorbitant du Pacte de responsabilité prive la France d’une ambition de redressement à la hauteur du drame qu’est le chômage. Comme l’analyse Christian Sautter ancien ministre des finances, le CICE a coûté 18 milliards d’euros en réduction d’impôt sur le bénéfice des sociétés en 2014. Avec au mieux, 120 000 emplois créés ou sauvegardés (*). Cela fait 150 000 € par emploi, soit 8 salaires payés au SMIC pendant un an. François Hollande annonce la pérennisation de ce CICE en baisse de cotisations sociales pour toutes les entreprises (même celles qui n’en ont pas besoin, comme la grande distribution). L’INSEE confirme que le « sur-amortissement » (réduction d’impôt en cas de bénéfices réinvestis dans l’entreprise, par opposition aux bénéfices distribués aux actionnaires), récent et peu coûteux, aurait déjà un effet important dans l’industrie.
Quant à offrir 2000 euros par embauche dans les entreprises de moins de 250 salariés, on sait que cela favorise les « effets d’aubaine ». Ce qui décide une entreprise à embaucher, ce n’est pas la prime mais des commandes !
Face à une politique gouvernementale qui fait de plus en plus la part belle aux exigences patronales et qui plus est sans aucun vrai résultat, une exigence de rouvrir le débat à gauche monte dans le pays. C’est ce que démontrent les appels à une primaire ouverte de toute la gauche et des écologistes. Répondons-y favorablement !
(*) Les Échos 18-19.12.15