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Catégorie : Actualité

  1. Tous ensemble, tous ensemble

    Écrit le 30 octobre 2025 par Éric Thouzeau

    Retour sur les grèves de novembre-décembre 1995

    J’ai écrit cet article pour le numéro de novembre de la revue Démocratie&Socialisme à propos du 30ème anniversaire des grèves de novembre-décembre 1995. J’ai évidemment utilisé le travail que j’ai effectué il y a quelques mois pour écrire un ouvrage centré sur la grève à la SNCF à Nantes (disponible au Centre d’histoire du travail).

    Il y a trente ans, le pays se mobilisait aux cris de « Tous ensemble, tous ensemble » (à l’origine scandé par les supporters de matchs de football). Cela fut le plus grand mouvement de grèves et de manifestations depuis 1968. Le plan Juppé, mais aussi le contrat de plan État-SNCF ont été les deux ingrédients d’une des dernières grèves d’ampleur nationale à avoir fait reculer (au moins partiellement) un gouvernement en France.

    Le contexte

    Le patronat français n’a jamais accepté une Sécurité sociale basée sur des cotisations, et gérée par les représentants des salariés. Depuis les ordonnances gaullistes de 1967, toutes les droites ont cherché à étatiser la Sécu. Le plan Juppé a accéléré ce mouvement, en affaiblissant encore le rôle des syndicats dans sa gestion. Juppé a voulu en profiter pour attaquer la retraite des fonctionnaires (allongement de la durée de cotisations de 37,5 à 40 années ) et pour supprimer les régimes spéciaux (SNCF, RATP, EDF-GDF…).

    En mai 1995, Jacques Chirac a été élu sur la réduction de la « fracture sociale ». Pourtant le 26 octobre suivant il explique qu’il a « sous-estimé l’ampleur des déficits ».et annonce vouloir réduire ces déficits « pour qualifier la France pour la monnaie unique européenne ». Dans ce contexte le plan Juppé est présenté le 15 novembre à l’Assemblée nationale pour réduire le soi-disant « déficit » de la Sécurité sociale. Applaudi par une majorité de députés, ce plan est très vite rejeté dans l’opinion publique.

    Parallèlement, l’État préparait un contrat de plan État-SNCF. La priorité mise en avant est de réduire le déficit de l’entreprise publique de chemins de fer (dû notamment aux investissements dans les lignes nouvelles depuis les années 70-80). On parle d’une suppression possible de 6000 kilomètres de ligne !

    Dès le mois d’octobre, l’agitation commence dans les facultés. Souvenons-nous qu’en 1994, la jeunesse avait eu la peau du Contrat d’insertion professionnelle (CIP), un contrat pour les moins de 26 ans, mais rémunéré à 80 % du SMIC. En 1995, cette fois c’est le manque de moyens pour les facs qui est dénoncé.

    Le gel des salaires dans la fonction publique et dans le secteur public alimente le mécontentement.

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  2. Georges Martel (1945-2025)

    Écrit le 10 septembre 2025 par Éric Thouzeau

    Notre ami et camarade Georges Martel est décédé le 27 août dernier, à l’âge de 80 ans. Un grand militant vient de nous quitter, fidèle toute sa vie à l’idéal de la République laïque et sociale. Voici l’article que j’ai écrit en sa mémoire et qui a été publié dans la revue de septembre 2025 de la revue de L’APRES, Démocratie&Socialisme.

    Georges Martel est né en janvier 1945 dans un village près de Château-Chinon ; sa mère y tenait « un café-épicerie-bazar où se retrouvaient les gens de gauche ». À 18 ans, après des études à Nevers, Georges monte à Paris pour se faire embaucher au Crédit lyonnais. De retour de son service militaire, il est élu délégué CGT du personnel et devient permanent syndical dans sa banque. À côté de son bureau, il y avait celui de la permanente de Force Ouvrière, une certaine Arlette Laguiller, aimait-il à rappeler.

