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La bataille pour le rassemblement à gauche

Écrit le 13 septembre 2018 par Éric Thouzeau

Je reproduis ici un article que j’ai écrit pour le numéro de septembre de la revue Démocratie&Socialisme

Le pouvoir macronien a perdu de sa superbe. Comment le sanctionner lors du prochain rendez-vous électoral, celui des européennes de mai 2019, sans enrayer la dispersion de la gauche et sans proposer une orientation de gauche pour une Europe qui rompe avec le cours libéral de l’Union ? Pour la Gauche démocratique et sociale (GDS), c’est tout l’enjeu des mois à venir.

Les prochaines élections européennes sont au cœur des préoccupations de tous les partis politiques. Pas de celles des citoyens, qui eux sont d’abord inquiets du fait des mesures d’austérité annoncées par le Premier ministre. Une fois de plus, l’abstention risque d’être massive à ce scrutin du 26 mai 2019. Et ce d’autant plus que l’hostilité vis-à-vis d’une Europe libérale, souvent synonyme de reculs sociaux, n’a fait que grandir, notamment depuis le non-respect du « Non » exprimé majoritairement lors du référendum sur le Traité constitutionnel européen de 2005.

Néo-libéralisme et extrême droite se nourrissent

L’extrême droite entend bien profiter d’une telle situation, comme c’est le cas dans un nombre grandissant de pays de l’Union européenne. En se proclamant l’opposant le plus déterminé aux Orbán et Salvini, Macron entend cacher que ce sont les politiques néo-libérales, dont celle menée par son gouvernement en France, qui sont directement responsables de la montée de cette extrême droite.

Alors que le rejet du président des riches s’accroît dans le pays, il serait paradoxal que du fait de l’abstention (potentiellement massive à gauche) et de la situation actuelle d’éclatement de la gauche, une liste macroniste aux européennes arrive en tête !

Mettre la gauche en tête

Comment faire comprendre aux différentes formations de la gauche, que l’essentiel n’est pas de savoir qui sera en tête de la gauche le 26 mai au soir, mais de mettre la gauche en tête. Jean-Luc Mélenchon appelle à faire de cette élection un référendum contre Macron. Pourquoi pas ? Mais cela sera impossible s’il y a multiplication des listes à gauche. Et l’unité, cela ne peut pas être tous derrière un seul homme (ou derrière un seul parti).

Le rassemblement, cela se construit dans le respect de chacun. Avec Jaurès, nous défendons une unité respectueuse « faite de la dignité antérieure de chacun de nous »1. Benoît Hamon saluait dernièrement le recul que Jean-Luc Mélenchon aurait fait sur l’idée de « la sortie de l’euro et de l’Europe ». Il s’agit là de premiers pas susceptibles de montrer la voie à l’ensemble de notre camp.

Engager une démarche unitaire

Qu’est-ce qui empêche donc que s’engage sans plus tarder une discussion entre toutes les forces de gauche pour arriver à un rassemblement en vue des européennes ? D’autant que le Parti communiste s’y déclare favorable. Quant à EELV, il y a fort à parier que la pression serait forte sur cette formation si se dessinait un regroupement à gauche, car les militants écologistes de gauche n’ignorent pas que si l’urgence est écologique, elle est aussi sociale, et que les deux questions ne peuvent et ne doivent pas être traitées séparément.

D’autres groupes sont aussi intéressés à une démarche unitaire : Ensemble!, République et Socialisme, Nouvelle Donne et, bien sûr, la Gauche démocratique et sociale (GDS).

Proposition d’une plateforme en 5 points

L’enjeu est clair : ou les élections européennes seront un nouvel épisode de la fragmentation de la gauche et Macron continuera à avoir les mains libres, ou bien cette prochaine échéance électorale verra un sursaut à gauche et l’unité pour mettre Macron en échec. Notre choix est clair : celui du rassemblement malgré les divergences bien réelles aujourd’hui à gauche. Mais pour peu qu’un bilan soit tiré du précédent quinquennat, les convergences existent. Chaque courant politique a son propre programme en ce qui concerne l’Europe. Mais l’important aujourd’hui est de définir des axes de campagne qui affirment des ruptures profondes avec la construction libérale de l’Europe.

C’est tout le sens des propositions de la Gauche démocratique et sociale (GDS) pour une plateforme en cinq points : contre le pouvoir des marchés financiers, le social au cœur, l’urgence écologique, la démocratie, une Europe ouverte et pour la paix2. Sur ces cinq points, l’unité à gauche peut se faire, et la GDS est prêt à travailler à tout regroupement qui irait en ce sens. L’offensive néo-libérale de Macron en France, l’émergence d’une union des droites et de l’extrême droite en Europe nécessitent une réponse de gauche à la hauteur des dangers de la période.

Eric Thouzeau

  1. Discours de Jaurès au Congrès de Toulouse en 1908.
  2. Pour consulter l’intégralité de la plateforme, http://www.gds-ds.org/europeennes-pour-une-plateforme-commune-de-la-gauche-en-5-points

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