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Les croisades du sénateur-président

Écrit le 7 février 2016 par Éric Thouzeau

Croisés (Larousse 1922)

Croisés (Larousse 1922)

Commençons par une devinette. Sur la une de quel site internet peut-on lire  « Ségolène Royal bafoue l’autorité de l’État » ? Et sur ce même site, un autre article en une : « Le gouvernement prend-il la mesure de la crise agricole ? ». Sur le  site d’un parti politique, Les Républicains par exemple ? Non, vous n’y  êtes pas !

Aussi étonnant que cela puisse paraître c’est sur le site d’une collectivité, celui du Conseil régional des Pays de la Loire, que l’on trouve ce type d’articles. Il est vrai que le sénateur-président a en ligne de mire les élections présidentielles de 2017. La Région n’est donc qu’un tremplin pour déployer la campagne nationale de la droite.

« Une région efficace, ce n’est pas une région qui dépense à tour de bras » déclarait le président des sénateurs UMP lors de sa campagne régionale. Cela commence bien : 60 000 euros pour une campagne publicitaire dans la presse régionale. La « pub de trop » selon les organisations syndicales de journalistes pour « exiger l’évacuation de la ZAD » en appui à une pétition lancée par Bruno Retailleau lui-même sur le site du Conseil régional. Que le sénateur-président s’exprime sur ce sujet, et il l’a fait lors des deux sessions du Conseil régional, quoi de plus normal. Qu’il fasse voter un vœu à la dernière session, pourquoi pas ? Mais qu’il transforme le Conseil régional en « machine »  militante, c’est beaucoup plus contestable. Et qui plus est, avec l’argent public et donc aux frais des contribuables.

Ouf ! Si, d’un côté, le sénateur-président a dépensé 60 000 euros en publicité, de l’autre, il va économiser 20 000 euros, montant jusqu’à présent de la subvention régionale au Hellfest. « Qu’ils gardent leur subvention » vient de déclarer le directeur de ce festival. Là aussi, la méthode employée par  Bruno Retailleau est choquante. Dans les collectivités que la gauche anime,  il y a un principe : ce n’est pas aux élus d’intervenir dans la programmation des spectacles que l’on peut financer. Demander par communiqué de presse la déprogrammation d’un groupe sans aucun contact préalable (si l’on en croit le directeur du Hellfest) n’avait pas pour but d’engager un dialogue avec les organisateurs du festival mais bien de faire un coup médiatique. Un de plus pour donner des gages à l’électorat traditionnel de la droite.

Le sénateur-président est donc parti en croisade. Si au Moyen-Age, il s’agissait d’expéditions militaires menées par les chrétiens d’Occident pour « délivrer » Jérusalem, il s’agit maintenant de « délivrer » la France du mal incarné par la gauche. Voilà un mandat régional bien mal parti !


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