A l’initiative de l’association des amis du musée de la Résistance de Châteaubriant, une représentation théâtrale a eu lieu dans l’hémicycle de la Région dans le cadre de l’exposition « La libération des camps nazis ». Je reproduis ci-dessous l’intervention d’accueil que j’ai prononcée au nom du Conseil régional.
Ma collègue Véronique Mahé et moi-même, nous souhaitons la bienvenue au Conseil régional à tous les amis du Musée de la Résistance de Châteaubriant, aux amis de la Fondation pour la mémoire de la Déportation, à ceux de l’Association des déportés, internés, résistants et patriotes, ainsi qu’à ceux de l’Association Buchenwald-Dora pour cette représentation théâtrale intitulée « De tant d’horreurs mon cœur devint immense », jouée par la Compagnie le saut de l’ange.
Je salue, et la remercie de sa présence, Madame Gisèle Giraudeau-Fraud, déportée dont le témoignage écrit a permis la création de cette pièce qui va être représentée aujourd’hui. Je salue également la présence de Jean-Claude Baron, fils de Madame Marcelle Baron, déportée, malheureusement décédée récemment, et sœur de déportation de Madame Giraudeau-Fraud à Ravensbrück. Son aide a également été précieuse pour la réalisation de la pièce.
Et bien sûr, merci à Isabelle Lauriou auteure et metteur en scène de « De tant d’horreurs mon cœur devint immense ». Ce spectacle met donc en avant Gisèle Giraudeau et son parcours, ainsi que l’amitié tissée avec Marcelle Baron, figure importante de la résistance nantaise. La pièce revient sur leur enfance, leur jeunesse, ce qui les as mené à entrer en Résistance. Puis l’arrestation, l’emprisonnement, leur déportation, et la vie aux camps de Ravensbrück, puis de Zwodau quelques semaines plus tard. Et enfin, la Libération.
Pourquoi, près de 70 ans après la libération des camps nazis en 1945, continuer à en parler, à commémorer ? Pour rendre hommage bien sûr. Pour se souvenir de toutes celles et de tous ceux qui ont subi les exactions nazies. Que ce soit parce qu’ils étaient juifs, tsiganes, homosexuels ou résistants, militants politiques, syndicaux ou simples citoyens. Il était « minuit dans le siècle ». Les idéaux humanistes et de progrès social régressaient dans la conscience collective. Ceux qui, malgré tout, ont résisté, l’ont fait au péril de leur vie. Peu nombreux au début, ils ont fini par gagner, au prix du sacrifice de nombre d’entre eux.
Mais le devoir de mémoire est aussi un devoir de vigilance. Comme le disait le dramaturge Bertold Brecht, « le ventre est encore fécond, d’où a surgi la bête immonde ». Oh bien sûr, l’histoire ne se répète jamais à l’identique, mais dans toutes les périodes prolongées de crise économique, et quand les forces de progrès peinent à répondre aux aspirations des citoyens, une partie de ceux-ci se tourne vers le nationalisme. Un nationalisme qui oppose les peuples des différentes nations les uns aux autres, et qui pratique la politique du bouc-émissaire : hier le juif, aujourd’hui plus souvent le musulman. Plus que jamais nous devons nous souvenir des raisons sociales, politiques et économiques, qui ont permis la montée des fascismes en Europe dans les années 30.
Il est donc logique que le Conseil régional participe à ce travail de mémoire, de vigilance, d’éducation en direction des nouvelles générations.
RT @ericthouzeau: L’horreur nazie : se souvenir, une exigence toujours actuelle http://t.co/DywEh7Pe89
[…] Intervention de Eric Thouzeau sur son blog. – Intervention de Véronique Mahé sur cette page, dans les documents joints. – […]