Je reproduis ici une déclaration commune des élus municipaux nantais de gauche à propos de la situation sociale, et dénonçant la politique du gouvernement vis-à-vis des collectivités locales. Les élus de la Gauche démocratique et sociale (GDS) en sont signataires.
Le communiqué des élus nantais socialistes, écologistes, communistes, radicaux de gauche, UDB, MRC, GénérationS, GDS et société civile :
« Depuis plus d’un mois, des milliers de Française et Français manifestent leur colère face à la politique du gouvernement. « Les gilets jaunes », portent la parole ce ceux qui n’en peuvent plus des fins de mois impossibles, n’en peuvent plus de mal vivre de leur travail.
La réussite des marches pour le climat montre que les français.e.s ne sont pas dupes : l’urgence climatique et la transition écologique sont trop importantes pour être utilisées comme prétexte à une fiscalité injuste, en faveur des plus aisés. Pour eux c’est la suppression de l’ISF, c’est le plafonnement à 30 % de l’imposition des revenus du capital, la réduction de l’impôt sur les sociétés, la fin de la taxe sur les dividendes, allègement de la taxe sur les transactions financières, la baisse de l’impôt sur les sociétés pour un coût de 12 milliards d’euros l’an passé. Les allègements de cotisations sociales, qui représentaient 48 milliards d’euros en 2018, vont s’élever à plus de 60 milliards, sans aucune contrepartie en terme d’emploi.
L’intervention du Président de la République lundi soir a confirmé cette logique : ce qu’il donne d’une main il le reprend de l’autre via les exonérations de cotisations sociales qui sont autant de manques à gagner pour notre sécurité sociale. Après des semaines de mobilisation, il a lâché, dans la confusion d’abord, la taxe carbone puis distribué quelques augmentations parcimonieuses en faveur du pouvoir d’achat. Si certaines d’entre-elles vont dans le bon sens, nous déplorons en revanche que leur financement ne soit pas synonyme de plus de justice sociale : pas de rétablissement de l’ISF, pas de taxation des grands groupes. La justice sociale et fiscale est portant au cœur des préoccupations des Français.e.s. Pas de mesures pour une vraie transition énergétique décarbonnée, non plus, nous avons besoin sans délai d’un plan d’investissement massif sur la rénovation énergétique et thermique dans les logements. Dans une société fragmentée, dans une crise comme celle que nous traversons, l’État a la responsabilité de rassembler les Français, de garantir la cohésion sociale et l’égalité républicaine. Il doit s’appuyer en cela sur le ciment que constitue un service public solide, au niveau national comme dans les territoires.
Dans ce contexte, Emmanuel Macron en appelle aux Maires. Il doit aller plus loin et se préoccuper aussi des marges de manœuvre et des moyens des collectivités locales. Il doit leur garantir les conditions nécessaires au bon fonctionnement et au développement des services et des équipements publics, au déploiement des politiques publiques vers le monde associatif, à l’engagement des investissements indispensables pour répondre aux besoins des habitant.e.s. et en particulier des plus fragiles d’entre eux. Ce n’est pas en imposant des contraintes budgétaires, en supprimant des recettes dynamiques aux collectivités pour atteindre l’objectif de réduction des dépenses publiques, voulues par le gouvernement, que nous parviendrons à répondre aux besoins, à sortir de la crise.
Ce n’est pas en faisant porter aux communes le poids de dépenses de fonctionnement qui incombe à l’État, à l’exemple de la politique migratoire, que les collectivités pourront assumer les politiques publiques pour lesquelles elles ont été élues.
Nantes le 12 décembre 2018