    C’est à la faveur de l’occupation des locaux du Crédit lyonnais, en mai 1968, que Georges Martel décide d’adhérer à la SFIO. En tant que délégué d’entreprise, il participera au congrès d’Épinay, fondateur du Parti socialiste, en 1971. Il devient l’un des animateurs d’un des courants de gauche du PS, celui de Jean Poperen. Par la suite, Georges siégea à différentes reprises au Conseil national du PS et fut vice-président de sa Commission nationale des conflits.

    C’est Lionel Jospin qui est venu le chercher, après la victoire de mai 1981, pour qu’il travaille au siège du PS, à Solférino. Il devint alors délégué général aux entreprises pour y développer l’implantation du parti. L’expérience syndicale de Georges lui a permis de participer activement à la rédaction de la convention collectives des permanents du PS.

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  3. Une histoire des socialistes du Jura suisse

    Écrit le 30 juin 2025 par Éric Thouzeau

    A l’occasion des 50 ans du PS jurassien, mon ami et camarade suisse Jean-Claude Rennwald a rassemblé différents textes dans un livre  : « PS jurassien, 50 ans au service de la solidarité ». Malgré des réalités nationales différentes, nous lirons avec intérêt cette histoire d’un parti de la gauche européenne. Article paru dans le numéro de juillet-août 2025 de la revue de L’APRÈS.

    Journaliste, politologue, ancien dirigeant syndical et ancien député socialiste au Conseil national (parlement suisse), Jean-Claude Rennwald est un contributeur régulier de notre revue. C’est aussi un aussi bon connaisseur de la vie politique et sociale de la France que de son pays. Nous avons rendu compte de plusieurs de ses livres, dont celui sur la semaine de 4 jours.

    Mise en avant de la question jurassienne…

    Au cours du XIXè siècle, le Jura a réussi à conserver sa langue et sa culture française malgré le centralisme bernois. Si un Parti socialiste jurassien existait au début du 20 ème siècle dans le cadre du canton de Berne, c’est en mai 1975 que le nouveau  Parti socialiste jurassien (PSJ), totalement autonome, est créé. La question jurassienne est l’objet d’un des chapitres du livre. C’est une histoire   méconnue en France.

    Très tôt en Suisse, des socialistes ont milité pour une autonomie du Jura. En 1974, un « comité d’action socialiste pour l’autonomie et l’unité du Jura » apparaît avec pour objectif la création d’un nouveau canton. C’est ce qui amena à la fondation du PSJ, et la fin des relations officielles avec le PS bernois. Cela aboutira à la création d’un nouveau canton de la Confédération helvétique, dénommé officiellement « la République et Canton du Jura », situé au nord-ouest de la Suisse, bordé par le Haut-Rhin, le Territoire de Belfort et le Doubs.

    Question nationale et question sociale, un vieux débat récurrent au sein du mouvement ouvrier et de la gauche. Il a entraîné des débats parmi les socialistes suisses. Jean-Claude Rennwald et ses amis ont fait le choix dans les années 70 de cette autonomie jurassienne. Mais petit à petit « le clivage de classe (gauche-droite) s’est progressivement substitué à l’antagonisme entre autonomistes et anti-séparatistes ».

    …sans oublier la question sociale

    En 1975, lors de sa fondation, le PSJ adopte une déclaration fondamentale qui stipule « le PSJ entend insérer son action dans une stratégie de rupture avec le capitalisme ». Aujourd’hui première force politique du Jura sur le plan fédéral, le PSJ recueille entre 18 et 22% des suffrages au parlement jurassien. Le PSJ participe activement à des initiatives (lors de référendums) par exemple en 2013 « un Jura aux salaires décents », ou en 2021 en soutenant l’initiative syndicale « Egalité salariale, concrétisons ». C’est dans le Jura, que l’initiative syndicale en faveur « d’une 13e rente AVS (*) » fait le meilleur score. Comme la plupart des PS de Suisse romande, le PS jurassien est proche des syndicats, ce qui est moins le cas en Suisse alémanique.

