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Dérèglement climatique, course au profit et finance

Écrit le 8 octobre 2018 par Éric Thouzeau

J’ai écrit cet article il y a une dizaine de jours (avant le  nouveau rapport du Giec) pour lq rubrique « écologie » du  numéro d’octobre de  Démocratie&Socialisme (la revue de la Gauche démocratique et sociale). Le GIEC confirme à nouveau la nécessité de modifications rapides et radicales dans les modes de production avant 2030.

Avec l’augmentation des événements météorologiques extrêmes, la réalité du changement climatique s’impose dans une large partie de l’opinion. La nécessité de s’attaquer à ses causes implique de changer un modèle économique basé sur la cause au profit.

Météo et climat sont deux notions distinctes. Un évènement météorologique est localisé, il se produit dans l’heure, la journée ou la semaine. Il est question de climat lorsque l’on parle d’une série d’évènements météorologiques sur une longue période, au moins 30 ans selon les climatologues, ce  qui permet d’établir une moyenne significative. La science du climat rend compte des conditions moyennes de l’atmosphère, sur une longue échelle de temps et sur une vaste zone géographique (1).

Les signes incontestables du dérèglement climatique

Il est difficile d’établir avec certitude que la canicule qu’a connue l’Europe cet été et la sécheresse qui s’ensuit sont à coup sûr dues au changement climatique. Ce qui est certain, c’est  que cet évènement météorologique est cohérent avec les projections des climatologues qui étudient le réchauffement global de la Terre, et que nous connaissons bien une multiplication des phénomènes météorologiques extrêmes comme cette canicule.

De la même façon, les villes européennes sont devenues sensiblement plus chaudes qu’elles ne l’étaient au siècle dernier. Dans de très nombreuses villes, la température moyenne annuelle au 21ème siècle (du 1er janvier 2000 au 31 décembre 2017) dépasse de plus de un degré la moyenne annuelle du 20ème siècle (au Sud de l’Europe, cela peut aller jusqu’à 1,6 °C pour Grenade par exemple) (2). Difficile de le nier : le réchauffement est déjà là. Il est d’origine anthropique (du grec anthropos : l’Homme) comme disent les scientifiques, pour faire la différence avec des changements dus à des modifications de l’activité du soleil par exemple.

La course au profit cause du dérèglement climatique

La question du climat occupe, à juste titre, une place de plus en plus importante dans le débat politique. Les médias parlent souvent des conséquences de l’augmentation des gaz à effet de serre dans l’atmosphère. Ils abordent beaucoup moins ses causes. Et quant ils le font, c’est pour indiquer que les dérèglements dont dus  aux «activités humaines», comme si toutes les activités polluaient de façon équivalente. En quelque sorte, ce serait par une modification de nos comportements individuels que l’on pourrait sauver la planète. Malheureusement ce n’est pas cela qui permettra de dé-carboner nos sociétés. Il ne faudrait pas passer sous silence «  les causes collectives et structurelles de la pollution: l’aménagement des villes et des transports, l’organisation du travail, le fonctionnement de l’agriculture, le commerce international, l’extension infinie du marché » (3). Comment faire face au changement climatique sans changer de modèle économique ? Si l’on ne comprend pas que le changement climatique est  provoqué par la course au profit (4), il y  a fort à parier que toutes les belles résolutions des conférences internationales seront inutiles.

Un patronat qui freine des quatre fers

L’attitude du patronat européen est à ce sujet éclairante. Officiellement, il soutient la lutte contre le réchauffement climatique. Pourtant dans une note interne, Business Europe, qui fédère les associations patronales de 34 pays européens, explique réserver un accueil plutôt positif à la politique climatique européenne « tant qu’on parle d’une déclaration politique sans implications » précises sur les engagements existants dans le cadre de l’accord de Paris pour le climat. Il conseille de « s’opposer à une nouvelle hausse des ambitions » (4). Le patronat peut compter, soyons en surs, sur le soutien politique d’Emmanuel Macron. Brune Poirson, secrétaire d’Etat chargé de l’écologie, est ainsi allée tenir une conférence à l’université de Columbia « afin de présenter les propositions de Macron pour mettre la finance au service de la transition écologique » (6) ! Vaste mais sinistre plaisanterie, car course au profit et transition écologique ne sont pas compatibles.

 

 


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