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  4. Contre la droite et l’extrême droite, front unique de toute la gauche !

    Écrit le 12 mai 2025 par Éric Thouzeau

    Cet article a été écrit pour l’éditorial de la revue de L’APRÈS, Démocratie&Socialisme (mai 25).

    À trop regarder les réseaux sociaux, on pourrait croire qu’à gauche, il y a plus d’adversaires au sein du NFP que dans le camp d’en face. La droite et l’extrême droite sont à l’offensive ; ce n’est vraiment pas le moment de concentrer ses attaques contre tel ou tel, qu’il s’agisse des socialistes, des insoumis, des écologistes, des communistes ou des unitaires.

    Construisons le salut commun

    Il est temps de prendre conscience qu’il y a pril en la demeure. Car parler de trahison pour les uns ou les autres, commenter assidûment les petites phrases de part et d’autre, semer le doute ne font que creuser la division. Nos adversaires sont à droite et à l’extrême droite. C’est contre eux qu’il faut diriger les coups. C’est contre eux qu’il faut avancer nos propositions alternatives issues du programme du NFP. C’est contre eux qu’il faut construire un front unique, un front unifié, une équipe pour gagner.

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  5. À l’heure des périls, résister à la menace populiste

    Écrit le 7 mars 2025 par Éric Thouzeau

    Cet article a été publié comme éditorial du numéro de mars 25 de Démocratie&Socialisme, la revue de L’APRÈS.

    La nouvelle administration étasunienne introduit des ruptures majeures dans les relations internationales, avec notamment l’alignement de Trump sur Poutine contre l’Ukraine et la préparation d’une possible confrontation militaire entre les États-Unis et la Chine. La mainmise impérialiste sur les ressources naturelles est une constante du capitalisme. Mais elle s’intensifie aujourd’hui avec la raréfaction de ces dernières.

    Ni Trump, ni Poutine

    Dans ce contexte, nous devons partir des intérêts de notre camp : le salariat (celles et ceux qui n’ont que leur force de travail à vendre), en toute indépendance vis-à-vis de la classe dominante. À ce titre, les travailleurs russes, chinois ou américains ne sont pas nos ennemis. 

    En revanche, notre internationalisme n’est pas abstrait. Il défend l’autodétermination des peuples. Les Palestinien.nes et les Ukrainien.nes ont le droit à un État souverain. D’où la bataille pour que la France reconnaisse l’État de Palestine et pour adopte des sanctions contre Israël – le 7 octobre ne justifiant en rien les crimes de guerre commis à Gaza et en Cisjordanie. Notre internationalisme implique aussi l’aide militaire et humanitaire à l’Ukraine résistante.

    Non aux surenchères guerrières, oui à l’aide à l’Ukraine

    Nous sommes lucides : tous les discours guerriers et bellicistes de nombre de dirigeants européens – dont Macron – ne doivent pas cacher la réalité de l’aide insuffisante de l’Union européenne et de ses membres à l’Ukraine. Ce devrait pourtant être une priorité. 

    Rappelons que les budgets militaires  cumulés des États européens dépassent largement celui de la Russie. En 2023, les dépenses militaires de cette dernière s’élevaient à 109 milliards de dollars, tandis que les 27 pays de l’UE consacraient à la défense 312 milliards.

    Pour aider concrètement l’Ukraine, il conviendrait tout d’abord de réorienter à son profit les livraisons d’armes prévues à des États autoritaires. Il faudrait ensuite réquisitionner les avoirs des soutiens du régime de Poutine, mais aussi taxer les hypers-riches et grandes sociétés transnationales. Plus structurellement, une aide efficace impose de créer une ligne budgétaire garantie par la BCE et indépendante de la dette des États, et de nationaliser les industries de la défense afin d’éviter tout effet d’aubaine pour les marchands d’armes.

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